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Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
26 octobre 2021 2 26 /10 /octobre /2021 15:33
1910. De son action comme élu à la Chambre des représentants de Prusse à ses interventions aux Congrès de Copenhague et de Magdebourg.

L'année 1910 est marquée pour Karl Liebknecht par ses interventions nombreuses au Parlement de Prusse où il a été élu alors qu'il effectuait encore une peine de 18 mois de prison suite à la publication de son écrit "Militarisme et antimilitarisme". Et le Congrès du parti social-démocrate de Magdebourg.

Ses interventions concernent essentiellement, les budgets,  la justice de classe, la police et le militarisme, l'endoctrinement de la jeunesse, la culture, les droits économiques des plus faibles, le système électoral, tous thèmes qui parcourent toute son action.

 

07.02.1910. Contre la justice de classe prussienne (Discours à la Chambre des représentants de Prusse à propos du budget de la justice).

12.02.1910. En avant ! Éditorial du Märkische Volksstimme.             

21.02.1910. Contre l’utilisation par les employeurs de l'attestation de travail (Discours à la Chambre des représentants de Prusse)                         

23.02.1910. Police et armée – Dernières armes de la politique intérieure prussienne (Discours à la Chambre des représentants de Prusse à propos du budget du ministère de l’Intérieur)

23.02.1910. La réaction prussienne et la volonté du peuple (Compte rendu d’un discours à Nowawes)                         

Nowawes

Nowawes

26 et 28.02.1910. L’action de la police en Prusse (Discours à la Chambre des représentants de Prusse à propos du budget du ministère de l’Intérieur)                                                                                 

14 et 16.03.1910. Le combat contre le système électoral à trois classes (Discours à la Chambre des représentants de Prusse à propos de la deuxième et troisième lecture du projet de loi sur le système électoral)    

Les 21, 22, 23 avril 1910. Contre l’éducation militaire et monarchiste de la jeunesse (Discours à la Chambre des représentants de Prusse à propos du budget de la culture)                                                      

25.04.1910. Pour la liberté de la science (Discours à la Chambre des représentants de Prusse à propos du budget de la culture)                

28.04.1910. Art et science pour le peuple (Discours à la Chambre des représentants de Prusse à propos du budget de la culture)              

05.05.1910. Contre l'arbitraire policier en Prusse (Discours à la Chambre des représentants de Prusse sur le budget du Ministère de l’Intérieur)     

20.05.1910 – 10.08.1910 - 24.08.1910. Le dimanche sanglant de Halle (Comptes rendus des procès contre des manifestants pour le droit électoral à Halle)                                                                

24.05.1910. La loi sur la presse – une loi contre-révolutionnaire (Discours à la Chambre des représentants de Prusse justifiant la requête social-démocrate )                                                                   

24.05 et 02.06.1910. Pour la suppression du paragraphe sur le vagabondage (Concernant  la motion du parti social-démocrate)                                                                                                            

02 .06.1910. Mêmes frères – mêmes habits (Requête personnelle contre la tolérance de la présence d’agents  et policiers tsaristes en Allemagne)        

04.06.1910. Pour une prison sur des bases sociales – contre la concurrence du  travail pénitentiaire (Discours à la Chambre des représentants de Prusse à propos d’une requête du Parti conservateur)  

06.06.1910. Pour une liberté d'action politique des fonctionnaires prussiens (Discours à la Chambre des représentants de Prusse à propos d’une requête du Fortschriftliche Volkspartei concernant la nouvelle réglementation légale du droit des fonctionnaires)  

06.06.1910.  Contre l'arbitraire de l’administration prussienne (Discours en relation avec la requête social-démocrate)   

13.06.1910. Pour la liberté politique des étudiants  (A propos d'une requête du Fortschriftliche Volkspartei)

14.06.1910. L'ordonnance qui réglemente le travail des domestiques et ouvriers agricoles doit être abrogée (Discours à la Chambre des représentants de Prusse à propos de plusieurs pétitions concernant les lois sur le travail domestique)                                                            

https://st.museum-digital.de/index.php?t=objekt&oges=38139

https://st.museum-digital.de/index.php?t=objekt&oges=38139

15.06.1910. Contre l'application de la loi sur les associations du Reich en Prusse (Discours à la Chambre des représentants de Prusse, sur une motion social-démocrate pour l'abrogation du paragraphe sur les langues et la facilitation du droit de réunion)                                                                                               

 

29.06.1910. La jurisprudence prussienne et les restaurateurs (Compte rendu du discours prononcé lors de la 5eme journée de l’Association des restaurateurs et débitants de boissons indépendants à Berlin)                          

14.08.1910. Avant le Congrès de Magdebourg (Discours électoral de la circonscription Postdam-Spandau-Osthavelland)                                               

4/5.09.1910. Deuxième conférence internationale des organisations de jeunesse, Copenhague           

            . Le militarisme

                        . Extrait d’un article sur le déroulement

                        . Thèses

Du 18 au 24 septembre 1910. Congrès de Magdebourg

           .  Pour l’unité et la cohésion du parti

            . Contre la réaction tsariste et borussienne

23.09.1910 Combat pour le système électoral et la grève de masse                                                   

14.10.1910 et 02.12.1910. Karl Liebknecht aux USA                                                               

1910. De son action comme élu à la Chambre des représentants de Prusse à ses interventions aux Congrès de Copenhague et de Magdebourg.

15.12.1910. Quelques remarques sur le voyage aux Etats-Unis                  

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15 janvier 2018 1 15 /01 /janvier /2018 04:53
Rosa Luxemburg 15 janvier 1918. Il ne lui reste plus qu'une année à vivre ... En ce 15 janvier 2018, le récit d'un de ses innombrables combats, début 1910.
"Trouvez-moi un Etat qui peut abattre 175 000 ouvriers, malheur à celui qui y réussirait, il aurait assassiné les abeilles qui nourrissent les reines."

Je travaille en ce moment sur une courte période, début 1910. La parution d'un tome 7 des Gesammelte Werke en Allemagne donne en effet accès à de nouveaux documents : les articles de presse relatant les meetings tenus dans toute l'Allemagne par Rosa Luxemburg.

A la recherche du fil rouge de sa pensée et son action contre le colonialisme, le militarisme, l'impérialisme dans le quotidien de ses luttes et travaux tout au long de sa vie, je découvre émerveillée comment continue à se structurer à ce moment sa pensée sur la grève de masse et sa conscience de l'importance de la transmission de cette pensée auprès des masses.

En construisant un tableau synoptique de la correspondance et des textes, on peut en effet suivre comme dans un livre ouvert, la naissance et le développement de sa pensée et de son action. Cela m'est arrivé à de multiples reprises dans l'étude simultanée des lettres et des textes, comme lors de la guerre de Chine par exemple où sa pensée anticolonialiste surgit dans toute sa force dans les lettres, les textes et les interventions au Congrès de l'Internationale.

 

Nous sommes donc début 1910, Rosa Luxemburg se jette à corps perdu dans la bataille sur la réforme de la loi électorale. On pourrait penser que cela devrait être secondaire pour elle. En fait, rien n'est jamais secondaire, car cela s'inscrit dans sa lutte contre le réformisme et pour l'action révolutionnaire, cette lutte qui verra son assassinat par ceux-là même qu'elle a toujours combattus : les tenants du courant réformiste.

 

Tout part d'un article que refuse le Vorwärts, puis la Neue Zeit car il parle d'un sujet devenu tabou, la grève de masse. Kautsky, et même Bebel intriguent pour que l'article ne paraisse pas. Alors Rosa Luxemburg donne son article à la presse de province qui le publie. Il est aussitôt pris et repris.

Le parti pour canaliser les masses, organise des petites réunions électorales, avec mot d'ordre  de ne pas manifester après. Apprenant la défection d'un orateur, Rosa Luxemburg se glisse dans la campagne, fait un tabac et perçoit tout de suite l'importance de cette tribune. Elle décide de terminer aussi vite que possible ses cours à l'Ecole du parti.

Et suivront 12 meetings regroupant à chaque fois plusieurs centaines voire plus de 1500 personnes qui se pressent pour l'écouter. C'est cela que nous apprennent les comptes rendus dans la presse repris dans le tome 7.

 

Ses interventions sont très structurées, elle indique dans l'une de ses lettres le soin qu'elle met à rédiger la trame de ce discours.

 

Il commence par la référence historique à 1848 et la trahison de la bourgeoisie qui a préféré s'allier aux pouvoir plutôt que de tenter sa chance historique en instaurant la république. En s'appuyant sur Marx, elle montre la logique de classe de cette attitude.

 

Puis elle s'appuie sur des références à l'histoire récente. L'exemple de la petite Belgique célèbre paradis des capitalistes, où l'on disait les travailleurs abrutis par le schnaps et les curés dit-elle et qui se soulève en 1886, puis en 1891 et 1893 pour le suffrage universel. Elle a cette belle image : Trouvez-moi un Etat qui peut abattre 175 000 ouvriers, malheur à celui qui y réussirait, il aurait assassiné les abeilles qui nourrissent les reines.

Le deuxième exemple est bien entendu la Russie qui semblait une exception, "la sainte Russie qui dormait dans les bras du petit père" dit-elle. 1ère grève de masse le 22 janvier 1905, puis la révolution et son échec. L'échec de la révolution, Rosa Luxemburg en parle ainsi : on dit que les combats n'auraient servi à rien, qu'en Russie le gibet fait son sanglant travail, mais cela même montre bien que le temps de l'absolutisme est passé.

Et l'on peut imaginer l'émotion que devait faire passer Rosa Luxemburg, elle qui avait tout abandonné pour rejoindre cette révolution et qui avait été emprisonnée, elle dont nombre de camarades avait perdu la vie, dont son mentor quand elle était adolescente, Kasprasz. Jamais dit-elle les fruits d'une révolution n'ont été perdus, quelle que soit la répression sanglante.

Et Rosa Luxemburg de conclure, les classes dirigeantes doivent savoir qu'un jour viendra aussi en Prusse et dans l'Empire où elles seront réduites en poussière par les travailleurs en grève.

 

Rosa Luxemburg a imposé dans cette campagne le thème de la grève de masse. C'est son appel plus tard à la grève en cas de guerre qui lui vaudra l'un de ses emprisonnements.

 

Et c'est cette volonté révolutionnaire que le courant réformiste qu'elle combat noiera dans le sang lors de la révolution spartakiste, assassinant un 15 janvier 1919 ceux qu'il craignait plus que tout, Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht, sans oublier deux mois après Leo Jogiches, compagnon de lutte de toujours de Rosa Luxemburg.

 

Dominique Villaeys-Poirré

Je dédie ce texte à Jean Salem qui vient de disparaître

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1 janvier 2018 1 01 /01 /janvier /2018 22:34
Clara Zetkin et Rosa Luxemburg en 1910

Clara Zetkin et Rosa Luxemburg en 1910

Ce très beau texte rédigé par Rosa Luxemburg pour le Congrès de l'Internationale de Copenhague en 1910 et présenté par Clara Zetkin a été adopté avec peu de modifications et sous les applaudissements nourris de l'assemblée. Un autre texte de Rosa Luxemburg "Devoir d'honneur", rédigé en 1918, est plus largement connu. Celui-ci vient d'être publié dans le Tome 7/2 des Gesammelte Werke chez Dietz Verlag. (P 637 - 638). Traduction Dominique Villaeys-Poirré pour le blog. En souhaitant qu'il soit aussi largement diffusé.

A l’aube des temps nouveaux, l’Aufklärung a condamné la peine de mort comme héritage barbare du plus obscur Moyen Age. Pour la bourgeoisie révolutionnaire de l’époque, les idéaux de progrès et d’humanité n’étaient pas des mots vides de sens, aussi ses représentants les meilleurs dans les différents pays proclamèrent-ils le combat contre la honte pour la civilisation que représente ce meurtre d’un être humain, commis de sang froid, systématique,  et revêtu des habits de justice.

 

Depuis, une évolution fondamentale a eu lieu sur ce point. L’affrontement toujours plus fort et toujours plus exacerbé entre la bourgeoisie et le prolétariat moderne, qui, de plus en plus, s’est imposé comme l’axe de la vie publique dans tous les Etats, a conduit à l’abandon par la bourgeoisie sur le déclin, du combat pour l’abolition de la peine de mort, en plus de ses autres buts démocratiques et de liberté. En effet, les classes dirigeantes recourent de plus en plus elles-mêmes à cette arme infamante de la peine de mort, autant pour en finir avec ce que produit le pourrissement de leur société capitaliste que pour réduire par la force le prolétariat en lutte.

 

En Allemagne et dans quelques autres pays dits civilisés tout un cortège de coryphées de la science et de la culture, brillants représentants de l’intelligentsia bourgeoise se sont déclarés il y a peu pour la nécessité de la peine de mort. D’éminents représentants de la justice pénale moderne n’ont accepté que très récemment des modifications substantielles du droit d’asile, ce qui, dans de nombreux cas, quand il s’agit notamment de réfugiés venant de l’empire tsariste, reviendrait a une réintroduction de fait de la peine de mort, même dans les pays comme la Hollande, où celle-ci a été abolie depuis des dizaines d’années.

 

Dans la France républicaine, un projet de loi a été refusé ces  dernières années, qui demandait l’abandon de la peine de mort.

 

Aux Etats-Unis d’Amérique du nord, la peine de mort est utilisée comme arme contre le prolétariat luttant au sein des syndicats. Ces victimes, à jamais dans notre mémoire, du meurtre légal de Chicago, tombés dans le combat pour la journée de huit heures auraient été suivis récemment par des mineurs, avant-garde de ces mineurs organisés luttant pour leur existence.

 

En Espagne, un régime réactionnaire moribond utilise le meurtre légal comme arme et moyen pour se venger, contre les aspirations à la liberté du prolétariat.

 

En Russie, enfin,  pays où la peine de mort était depuis longtemps abolie pour les crimes de droit commun, le bourreau travaille sans relâche depuis le grand soulèvement révolutionnaire du peuple ouvrier, de fait depuis la victoire de la contre-révolution. Des milliers et des milliers de personnes y sont pendues après une sinistre comédie devant des tribunaux militaires. Un flot de sang se déverse sur tout l’empire russe. Et tout cela se passe sous les yeux de l’ensemble du monde civilisé, sans que les représentants de l’intelligentsia bourgeoise des cultures européennes occidentales osent opposer une résistance énergique, et même avec le soutien moral et financier de ce régime criminel par la bourgeoisie d’Europe. Beaucoup des intellectuels bourgeois qui se sont élevés avec la plus grande force contre le meurtre légal de Ferrer, regardent d’un œil tranquille le massacre perpétré par l’absolutisme russe corrompu, qui cherche à étouffer le soulèvement révolutionnaire du prolétariat.

 

Aujourd’hui le prolétariat socialiste est donc le porteur le plus important et le plus fiable du combat contre la barbarie de la peine de mort. Seules « les idées des lumières » propagées par les partis socialistes, seule l’élévation culturelle des larges masses travailleuses par l’action politique et syndicale, seul le pouvoir croissant du prolétariat organisé de tous les pays peut opposer un barrage solide contre l’infamie sociale de la peine de mort. 

 

Les représentants du prolétariat de tous les pays, organisé politiquement et syndicalement, réunis à Copenhague, clouent au pilori tous les partisans actifs ou passifs du meurtre légal sanglant  sous toutes ses formes, ils appellent tous les représentants au parlement de la classe ouvrière dans tous les pays à exiger l’abolition de la peine de mort.

 

Leur action aux Parlements, comme tous les événements politiques en relevant, doivent  être utilisés comme prétexte d’une campagne forte dans les meetings et dans la presse ouvrière, pour l’abolition de la peine de mort.

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 18:53
Ferrer emmené au tribunal

Ferrer emmené au tribunal

Rosa Luxemburg et Longuet ont proposé la résolution suivante :

 

 

Face aux événements tragiques qui se sont déroulés en Espagne et tout particulièrement en Catalogne l’année passée, le Congrès de l’Internationale socialiste de Copenhague exprime sa sympathie la plus chaleureuse aux camarades du parti socialiste espagnol, de même qu’aux camarades de Catalogne et à tous les travailleurs organisés en Espagne qui conformément aux décisions de l’Internationale ont tenté de de s’opposer à l’aventure coloniale au Maroc par l’action de masse du prolétariat.

 

 

 

Manifestation durant la semaine tragique

Manifestation durant la semaine tragique

Le Congrès de l’Internationale socialiste condamne la répression barbare dont ont été victimes nos camarades de Barcelone et des autres villes, tout particulièrement le meurtre légal de Ferrer et salue l’élection du camarade Iglésias, premier représentant de la classe ouvrière élu au parlement de la capitale de la monarchie, comme signe décisif de l’éveil du prolétariat espagnol.

 

Cette résolution a été adoptée à l'unanimité sous les applaudissements nourris.

1910, Congrès de Copenhague. Résolution proposée par Rosa Luxemburg et Longuet après la semaine tragique en Espagne et l'exécution de Ferrer.

Gesammelte Werke - Tome 7/2 - P 640 / Traduction Dominique Villaeys-Poirré 29 décembre 2017

Note : Le 26 juillet 1909, une grève générale avait été appelée à Barcelone  en opposition à la mobilisation de réservistes dans le cadre de la politique coloniale contre le Maroc. Elle se transforma en un soulèvement armé. Des centaines de travailleurs furent arrêtés durant la "semaine tragique" du 26  au 31 juillet 1909 et plusieurs exécutions eurent lieu dont celle de Ferrer.

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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 10:31
Avis du préfet de police de Berlin. Le texte est d'une brutalité sans fard et montre le courage qu'il fallait au prolétariat et à Rosa Luxemburg pour tout simplement manifester!

A partir de la note du tome 7 des Gesammelte Werkerke Dietz Verlag (P 584) :

 

Traugott von Jagow était Préfet de police de Berlin. Il a fait promulguer le 13 février 1910 l'avertissement ci-dessus, placardé dans tout Berlin, pour réprimer le mouvement qui se développait contre la nouvelle loi électorale.

 

"La loi est proclamée dans les rues".

La rue ne sert qu'à la circulation.

Les armes seront employées en cas de résistance contre le pouvoir d'Etat.

J'avertis les curieux.

Rosa Luxemburg ironise à ce propos au début de son discours lors d'un meeting tenu à Brème le 6 avril 1910 :

 

"Je vous remercie tout d'abord pour vos mots de bienvenue amicaux, bien que tout à fait immérités. Et j'aimerais ajouter que je souhaiterais, avant de commencer mon exposé, vous faire un aveu. Lorsque j'ai emprunté le chemin de la gare vers la ville, mon regard est tombé par hasard sur une colonne, où j'ai vu placardé un papier jaune, et je me suis sentie tout comme chez moi, dans mon cher Berlin (rires). Car ce qui était écrit sur cette haute colonne était la belle prose révolutionnaire du Préfet de police de Berlin von Jagow, traduit simplement dans la langue allemande républicaine de Brème. (rires) ...

 

Cela ne doit pas faire oublier l'extrême violence de la société de l'époque. Le texte est d'une brutalité sans fard et montre le courage qu'il fallait au prolétariat de l'époque pour tout simplement manifester!

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28 décembre 2017 4 28 /12 /décembre /2017 12:07
1910, campagne contre la réforme de la loi électorale. Résumé de l'article sur le premier meeting d'une tournée de 12 dates.

Les enseignements du combat contre la loi électorale

 

Réunion  de Breslau le 5 avril 1910 - Volkswacht, N° 80, le 7 avril 1910 - Gesammelte Werke, Tome 7 - 2017, P 578 - 583. Plus de mille personnes étaient présentes.

Résumé - Dominique Villaeys-Poirré

 

Le premier article de cette série est très précis et renseigne clairement sur le contenu des discours prononcés par Rosa Luxemburg lors de cette campagne :

 

Elle commence par un point historique et présente tout d’abord les combats parlementaires qui ont accompagné la réforme du droit de vote en Prusse, les positions des différents partis, en s’attardant sur le Zentrum dont Herold était le leader et qui demandait le même droit électoral pour les Etats que pour l’Empire, puis qui trahit cette position. Elle conclut que, quel que soit le résultat, « Il n’y a rien de bon à attendre pour le prolétariat »

 

Elle analyse les raisons de l’obtention en 1848 d’un droit électoral progressiste. Le prolétariat n’étant pas assez fort, pas suffisamment conscient, n’ayant pas de programme, le pouvoir est passé dans les mains de la bourgeoisie, incapable cependant d’armer le peuple pour vaincre le pouvoir des junkers et imposer ainsi l’unité de l’Allemagne

 

Si autrefois les petits potentats avaient été chassés, l’unité allemande n’aurait pas été octroyée, cadeau de Bismarck, gagné sur les champs de bataille sanglants de France. On n’aurait pas ce terrible militarisme, le cléricalisme et le régime policier brutal que nous connaissons de la nouvelle ère allemande.

 

La monarchie s’est développée, en faisant de la classe ouvrière en plein développement son ennemi personnel et avec l’aide de la bourgeoisie. Marx avait appelé la bourgeoisie à une opposition radicale, mais il avait vu aussi que, pour la bourgeoisie, l’ennemi était le prolétariat, ce qu’il décrit au travers des luttes de classes en France

 

Depuis la bourgeoisie n’a fait que trahir, renforcer la réaction là où elle aurait pu l’affaiblir en luttant contre la soumission au pouvoir, contre le militarisme utilisé pour vaincre "la canaille".

 

Les choses ont une logique que n’ont pas les hommes. Celui qui a idolâtré le militarisme, devait en subir les conséquences, et aider au vote de ce maudit système fiscal actuel.

 

L’union des trois groupes libéraux montre bien le glissement du « marais » vers la droite. C’est la période du « bloc ». Pour participer à ce « bloc », la bourgeoisie libérale a abdiqué toute fierté.

 

Elle a cautionné la politique mondiale et la répression policière sans scrupule de la social-démocratie, ce qui constituait le motto de ce que l’on a appelé les « élections Hottentots »

 

Il n’y a pas comme on le dit deux camps, les libéraux et la social-démocratie contre les conservateurs. Et il faut se demander en face de quelle sorte de libéraux l’on se trouve. Il faut estimer nos forces et celles de nos adversaires et bien comprendre que nous sommes réduits à nos propres forces. Pas seulement en Prusse mais dans l’ensemble du Reich. Les Junkers attendent  le moment pour lancer leur offensive.

 

Devons- nous regretter d’être seuls : Non et mille fois non, car nous sommes des millions et nous sommes un immense pouvoir surtout si nous prenons conscience de notre force. Les Jagow oublient que nous sommes l’épée qui brisera  nos liens.

 

Imaginez si seulement la moitié des rouages, même le quart s’arrêtait de tourner ! L’Etat peut subsister sans les junkers, sans les prêtres, mais pas sans nous, pas sans le travail et les travailleurs

 

Pour cela, elle indique que l’on peut apprendre de l’exemple de la Belgique et de la révolte des prolétaires qu’on pensait abrutis par les prêtres et l’alcool et qui se sont mis en grève jusqu’à l’obtention du droit de vote, ce qui constitue la première grève de masse, combattue par l'armée belge qui ne  pouvant être engagée à l’extérieur, a livré des batailles sanglantes contre l’ennemi intérieur

 

Et de celui de la Russie avec l’obtention le 30 octobre du manifeste constitutionnel.

 

Certains disent que la révolution de 1905 a échoué, ils se trompent les exécutions, les exactions du pouvoir montrent que le peuple s’est réveillé, que la révolution n’est pas morte.

 

En Allemagne, il n’y a pas eu de grève de masse même  si le combat pour le droit de vote sort du parlement du fait de l’instinct de classe même chez les plus réactionnaires et elle cite les combats des travailleurs chrétiens, les mineurs solidaires des paysans.

 

Et l’ultime moyen pour les militaires est de fournir en munitions l’artillerie, le bain de sang. Mais les ouvriers savent combien leur vie a peu de valeur : il y a eu 350 000 accidents de travail, 900 morts dans l’industrie.

 

Et si le bruit du canon devrait tonner dans Berlin, pas de doute que l’écho s’étendrait dans tout l’empire. Et se rapeller que les lois socialistes ont été sans effets.

 

Le combat contre la réforme de la loi électorale représente une étape vers notre but. Il ne s’agit pas de s’arrêter à l’obtention de droits bourgeois mais d’installer le socialisme. Tôt ou tard nous serons vainqueurs, et la chance doit être saisie … malgré tout.

 

Le tome 7 donne accès à des documents essentiels, en particulier les comptes rendus dans les journaux des discours de Rosa Luxemburg. Ainsi ceux qu'elle a tenus lors de la campagne contre la réforme électorale de 1910. "Cette réforme échoua notamment suite aux manifestations de masse organisées par les sociaux-démocrates, qui demandaient la suppression du système électoral des trois classes" . Rosa Luxemburg y a tenu largement sa part. Voir l'article :

 

http://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/2017/12/tome-7-des-gesammelte-werke.1910-comment-rosa-luxemburg-s-inscrit-dans-la-campagne-contre-la-reforme-electorale.html

 

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Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009