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Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
10 février 2024 6 10 /02 /février /2024 22:18

Un long silence,

Le visage de Rosa Luxemburg jeune en Joconde qui lentement s'avance, traversé par les images de soldats et encore de soldats,

 

Un chant s'élève et se déploie de longues et à la fois courtes minutes,

 

La voix de Rosa Luxemburg s'écrit, ses mots toujours uniques, une mort annoncée apprise en plein enfermement, en pleine solitude, la mort de Hans Diefenbach, médecin mobilisé et tué alors que s'approche la fin de l'horreur,

 

Ami si précieux, si présent par les lettres de son amie, son départ forcé au front qu'elle décrit, désemparé,  et qui dévient symbole de tous ces militants sociaux-démocrates, pacifistes, envoyés à la boucherie, malgré eux, ces lettres à cet ami "qu'elle écrivait à un mort", on peut les lire, nous les avons, elles parlent de ce qu'ils pourraient faire, de ce qu'ils allaient faire,

 

Hans Diefenbach qui avait légué à "sa chère amie, si douée en économie politique mais beaucoup moins en économie ménagère", ses biens, biens dont elle ne "jouira" pas, assassinée à peine deux ans après sa disparition.

 

Puis dans le silence, le visage de Karl Liebknecht sur son lit de mort, son lit d'assassiné, qui nous achemine vers la fin de ce magnifique témoignage.

 

Et encore, cette dédicace de Ghassan Salhab, artiste né au Sénégal, travaillant au Liban

et qui appelle en nous les images et les faits effroyables de Gaza, des 30 000 morts, qui s'ajoutent et s'ajoutent toujours

au jour le jour.

 

Nouvelle boucherie d'un monde colonial, impérialiste, capitaliste

 

C'est un extrait d'un film de 2019 publié par lundi matin mis à la disposition de chacun.e

 

Le film

https://derives.tv/une-rose-ouverte-warda/

 

Et une très belle évocation

https://nouvellesdufront.jimdofree.com/cin%C3%A9matographique/nouvelles-du-front-de-181-%C3%A0-190/nouvelles-185-la-rose-ouverte-de-ghassan-salhab/

 

HANS DIEFENBACH
Hans Diefenbach, peint par Rosa Luxemburg

Hans Diefenbach, peint par Rosa Luxemburg

A lire aussi, cette lettre du 30 mars 1917: https://rosaluxemburg.org/fr/material/3238/

Cher H.

Hier, avant de m’endormir, au milieu de mon bel équilibre construit avec tant de peine, j’ai été rattrapée par un désespoir bien plus noir que la nuit. Et aujourd’hui, c’est encore une journée grise ; au lieu du soleil – un vent froid venu de l’est… Je suis comme un bourdon gelé ; avez-vous déjà trouvé dans votre jardin, aux premiers matins de gel en automne, un de ces bourdons, engourdi par le froid, comme mort, couché sur le dos dans l’herbe, ses petites pattes repliées sur lui et sa petite fourrure couverte de givre ? C’est seulement quand le soleil le réchauffe bien que ses petites pattes commencent lentement à bouger, à s’étirer ; puis, son petit corps se retourne sur lui-même et s’élève péniblement dans l’air en bourdonnant. C’était toujours mon travail de m’agenouiller auprès de ces bourdons gelés et de les ramener à la vie par la chaleur de mon souffle. Et moi, pauvre de moi, si le soleil voulait bien me réveiller aussi de mon froid mortel !

En attendant, je me bats contre les démons qui sont au fond de moi, comme Luther le faisait – avec un encrier. Voilà pourquoi vous devrez affronter un vrai tir de barrage épistolaire. Et tant que vous n’aurez pas chargé votre artillerie, je vous arroserai si fort avec mon petit calibre que vous tremblerez de peur. D’ailleurs, si c’est à ce rythme que vous chargiez vos canons quand vous étiez au front, notre revers actuel sur la Somme et sur l’Ancre ne m’étonne pas du tout ; et si nous devons signer la paix sans avoir annexé la belle Flandre, il est clair que vous l’aurez sur la conscience.

Je vous remercie beaucoup pour le petit livre de Ricarda Huch sur Keller[1]. La semaine dernière, où j’étais en piteux état, je l’ai lu avec plaisir. Ricarda, décidément, est une personne extrêmement fine et intelligente. Mais son style si équilibré, retenu et maitrisé me semble un peu fabriqué, et son classicisme un peu pseudo-classique, un peu prémédité. Pourtant, si l’on est vraiment riche et libre intérieurement, on peut à tous moments rester naturel, et laisser la passion vous embarquer sans pour autant se faire parjure.

J’ai aussi relu Gottfried Keller : les Nouvelles zurichoises et Martin Salander. Je vous en prie, ne bondissez pas, mais Keller est strictement incapable d’écrire un roman ou une nouvelle ! Ce qu’il produit n’est jamais qu’une narration, portant sur des choses et des gens morts et disparus depuis bien longtemps ; moi, je ne me sens jamais concernée quand quelque chose arrive, je ne vois qu’un écrivain nous déballer des jolis souvenirs, comme les vieilles personnes aiment le faire. Il n’y a que la première partie de Henri le Vert qui vive pour de bon. Il n’empêche, Keller me fait toujours du bien parce que c’est un chic type, et quand on aime quelqu’un, on est content de s’asseoir avec lui, même pour bavarder des choses les plus anodines et aborder les plus petits souvenirs.

Jamais je n’ai vécu aussi consciemment et intensément le printemps que l’année dernière à la même époque. Peut-être parce que c’était après mon année de cellule, ou bien parce que je connais maintenant chaque buisson, chaque brin d’herbe et que je peux suivre dans le détail leur développement. Vous souvenez-vous comment, il y a seulement quelques années, à Südende, nous nous demandions devant un buisson à fleurs jaunes ce qu’il pouvait bien être ? Vous aviez « proposé » de le classer dans la catégorie des « genêts à pluie d’or ». Évidemment, ce n’était pas ça !

Comme je suis contente de m’être plongée d’un seul coup, il y a trois ans, dans la botanique. Comme pour tout ce que je fais, je m’y suis jetée d’un seul coup, avec toute mon ardeur, de tout mon être, si bien que le monde, le Parti et le travail, tout avait disparu pour moi, et qu’une seule passion me comblait jour et nuit : être dehors dans les champs au printemps, marcher, ramasser des brassées de plantes, et à la maison, classer, identifier et ranger tout ça dans mes cahiers. Comme je souffrais quand je restais assise longtemps devant une nouvelle petite plante, sans pouvoir l’identifier ou la classer ; plusieurs fois, j’en suis tombée presque évanouie, si bien que Gertrud, de rage, m’a menacée de « confisquer » les plantes. Sauf qu’aujourd’hui, je suis chez moi dans le « royaume vert » ; c’est un territoire que j’ai conquis – dans la tempête, la passion, et ce que l’on saisit comme ça a des racines au plus profond de soi.

Au printemps dernier, j’avais encore un compagnon pour ces promenades : Karl L[iebknecht]. Peut-être savez-vous ce qu’était sa vie, depuis de longues années : toujours au Parlement, dans des sessions, des commissions, des réunions, courant après le temps, passant continuellement du bus au tram et du tram à la voiture, les poches remplies de notes, les bras chargés de journaux tout juste achetés qu’il n’avait évidemment pas le temps de lire tous, recouvert corps et âme de la poussière de la rue, et malgré tout ça, le visage constamment éclairé par son gentil sourire de jeune homme.

Au printemps dernier, je l’avais obligé à faire une petite pause, à se rappeler qu’il y avait aussi un monde en dehors du Reichstag et du Landtag ; et donc, il se baladait souvent avec Sonia et moi dans les champs et au Jardin botanique. Dans ces moment-là, il pouvait s’émerveiller comme un enfant devant un bouleau couvert de jeunes chatons ! Un jour, nous avons fait à travers champs la promenade de Marienfelde. Vous connaissez aussi ce chemin – vous en souvenez-vous ? –, nous avons fait cette boucle tous les deux à l’automne, et nous avons dû marcher au milieu des chaumes. Avec Karl, c’était un matin, en avril dernier, les champs avaient encore cette couleur vert tendre des semences d’hiver. Par saccades, un vent tiède faisait valser les nuages gris à travers le ciel, tantôt les champs rayonnaient dans la claire lumière du soleil, tantôt ils devenaient sombres et viraient dans l’ombre à l’émeraude – ballet sublime, pendant que nous marchions en silence. Et subitement, Karl s’arrêta, se mit à faire d’étranges bonds, avec toujours son air sérieux. Je le regardais, étonnée, et même un peu inquiète : « Qu’avez-vous ? » « Je suis si heureux », répondit-il simplement, ce qui bien sûr nous fit rire aux éclats.

De tout cœur.

R.

Vous pensiez à tort que j’étais « la plus belle pierre précieuse » sur le collier que portent les singes d’Hindenburg qui arrivent tout droit d’Afrique et d’Asie. D’après la déclaration officielle, je ne suis pas une « prisonnière de guerre ». La preuve : je dois affranchir mes lettres.

 

Source

Tiré de Rosa, la vie : lettres de Rosa Luxemburg, traduit par Anouk Grinberg et Laure Bernardi, Paris, Les Éditions de l’Atelier/Éditions Ouvrières, 2009, p. 123-127

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12 juillet 2022 2 12 /07 /juillet /2022 10:00
Lettre de Rosa Luxemburg à Clara Zetkin mars 1910 - Parti social-démocrate et syndicat contre toute mobilisation sur la grève de masse et la république.

Source : rosa luxemburg, vive la lutte !, maspéro , p 318 - 321

Citations :

 

"Certes, je lui en veux de m’avoir privée de deux ans de taule, mais j’espère que d’autres occasions se présenteront et je qu’il est bien plus facile de s’exposer soi-même que d’exposer les autre. J’ai d’ailleurs la ferme conviction qu’on nous mettra un jour  « en taule » toutes les deux. Ne crois-tu pas ? D’avance ça me réjouit à un point … !"

 

"Autre chose à présent : la manifestation d’hier a été très confuse, pas coordonnée et sans orientation nette, mais au total elle a eu un bon effet et elle constitue un pas en avant. Dans doute, dès qu’elles aperçoivent les chevaux des policiers et qu’elles voient les sabres au clair, les masses s'enfuient sans réfléchir (nous trois, avec ton fils et le petit Rosenfeld nous sommes chaque fois restés sur place, sans bouger, d’un pouce et les flics naturellement n’ont pas osé nous toucher), mais tout s’apprend y compris ne pas s'enfuir. En tout cas, dans les masses, l’envie de manifester et la colère contre la police ont augmenté et désormais on manifestera certainement, que la direction en lance ou n’en lance pas le mot d’ordre."

 

" Autre nouvelle : j’ai écrit un article dur sur la grève de masse et la République. Je l’ai d’abord proposé au Vorw. . Qui l’a refusé en prétextant que la direction du parti et le Comité directeur ont fait obligation à la direction du journal de ne rien publier sur la grève de masse ... Mais voilà qu’hier matin, Carolus m’explique qu’il est allé trouver August pour lui demander son avis. Et August lui a appris que la conférence qui vient de réunir Comité directeur et secrétaires de district a émis le vœu que l’on n’aborde absolument pas le thème de la grève de masse ! Carolus est naturellement d’accord car (sur ce point, il se borne à répéter ce que dit August) la situation n’est actuellement pas du tout mûr pour une g. m., par contre, l’an prochain, quand nous aurons remporté une éclatante victoire électorale, alors … Alors quoi ? "

 

"D’une autre source, j’ai appris ceci ; ces fameux pour parlers entre Comité directeur et Comm. Générale ont abouti au refus de la C.G. Mais voilà ce qui est caractéristique : la C.G. déclare qu’elle ne prendra pas la responsabilité d’une g.m. ; la grève de masse, les masses n’ont qu’à la faire ; si elle a lieu, la C.G n’y fera pas obstacle. Voilà à quoi servent organisation et dirigeants ! Aux masses de faire le travail et, en même temps on va jusqu’à interdire toute discussion dans la presse !"

En route pour la manifestation sur le système électoral - avril 1910

En route pour la manifestation sur le système électoral - avril 1910

Ma très chère petite Clara,

 

Avant toute chose, grand, grand merci pour les magnifiques cadeaux (encore que je sois sincèrement fâchée que tu songes à fêter pareille bagatelle et que je passe un savon chaque fois à Kostia pour le le même motif.)

 

Combien je souhaitais avoir les œuvres de Mistral, je te l’ai dit moi-même ; mais je n’avais pas moins envie de Keller que finalement je ne puis ignorer plus longtemps. Le jour même de mon anniversaire, j’ai lu Spiegel, das Kätzchen, et ça m’a beaucoup amusée.

 

Ta lettre a été aussi, pour moi, un beau cadeau : j’ai simplement regretté que tu prennes tellement au tragique cette histoire d’éditorial ; moi, j’ai traité ça par-dessus la jambe et j’en ai ri. Mais comme il a paru, l’article fait son effet et je suis terriblement désolée que le pauvre poète se soit donné tant de soucis et de désagrément à cause de moi.

 

Certes, je lui en veux de m’avoir privée de deux ans de taule, mais j’espère que d’autres occasions se présenteront et je sais qu’il est bien plus facile de s’exposer soi-même que d’exposer les autres. J’ai d’ailleurs la ferme conviction qu’on nous mettra un jour  « en taule » toutes les deux. Ne crois-tu pas ? D’avance ça me réjouit à un point … !

 

Autre chose à présent : la manifestation d’hier a été très confuse, pas coordonnée et sans orientation nette, mais au total elle a eu un bon effet et elle constitue un pas en avant. Dans doute, dès qu’elles aperçoivent les chevaux des policiers et qu’elles voient les sabres au clair, les masses s'enfuient sans réfléchir (nous trois, avec ton fils et le petit Rosenfeld nous sommes chaque fois restés sur place, sans bouger, d’un pouce et les flics naturellement n’ont pas osé nous toucher), mais tout s’apprend y compris ne pas s'enfuir. En tout cas, dans les masses, l’envie de manifester et la colère contre la police ont augmenté et désormais on manifestera certainement, que la direction en lance ou n’en lance pas le mot d’ordre.

 

Autre nouvelle : j’ai écrit un article dur sur la grève de masse et la République. Je l’ai d’abord proposé au Vorw. . Qui l’a refusé en prétextant que la direction du parti et le Comité directeur ont fait obligation à la direction du journal de ne rien publier sur la grève de masse ; en même temps, on me fit savoir confidentiellement que le Comité directeur était justement en pourparlers avec la Commission générale au sujet de la grève de masse.

 

Je donnai alors l’article à la Neue Zeit. Mais mon Karl fut pris d’une terrible frousse et me supplia de biffer surtout le passage concernant la république ; il s’agissait là, dit-il, d’un thème d’agitation tout à fait nouveau, je n’avais pas le droit d’exposer le parti à des périls incommensurables, etc. Comme je n’avais pas le choix et que l’idée de la grève de masse me paraissait  dans la pratique, plus importante, j’ai cédé et supprimé le passage sur la république. L’article était déjà à l’impression, assorti de cette note de la rédaction : « Nous proposons à la discussion ( !) de nos lecteurs les points de vue développés ci-dessus ».

 

Mais voilà qu’hier matin, Carolus m’explique qu’il est allé trouver August pour lui demander son avis. Et August lui a appris que la conférence qui vient de réunir Comité directeur et secrétaires de district a émis le vœu que l’on n’aborde absolument pas le thème de la grève de masse ! Carolus est naturellement d’accord car (sur ce point, il se borne à répéter ce que dit August) la situation n’est actuellement pas du tout mûr pour une g. m., par contre, l’an prochain, quand nous aurons remporté une éclatante victoire électorale, alors … Alors quoi ? Lui-même ne le sait pas, mais il s’abrite derrière des formules du genre : : alors nous aurons une situation toute différente », etc.

 

Bref, il n’ose pas publier l’article et lui-même est opposé à toute discussion sur la grève de masse.

 

D’une autre source, j’ai appris ceci ; ces fameux pour parlers entre Comité directeur et Comm. Générale ont abouti au refus de la C.G. Mais voilà ce qui est caractéristique : la C.G. déclare qu’elle ne prendra pas la responsabilité d’une g.m. ; la grève de masse, les masses n’ont qu’à la faire ; si elle a lieu, la C.G n’y fera pas obstacle. Voilà à quoi servent organisation et dirigeants ! Aux masses de faire le travail et, en même temps on va jusqu’à interdire toute discussion dans la presse !

 

Assez pour aujourd’hui ; je t’écris à la hâte. Ton manuscrit, je ne l’ai plus, mais je vais le demander tout de suite à Düwell par téléphone s’il l’a encore. Et où donc, espères-tu à présent faire paraître une brochure comme celle-là.

Ta Rosa

J’ai encore oublié quelque chose : le 5, Faisst est venu me voir et pendant deux heures, il a joué et chanté, c’était magnifique ! Une vraie délectation qui a fait de mon modeste anniversaire une véritable fête.

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17 février 2022 4 17 /02 /février /2022 13:27

Voir ce documentaire, c'est se demander quelle brisance peut avoir l'action et la pensée même de Rosa Luxemburg pour avoir été ainsi interdit de diffusion. Il constitue aujourd'hui le témoignage visuel le plus achevé sur la pensée, l'action, la vie de Rosa Luxemburg

Une écriture cinématographique et littéraire d'exception

Mais c'est aussi rester admirative/tif pour la qualité d'un documentaire joignant les analyses de fond (on n'est pas obligé de toutes les partager, elles sont significatives de la période), à un scénario et à une écriture cinématographique et littéraire d'exception.

La lecture des textes

La lecture des textes par Françoise Brion redonne toute la force et la sensibilité de la pensée et de l'écriture de Rosa Luxemburg. Et ce devait être une des premières fois où l'on entendait ainsi par son intermédiaire la voix même de Rosa Luxemburg

Interventions

Les interventions des intellectuels spécialistes de Rosa Luxemburg, Iréne Petit et Gilbert Badia, les moments de discussion, la présence étonnante de Georges Hourdin arrivent en contre-point des textes rythment les étapes du documentaires(Réforme sociale ou révolution, Grève de masse, parti et syndicat, L'Accumulation, la Révolution russe).

On est bien loin du dernier documentaire d'Arte, qui trahit allègrement la pensée et l'action de Rosa Luxemburg par le choix des intervenants, les vérités assénées, et la mise au centre de la phrase tant aimée des réformistes sur la liberté en démocratie (transférée sur la démocratie bourgeois).

Berlin

Mais il y a une double construction dans ce documentaire, et la deuxième est le suivi dans le Berlin d'aujourd'hui du déroulement de la vie de Rosa Luxemburg. 

Notre patrimoine

Documentaire complet, il est le témoignage du travail de Marcel Blüwal. A tous ces titres, ce documentaire fait partie de notre patrimoine.

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5 février 2022 6 05 /02 /février /2022 12:09
Rosa Luxemburg. Un beau travail de " l'Atelier Histoire en Mouvement" et de Metmarfil : Rosa Luxemburg, ou l’internationalisme contre la guerre
Rosa Luxemburg. Un beau travail de " l'Atelier Histoire en Mouvement" et de Metmarfil : Rosa Luxemburg, ou l’internationalisme contre la guerre
Rosa Luxemburg. Un beau travail de " l'Atelier Histoire en Mouvement" et de Metmarfil : Rosa Luxemburg, ou l’internationalisme contre la guerre
Rosa Luxemburg, ou l’internationalisme contre la guerre - Atelier Histoire en Mouvement y Metmarfil

 

 

Ce 5 mars nous célébrons les 150 ans de la naissance de Rosa Luxemburg, figure centrale du socialisme européen du début du 20ème siècle. Militante acharnée, elle est assassinée en 1919 et laisse derrière elle un héritage qui sera par la suite réclamé autant par les communistes que par la gauche réformiste. Les nombreuses publications portant sur ses lettres de prison ont également contribué à en faire une icône du romantisme révolutionnaire, atténuant ainsi quelque peu le tranchant d’une vie de combats. Parmi ces derniers, son opposition à la guerre de 1914-1918 est centrale pour saisir en quoi sa pensée est encore aujourd’hui d’une grande pertinence.

Il faut pour cela prendre la mesure du cataclysme que constituent les différents votes des crédits de guerre des partis sociaux-démocrates en août 1914. Organisés depuis 1889 au sein de l’Internationale ouvrière, ces derniers se sont depuis plusieurs années positionnés contre la guerre et l’impérialisme, considérant qu’il ne s’agit là que de rivalités entre bourgeoisies nationales auxquelles les travailleurs et travailleuses ne doivent en aucun cas prendre part. Pourtant, lorsque l’imminence du conflit se fait sentir, la plupart d’entre eux se fondent dans l’ « union sacrée » nationale et se rangent aux côtés de leurs bourgeoisies respectives. Plus grand parti ouvrier du monde à cette époque et premier parti d’Allemagne en termes de députés au Reichstag et de membres, le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) trahit lui aussi des dizaines d’années d’engagement internationaliste.

Membre de ce parti depuis la toute fin du 19ème siècle, Rosa Luxemburg s’est déjà illustrée en son sein par son opposition à ceux de ses dirigeants qui ont laissé tomber toute velléité révolutionnaire. C’est que le SPD, de par son ampleur, est devenu dans les années 1910 une sorte de société parallèle qui fait vivre des centaines de permanents, journalistes, formateurs, etc… Cette organisation complexe en fait sa force et un modèle pour beaucoup de révolutionnaires du monde entier, mais elle contribue également à émousser sa radicalité dans la mesure où beaucoup de ses dirigeants se satisfont désormais du statu quo. Rosa Luxemburg fait donc figure de minoritaire au sein du parti, notamment après s’être brouillé avec la plupart de ses grands pontes, notamment Bebel et Kautsky.

 

 

La trahison du 4 août 1914 n’est donc qu’une demi-surprise pour elle. Grande opposante à la guerre et au militarisme depuis de nombreuses années, elle a d’ailleurs été condamnée à de la prison en février 1914 pour un discours où elle appelle à la désobéissance des soldats. Elle passera ainsi l’essentiel de la guerre incarcérée, tout en tâchant d’organiser depuis sa cellule les voix discordantes qui se font de plus en plus nombreuses au sein du SPD à mesure que s’enlise la guerre. Les éléments les plus à gauche du parti ne tardent ainsi pas à se constituer en collectifs, et ce de manière clandestine, une position pacifiste en temps de guerre tombant alors sous le coup de la loi. Ils se font bientôt connaitre sous le nom de « groupe Spartacus », nom avec lequel ils signent la plupart de leurs publications anonymes, et qui formera le noyau à l’origine du parti communiste allemand quelques années plus tard.

Pourtant Rosa Luxemburg et ses partisans sont restés fidèles au SPD jusque relativement tard dans la guerre. Ce qui s’explique par la place qu’occupe l’action des masses dans sa pensée. Il valait mieux lutter au sein du parti ouvrier par excellence, même si sa direction était corrompue jusqu’à la moelle, car c’est seulement depuis cette structure qu’il était possible de s’adresser aux masses et que seules ces dernières sont en dernière instance les véritables acteurs du changement. Comme elle le disait : « Jeter sa carte du parti avec l’illusion de se libérer n’est que l’image inversée de l’illusion que la carte du parti est en elle-même un instrument de pouvoir ».

 

 

De par son action résolument internationaliste, Rosa Luxemburg a contribué à insuffler une nouvelle dynamique au mouvement ouvrier de son époque, et ce en compagnie de camarades qui, dans chaque pays, avaient bien compris à qui profitait le massacre de millions de jeunes gens sur les champs de bataille. Son compagnon de combat Karl Liebknecht, assassiné le même jour qu’elle, ne disait pas autre chose lorsqu’il proclamait que, pour chacun, l’ennemi principal est dans son propre pays. Quant à Lénine, avec qui Luxemburg entretenait des rapports animés mais néanmoins cordiaux, il sut se saisir de l’occasion pour « transformer la guerre impérialiste en guerre civile ».

Aujourd’hui le mouvement pacifiste internationaliste n’est plus que l’ombre de lui-même après son échec à empêcher les diverses interventions armées et autres guerres impérialistes par procuration. Les désastres humanitaires se succèdent et les peuples trinquent. L’anniversaire de la naissance de Rosa Luxemburg devrait nous permettre de prendre du recul et de réfléchir aux fondements d’un nouveau mouvement pacifiste internationaliste. Après tout, déjà en 1914, la guerre avait été vendue aux socialistes allemands comme une intervention démocratique contre le régime autocratique du Tsar. Luxemburg et les siens étaient moins dupes…

 

 

 

L’Atelier – Histoire en mouvement est une association qui œuvre pour la survie et la diffusion de la mémoire des luttes pour l’émancipation de la classe ouvrière, des femmes et des peuples opprimés. C’est la volonté de développer une approche différente de celle proposée par l’historiographie dominante qui a motivé la création de L’Atelier, pour que les révoltes des opprimé-e-s d’hier continuent à vivre dans la mémoire des révoltés d’aujourd’hui et que le chemin déjà parcouru trace le chemin vers l’émancipation de demain.

 

Illustrations: Metmarfil. Source: Le Courrier

 

 

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4 février 2022 5 04 /02 /février /2022 12:56
Clara Zetkin et Rosa Luxemburg 1910 Publié en le 19 novembre 2021. Klimbims

Clara Zetkin et Rosa Luxemburg 1910 Publié en le 19 novembre 2021. Klimbims

Une exception :

Je n'apprécie pas particulièrement les colorisations quand il s'agit juste de mettre au goût du jour des documents. Ici, il s'agit d'un réel travail artistique. L'artiste écrit :

"I love to colorize b/w images :) The black and white images used for colorization are found from different sources all over the Internet, and are assumed to be in public domain and are displayed under the fair use principle. I provide information on the image's source and author whenever possible, and I will link back to the owner's website wherever applicable. This blog is meant to share the images found on the Internet and colorized by me with other bloggers and colouring enthusiasts, and is not meant to deliberately infringe on the rights of the image owners. I respect all the intellectual property of the owners, and will modify the post" : voir

 

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16 janvier 2022 7 16 /01 /janvier /2022 11:40

https://www.youtube.com/watch?v=Qrq93W7eeUs&list=PLvnBzZOjEg-GXNfvPdFElB_UKgJmLj_4n&index=1

 

J’ai toujours associé la figure de Rosa Luxemburg au froid glacial de janvier. Quand j’étais enfant et adolescent, il y avait cette procession organisée à l’occasion de l’anniversaire de sa mort. Elle se trainait interminablement, ce qui contredisait bien les paroles d’usage qui nous exhortaient à marcher vaillamment côte à côte. Nous avions très froid. Très peu de mes camarades de classe tenaient jusqu’au cimetière des socialistes. La plupart s’évaporaient en route, juste après s’être montrés aux professeurs. Les quelques-uns qui parvenaient au cimetière se disaient qu’ils étaient soit des idiots, soit des héros. Il y avait un garçon de notre école qui, lui, ne s’autorisait aucun compromis. Il avait des engelures aux oreilles car, malgré le froid mordant, il refusait de porter un bonnet. De toute façon, rentrer plus tôt aurait été inconcevable aux yeux de sa famille. Toute l’école en parlait. Célébrer la mémoire de Rosa Luxemburg imposera toujours de prendre des décisions, de se positionner soi-même. Contre la guerre… contre le capitalisme… contre l’exploitation… En sommes-nous capables aujourd’hui ? Et comment célébrons-nous une femme qui n’a elle-même que très rarement fait des compromis dans sa vie ? Est-ce que les Berlinoises et les Berlinois savent que dans leur ville, peut-être dans leur rue, peut-être dans leur maison a vécu un jour Rosa Luxemburg ? Qu’elle y a tenu des discours, qu’elle s’y est cachée, qu’elle y a été arrêtée puis assassinée ? À quoi ressemblent ces lieux aujourd’hui ? Voici, à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance, un parcours mémoriel.

 

https://www.youtube.com/watch?v=hK8M8TmJjK4&list=PLvnBzZOjEg-GXNfvPdFElB_UKgJmLj_4n&index=2

 

C‘est ici, après avoir visité 75 appartements, que Rosa Luxemburg a trouvé une chambre. La maison n’existe plus. Pour avoir une vue d’ensemble, je crée une liste des lieux dans l’application cartographique de mon téléphone portable et je prends des notes. À présent Apple, Google et compagnie savent sur quoi je travaille et connaissent mes trajets et ce qui me motive. Ici, Rosa Luxemburg se plaignait d’être surveillée jour et nuit. Si je ne me fais pas remarquer, peut-être que Google ne s’intéressera pas à moi. Mais à quel moment est-ce que je passe inaperçu ? Je photographie des enfants en train de faire de la luge dans le quartier de la Hanse. En ai-je le droit ? Quelqu’un m’a-t-il observé ? Est-ce de la photographie de rue et donc de l’art ? Je me dis qu’il y a « le droit à sa propre image ». Il est clair que je défends ce principe et il me semble problématique de tirer le portrait des gens sans leur avoir demandé leur permission. Mais qu’en est-il de ma liberté de penser autrement ? Ou du droit de me faire ma propre image de quelque chose ? Travées de la S-Bahn. Le soleil rase les murs. J’observe un homme qui avance en direction du soleil. Je cours de l’autre côté de la rue et guette le moment parfait. La lumière, la composition, son pas… clic ! Suis-je celui qui s’arroge simplement un droit ou suis-je un paparazzo ?

 

https://www.youtube.com/watch?v=fODc7o_hZFw&list=PLvnBzZOjEg-GXNfvPdFElB_UKgJmLj_4n&index=3

 

Cette maison non plus n’existe plus. À l’occasion de l’exposition internationale d’architecture de 1987, on a construit ici de petits immeubles. En plein milieu de Kreuzberg. Pourtant ça a un petit air de ville de province. C’est une voie privée, bordée de maisons individuelles. Tout est très beau et ça part certainement d’une bonne intention, pourtant je ressens une sorte de malaise. C’est à eux qu’appartient la rue, pas à nous. Mais qu’est-ce qui nous différencie d’eux ? Je me sens de nouveau comme un intrus qui s‘aventure en territoire interdit et je sens qu‘on m’observe. Devant les maisons sont garées des Audi, des Mercedes et des BMW. Tout comme devant la maison qu’a habitée Rosa Luxemburg. Elle avait dû quitter la rue de Cuxhaven parce qu’elle s’était disputée avec sa logeuse. Ici, le monde est en ordre, comme dans un joli petit lotissement. Un portail sépare l’espace public de la voie privée. Bien qu‘ici tout soit si bizarre, n’importe quelle Berlinoise ou Berlinois aimerait certainement y habiter : on est en ville et en même temps un peu à la campagne.

 

https://www.youtube.com/watch?v=O5FszWzoplo&list=PLvnBzZOjEg-GXNfvPdFElB_UKgJmLj_4n&index=4

 

Voici, dans une arrière-cour, la salle dans laquelle Rosa Luxemburg a donné une série de conférences sur l’économie politique à l’automne 1914. J’observe les gens qui sortent du métro et se répandent dans les rues et les maisons. Au numéro 49 de la rue Hermann, personne ne m‘ouvre la porte. Dans la cour voisine, je vois le mur arrière de la salle des fêtes. À l’époque, il devait faire tout aussi froid, car avant ses conférences du dimanche, à 9 heures du matin, Rosa Luxemburg se réchauffait à un petit poêle en fer. Sur un panneau, on peut lire : „Accès pompier par la rue Herrfurth numéro 4“. Là, devant l’entrée, il y a d’innombrables fleurs et des bougies allumées. Sur la façade est écrit : „Repose en paix, Markus.“ Cela me touche. Nous vivons dans un pays si riche ! Pourquoi un SDF meurt-il de froid dans la rue ? La nuit tombe. Il commence à neiger. Je décide d’arrêter pour aujourd’hui et de revenir une autre fois.

 

https://www.youtube.com/watch?v=tUHenFIOZ6Y&list=PLvnBzZOjEg-GXNfvPdFElB_UKgJmLj_4n&index=5

 

Au numéro 23 de la rue Wieland, il y a deux entrées différentes. Ainsi les habitantes et les habitants de la partie donnant sur la rue n’ont pas à croiser celles et ceux de la partie arrière. À l’avant, dans la cage d’escalier, lustres et tapis de coco. À l’arrière, les bacs poubelle et pas de soleil pour les étages inférieurs. Ce que les gens d‘ici ont en commun, c’est d‘habiter dans le quartier bourgeois de Friedenau et d’avoir tout simplement réussi à ne pas devoir vivre dans un quartier populaire. Sur le balcon du premier étage, il y a un homme qui fume. Je lui demande s’il sait que Rosa Luxemburg a habité dans son appartement. Non, il ne le savait pas. Il fait très froid et de l’autre côté de la rue, dans le jardin des Kautsky, la table est recouverte de neige. Ici, Rosa Luxemburg a passé beaucoup de temps avec cette famille amie. De l’autre côté de la S-Bahn, dans la rue Cranach, il y a un autre appartement dans lequel elle a vécu. Une photo historique la montre sur le balcon, avec son amant, Kostja Zetkin. Des yeux, je cherche ce balcon. Il n’existe plus. C’est comme si je faisais un peu d’histoire de l’architecture. Quand j’ai rassemblé toutes les informations, je décide d’aller boire un café chez le boulanger pour me réchauffer, mais tout est fermé. Je prends un café à emporter et me retire avec quelques SDF dans un coin de la gare plein de courants d’air. Contrairement à eux, moi, je monte dans la prochaine S-Bahn qui me ramène dans le quartier bourgeois de Pankow.

 

https://www.youtube.com/watch?v=oqO6w-tZ0KQ&list=PLvnBzZOjEg-GXNfvPdFElB_UKgJmLj_4n&index=6

 

Le chemin de Biberach est une rue relativement calme et sans particularité. C’est exactement ce que Rosa Luxemburg recherchait quand elle a quitté Friedenau pour s’installer au vert. Elle aimait la vue sur les champs. Dans un premier temps, hormis des haies très hautes, je ne vois rien d’autre et je décide de demander à la prochaine personne que je croise : André sur son vélo est très loquace. Il a construit sa maison exactement là où a vécu Rosa Luxemburg. Il dit qu’au début, on distinguait encore les murs de fondation et il s’était demandé ce que cela ferait de trouver quelque chose d’elle dans les gravats. Une lettre ou une broche… André est conseiller financier. Il me parle avec enthousiasme de son travail et des défis de la numérisation. Nous nous entretenons de nos enfants et de la façon dont eux vivent leurs rêves. Nous nous quittons et échangeons nos coordonnées. Je me demande ce que Rosa Luxemburg aurait pensé de son travail.

 

https://www.youtube.com/watch?v=2iN_BQaLbV8&list=PLvnBzZOjEg-GXNfvPdFElB_UKgJmLj_4n&index=7

 

„Ja – cque – line !“, crie une petite fille sur sa trottinette. Je m’arrête devant le portail clos du centre de sécurité routière. J’observe un jardinier et je me demande s’il me laissera accéder au terrain. Son collègue devance mes désirs, ouvre le portail et me présente au jardinier comme s’il présentait enfin l’un à l’autre deux de ses amis. „Michael“ - „Falk“… Pas de problème pour prendre des photos, selon lui, et je devrais vraiment revenir en été et me louer un audioguide. Pour tout apprendre sur la prison des femmes. Elle était à l’emplacement de l‘actuel centre de sécurité routière, mais aussi là où se trouvent aujourd’hui les maisons, le jardin d’enfants et l’école. „Dans le fond, c’est une évolution positive“, estime Micha. C’est sûr que certains trouvent que l’école a tout d‘une prison, mais on ne peut pas vraiment comparer. Ici, il y avait plusieurs milliers de prisonnières et, à l’époque nazie, plus de 300 femmes ont été condamnées à mort.“ Il dit qu’en été, l’endroit est très beau. Le jour, il y a les enfants et le soir, on peut utiliser le terrain pour organiser des fêtes. Et il y aussi un renard. Et, oui, il connait Rosa Luxemburg, il pense même avoir déjà lu quelque chose d’elle, pas seulement sur elle. Le soleil disparait lentement derrière les immeubles de onze étages et moi aussi, je prends congé. J’erre encore un peu dans le quartier comme le renard sur son territoire. Je remarque un terrain de jeu singulier. Il sert à la musculation. Les équipements me font penser à des appareils de torture. J’essaie de chasser cette pensée de mon esprit car ici, sur le terrain de l’ancienne prison des femmes, l’impression est doublement troublante. Faire une simple photo des lieux ne suffirait pas. Pendant qu’Eveline, Jacqueline et les autres rentrent à la maison avec leurs trottinettes et leurs jouets, je fais quelques exercices à la barre de traction. Et, par intervalles, des pauses, comme à la salle de sport. Les mots de Micha résonnent dans ma tête : „Dans le fond, une évolution positive.“

 

https://www.youtube.com/watch?v=bBdJNdyPVHw&list=PLvnBzZOjEg-GXNfvPdFElB_UKgJmLj_4n&index=8

 

La porte d‘entrée est grande ouverte. Dans la cage d’escalier glaciale, je change mon film. La lumière s’éteint. Des appartements me parviennent des voix : du polonais, de l’arabe, du turc. Je me sens comme un voleur, mais qu’est-ce que je vole ? des images ? C’est ici que Rosa Luxemburg s’était cachée en janvier 1919. Comment se sentait-elle ? Le bec de gaz devant la maison dispense sa lumière faiblarde depuis plus de 100 ans. Je sors de l’immeuble et une affiche sur le mur d’en face m‘interpelle : „Profiteurs de tous les pays, déguerpissez !“

 

https://www.youtube.com/watch?v=7skCXBjBx0E&list=PLvnBzZOjEg-GXNfvPdFElB_UKgJmLj_4n&index=9

 

La dernière étape de la vie de Rosa Luxemburg a été l’hôtel Eden. Ici, on l’a interrogée et assassinée. Son cadavre maltraité a été jeté dans le canal de la Landwehr tout proche. L’hôtel, dans sa forme originelle, n’existe plus. Un autre bâtiment avec des magasins, des bureaux et des appartements a pris sa place. Les gens sont très gentils et ouverts. Et pourquoi pas ? Un homme, un gobelet de café à la main, me fait un clin d’œil. En fait, je ne voulais pas chercher les traces de la présence de Rosa Luxemburg ici car ce n’est pas une „étape de sa vie“ au sens propre du mot. Mais, finalement, cela m’a quand même intéressé. Qu’est-ce que je vois dans ce lieu, sachant que Rosa Luxemburg y a été assassinée ? Dans les jardins du Tiergarten, un homme près de moi a quelque chose en main et, l’espace d’une seconde, je crois que c’est un fusil. Mais ce sont ses skis de fond. Aujourd’hui, on ne pourrait tout simplement pas jeter les cadavres de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht dans le canal de la Landwehr ou dans le Neuer See car ils sont gelés et les gens font du ski ou du patin à glace. J’ai souvent vu le monument de Karl Liebknecht de la rive, mais aujourd’hui, pour la première fois, je peux le voir depuis le lac. Il se fond tout naturellement dans le paysage, parmi les familles qui s’adonnent aux joies du patinage et savourent cette journée ensoleillée. Le monument de Rosa Luxemburg se trouve au bord du canal de la Landwehr. Aujourd’hui aussi, il y a, comme tous les jours, des fleurs. ++++++++++++++++++++++++++++++++++ Photos et texte: Falk Weiß (www.omenglu.de) en coopération avec Franziska Albrecht, Unité Europe de la fondation Rosa-Luxemburg-Stiftung ; Joel Vogel, Studio Lärm à Berlin-Kreuzberg et Erwin Anders/Martha Dörfler, Relations publiques de la Rosa-Luxemburg-Stiftung. Texte traduite par et la voix de Nephtys Zwar. Tout les clips

 

https://www.youtube.com/watch?v=akbqWBtkCdI&list=PLvnBzZOjEg-GXNfvPdFElB_UKgJmLj_4n&index=10

 

Je ne vois rien de particulier à cette rue. Elle pourrait se trouver n’importe où. Il y a un peu de tout : des immeubles bourgeois, beaucoup de bureaux, un parc, un cimetière et un lotissement des années 50. Ici, dans la rue de Mannheim à Charlottenburg, habitait la famille Marcusson. Rosa Luxemburg avait prédit que la révolte de janvier n’aurait que peu de chances d’aboutir et que le soulèvement serait écrasé dans le sang. Ne craignait-elle pas d’être elle-même victime des „forces réactionnaires“ ? „Abattez leurs meneurs“, pouvait-on lire depuis plusieurs semaines dans les journaux et sur des tracts. Un jour d’hiver clair. Les gens profitent du soleil. Les rues débordent de promeneurs, de joggeurs, de cyclistes. Je regarde par les fenêtres de la cage d’escalier et je me questionne : ces cachettes n’étaient-elles pas un peu trop simples ? N’est-ce pas de par trop évident d’aller se cacher chez des ami·es ou des camarades ? La nuit où elle s’est fait arrêter, elle a demandé à Wanda Marcusson de lui donner une paire de chaussettes. C’est grâce à ces chaussettes que le corps de Rosa Luxemburg a pu être identifié quelques semaines plus tard. Je croise une famille avec un chien et une poussette.

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22 juillet 2021 4 22 /07 /juillet /2021 19:04
Ecouter - Cent vies pour l'humanité - Rosa Luxemburg

"En ce moment, la Russie confirme une fois de plus cette vieille expérience historique : il n'est rien de plus invraisemblable, de plus impossible, de plus fantaisiste qu'une révolution une heure avant qu'elle n'éclate; il n'est rien de plus simple, de plus naturel et de plus évident qu'une révolution lorsqu'elle a livré sa première bataille et remporté sa première victoire." (Lire dans Ecrits politiques, petite collection maspero, 1969, chapitre 3, Problèmes russes. P. 24. Traduction Claudie Weill.) C'est par cette citation que débute la courte présentation de Rosa Luxemburg sur Mosaïk Radios. A écouter ici :
 

https://soundcloud.com/osaikadios/cent-vies-pour-lhumanite-rosa-luxemburg

L'originalité de sa pensée est qu'elle s'affirme comme attachée à l'orthodoxie marxiste. En cela, elle critique les options de Bernstein et Kautsky. Passionnément révolutionnaire, elle n'en est pas moins attachée à la perspective d'une authentique démocratie socialiste.

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14 juin 2021 1 14 /06 /juin /2021 12:01
Elle pourrait parler de la Commune ...

Elle pourrait parler de la Commune ...

http://www.loldf.org/spip.php?article932

 

" Elle porte en elle toutes les révolutions". C'est une phrase d'une des animatrices de l'émission "L'oreille loin du front", témoignant de la compréhension sensible et précise, que j'ai ressentie tout au long de l'émission. Je tiens à souligner la qualité des questions posées qui m'ont permis de développer pour les auditrices et les auditeurs passéEs et à venir ce qui me semble le plus essentiel pour aujourd'hui dans l'étude des écrits et de l'action de Rosa Luxemburg.

 

L'émission placée sous le signe de la révolution (prolétaire), nous avons commencé par la citation qui me semble toujours aussi essentielle sur les phénomènes révolutionnaires, où Rosa Luxemburg souligne le caractère imprévu, parfois étrange par lequel commencent les révolutions et auquel il convient de porter attention (elle parle là de la manifestation derrière un prêtre en janvier 1905 en Russie et fait le parallèle avec la marche des femmes  en 1789) :

"Rien n’est plus à même de libérer d’un seul coup d’un seul notre pensée des chaînes étouffantes des idées reçues  et à l’entraîner vers toutes les directions qu’une période révolutionnaire. L’histoire réelle, comme la nature créatrice, est bien plus étrange et plus riche dans ses inventions que le pédant qui classifie et systématise tout."  Le pèlerinage des prolétaires, 1905

 

Nous avons abordé ensuite en réponse aux questions :

. Des éléments biographiques qui éclairent son action - L'anticolonialisme (avec l'exemple de la Namibie) - Sa lutte contre le nationalisme et la guerre - Son rôle comme économiste - La centralité de la lutte prolétaire - Le Spartakisme -  La révolution de 1918/19 ...

 

Puis concernant la Commune :

. Présente dans ses discours et articles - Un moment essentiel dans l'histoire des révolutions - Un moment pivot entre révolution bourgeoise et révolution prolétaire - Les prolétaires chair à canons - La confiscation des révolutions, leur assassinat (les Semaines Sanglantes) - Le refus de la constituante de 1918 - Le fascisme ...

 

J'ai pu aussi rendre hommage à Gilbert Badia, souligner les dérives que l'on constate actuellement sur la présentation de Rosa Luxemburg (la pire à mes yeux d'autant que c'est sur un site libertaire qu'on la trouve : polonaise, allemande, juive tout ce par quoi elle ne se définit pas) - alerter sur le risque d'utilisation indécente de la correspondance (elle va être publiée intégralement, ce qui est important tant elle contient d'information sur sa pensée et son action, mais le film de Margarethe von Trotta montre l'indécence de l'utilisation des indications sur sa vie privée qui peut en être faite - et dont je me garde  depuis toujours -, et l'occultation voulue de ce fait de son action et de sa réflexion politique) - informer sur l'enregistrement par Sabrina Lorre d'extraits sur Rosa Luxemburg et la Commune, disponibles progressivement sur le net.

 

Merci à RFPP et aux animatrices de l'émission.

" Elle porte en elle toutes les révolutions". Ecouter Rosa Luxemburg et la Commune, une histoire de révolution ... pour aujourd'hui, sur RFPP, "L'oreille loin du front"

Présentation de l'émission sur le site de l'émission (les mots clefs sont déjà un signe)

 

 
 © Les oreilles loin du Front 

 

Rosa Luxemburg et la Commune, une histoire de révolution pour aujourd’hui
avec Dominique Villaeys-Poirré

 

Mots-clefs : anti-colonialisme - anticapitalisme - internationalisme - marxisme - révolution

 

Cette semaine, nous célébrons avec Dominique Villaeys-Poirré, une amie de Fréquence Paris Plurielle, le 150e anniversaire de la naissance de Rosa Luxemburg et les 150 ans de la Commune ! Dominique travaille depuis longtemps sur l’œuvre et la pensée de Rosa Luxemburg qu’elle envisage, ainsi que le soulignent les noms de ses blogs, comme un moyen de comprendre et de réfléchir pour lutter aujourd’hui. La Commune traverse l’œuvre de la militante révolutionnaire, elle est une « présence constante » sans qu’aucun de ses textes ne soit spécifiquement consacré à l’événement de 1871. Notre émission reviendra notamment sur la vie et l’œuvre de Rosa Luxemburg, sur les réflexions que lui ont inspiré les révolutions qui ont eu lieu du XIXème au début du XXème siècle en Europe, la Commune en particulier !

 

Liens pour suivre le travail de Dominique Villaeys-Poirré :


https://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com
http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr
https://blogs.mediapart.fr/villaeys-poirre/blog
https://vimeo.com/user39571601

 

Et pour les oreilles de tout le monde, nous ajoutons un lien vers un chant de la Sacrée chorale que notre invitée apprécie tout particulièrement : http://lambda.toile-libre.org/orwell/2021-05-22_chorale_inside.mp3

" Elle porte en elle toutes les révolutions". Ecouter Rosa Luxemburg et la Commune, une histoire de révolution ... pour aujourd'hui, sur RFPP, "L'oreille loin du front"
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10 mai 2021 1 10 /05 /mai /2021 07:53
https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Pinkau

https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Pinkau

https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Pinkau

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26 avril 2021 1 26 /04 /avril /2021 13:01
Rosa Luxemburg "La course aux armements et les guerres continueront, tant que régnera le capital."

Rosa Luxemburg "La course aux armements et les guerres continueront, tant que régnera le capital."

Inauguration à Leipzig pour le 150e anniversaire.

 

Rosa Luxemburg "La course aux armements et les guerres continueront, tant que régnera le capital."

On peut lire cette phrase maintenant sur le sol à l'entrée de la Felsenkeller où Rosa Luxemburg a tenu l'un de ses plus importants meetings

 

Leipzig a joué un rôle essentiel dans la vie de Rosa Luxemburg. C'est dans le journal le "Leipziger Volkszeitung que l'on peut lire nombre de ses articles.

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Extraits traduits d'un article en ligne paru à cette occasion : https://kreuzer-leipzig.de/2021/03/05/so-lange-das-kapital-herrscht/

 

Lettre à Leo Jogiches

Elle décrit ce meeting dans une lettre à Léo Jogiches le 28 mai  1913 : "Hier soir, j'ai tenu un meeting magnifique dans la plus grande salle de Leipzig. J'ai parlé de la politique mondiale et attaqué fermement le groupe parlementaire et l'ensemble de la tactique qui domine dans le parti. Mon discours a été accueilli par des tonnerres d'applaudissements et j'ai été remerciée officiellement. ...

Le discours de Francfort et la condamnation pour incitation à la désobéissance

Après le discours de Leipzig sur l'inanité des guerres en référence à la guerre des Balkans de 1913 ... elle réitère en septembre 1913 dans un discours à Francfort son appel au refus de servir et d'obéir en cas de guerre ; "Non, nous ne le ferons pas" [tirer sur d'autres prolétaires] et sera condamnée à un an de prison, le discours étant considéré comme une incitation à la désobéissances contre les lois et les décisions de l'autorité

Je me sens comme un chien perdu

 

En janvier 1912, elle descend à l'hôtel Sedan lors de la campagne électorale et elle écrit : "Ici, à Leipzig, je tourne et je vire et me sens comme un chien perdu. Tout est froid, désagréable, les gens sont énervants, je n'ai pas de chambre à moi. Mais je cherche à me libérer et à m'isoler intérieurement de tout cela."

 

[Note du blog : Il faut lire cette citation en sachant que Rosa Luxemburg a tenu un nombre incalculable de meetings attachant une importance primordiale à la lutte pour une prise de conscience du prolétariat, ceci sans ménager sa fatigue et malgré sa aspiration profondément ancrée au calme et à la solitude. Il faut aussi comprendre le courage qu'il lui fallait pour attaquer de front sur ce terrain majeur le pouvoir impérial, alors même que le parti social-démocrate était dominé par le réformisme, qui trouvera sa triste apogée avec le ralliement officiel à la guerre  en 1914.]

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Felsenkeller. Mouvement ouvrier dans les années 20.

Felsenkeller. Mouvement ouvrier dans les années 20.

Le texte est disponible en allemand sur le net.

Die weltpolitische Lage -(Rede am 27. Mai 1913 in Leipzig-Plagwitz)
Nach einem Zeitungsbericht

 


Leipziger Volkszeitung, Nr. 121 vom 29. Mai 1913.
Rosa Luxemburg, Gesammelte Werke, Bd. 3, S. 212–219.
Transkription: Oliver Fleig und Sozialistische Klassiker.
HTML-Markierung: Einde O’Callaghan für das Marxists’ Internet Archive.


 

Wir leben in einer merkwürdigen Zeit, in der die Aufmerksamkeit der Arbeiterklasse durch ein ganz spezielles Gebiet des öffentlichen Lebens in steigendem Maße in Anspruch genommen wird; dies Gebiet ist die auswärtige Politik. Für den Begriff und geistigen Horizont des Durchschnittsspießers gehört die auswärtige Politik zu jenem Abteil der Morgenzeitung, das er beim Morgenkaffee liest zur Zerstreuung seiner Sorgen oder von dem Gekeife seiner besseren Hälfte. Für die Arbeiterklasse dagegen ist die auswärtige Politik tief ernst und äußerst wichtig. Es ist nicht immer so gewesen. Wenn man das geistige Leben der Arbeiterschaft in den letzten Jahrzehnten verfolgt, so kann man förmlich den Puls dieses geistigen Lebens fühlen und beobachten, wie von Jahr zu Jahr bei der Arbeiterschaft die Aufmerksamkeit für die auswärtige Politik wächst. Trotzdem ist es noch immer nicht genug, es muss dahin gebracht werden, dass jede Arbeiterin und jeder Arbeiter verstehen lernt, dass es gilt, mit derselben Energie, Aufmerksamkeit und Leidenschaft wie die Fragen der inneren Politik alle Geschehnisse der Weltpolitik zu verfolgen. Jede Proletarierfrau und jeder Proletarier müssen sich heute sagen, es geschieht nichts in der auswärtigen Politik, was nicht die eigensten Interessen des Proletariats berührt. Wenn in Afrika von den deutschen Militärs die Neger unterdrückt werden [1], wenn auf dem Balkan die Serben und Bulgaren die türkischen Soldaten und Bauern niedermorden [2], wenn in Kanada bei den Wahlen die konservative Partei plötzlich die Oberhand gewinnt und die liberale Herrschaft zertrümmert [3], in allen Fällen müssen sich die Arbeiterinnen und die Arbeiter sagen, um eure Sache handelt es sich, eure Interessen stehen dort auf dem Spiel. Es ist Karl Marx gewesen, der uns schon viele Jahrzehnte, bevor diese Entwicklung so ausgeprägt zu erkennen war, Fingerzeige für die Erkenntnis dieser Erscheinung gegeben hat. In seiner berühmten Inauguraladresse sagte er unter anderem: Kämpfe um die auswärtige Politik bilden einen Teil des allgemeinen Kampfes für die Emanzipation des Proletariats, sie sind also ein Teil des Klassenkampfes. [4]

 

Gerade wenn wir die jetzige weltpolitische Lage vergleichen mit der Zeit, in der die Inauguraladresse erschien, können wir den Wandel der Zeiten ermessen. In den 60er Jahren noch waren der Drehzapf der weltpolitischen Lage die Nachwehen und Folgen der Teilung Polens durch Preußen, Österreich und Russland. [5] Die gegenseitige Reibungsfläche der Mitschuldigen an dem Raube war es, um die sich die weltpolitische Läge drehte. Wenn heute jemand fragt, was der Mittelpunkt der weltpolitischen Ereignisse ist, so würde selbst ein ernsthafter Politiker über diese Frage in große Verlegenheit kommen. Heute haben wir in der Nordsee einen solchen Punkt, in der Rivalität zwischen England und Deutschland. Im Mittelmeer besteht ein ganzer Knäuel von Gegensätzen und Widersprüchen. Der Frieden am Balkan [6] bedeutet die Zerreißung der europäischen Türkei und gleichzeitig die sichere Gewähr für den nächsten Krieg um die asiatische Türkei. Aber darin erschöpfen sich die internationalen Gegensätze nicht. Auf dem Leibe des unglücklichen Persiens wird der Kampf zwischen Russland und England ausgefochten. [7] Im vollsten Frieden wird ein Land und ein Volk zerstückelt. Ein Stück weiter nach Osten liegt der gewaltige Herd der Revolution in China. Von Asien führt der Weg über den Stillen Ozean nach Amerika. Hier erleben wir in den letzten Jahrzehnten immer neue Überraschungen. Seit die Vereinigten Staaten 1898 ihren ersten Kolonialkrieg mit Spanien um die Philippinen ausfochten, sehen die amerikanischen Kapitalisten begehrlich nach Asien. Daraus ist der Gegensatz zwischen Japan und den Vereinigten Staaten und England entstanden.

 

Auch wenn wir die Kriege der letzten 10 bis 15 Jahre betrachten, erkennen wir, wie sich der politische Horizont nach und nach erweitert hat. Man kann, grob gehauen, den Beginn dieser Umwälzung mit dem japanisch-chinesischen Kriege im Jahre 1895 beginnen. Der Krieg zeigte ein Land, das zum erstenmal zur Selbständigkeit erwachte. 1898 folgte der Krieg zwischen Amerika und Spanien, bei dem die Vereinigten Staaten zum erstenmal außerhalb ihres Landes kämpften. Der Burenkrieg von 1899 krönte eine Anzahl stiller Eroberungen, die England dort unten gemacht hatte. Dann kam der Hunnenfeldzug nach China, bei dem Wilhelm II. den Soldaten die Parole mit auf den Weg gab: Pardon wird nicht gegeben, Gefangene werden nicht gemacht. Die Soldaten sollten hausen wie die Hunnen, so dass nach tausend Jahren kein Chinese wagt, einen Deutschen scheel anzusehen. [8] 1904 brach der Krieg zwischen Russland und Japan aus, dem die russische Revolution folgte, an die sich die Revolution in Persien, in der Türkei und zum Teil in Indien anschloss. Wir haben dann in den letzten paar Jahren eine Reihe zuckender Blitze und Gewitter in China gehabt. Der Streit zwischen Frankreich und Deutschland um Marokko hat den Raubzug Italiens nach Tripolis und dieser wieder den Balkankrieg zur Folge gehabt. Die Triebkraft dieser Kriege ist das Bestreben, die noch nicht vom Kapitalismus erreichten Gebiete aufzuteilen.

 

Bis vor kurzer Zeit gab es in der Sozialdemokratie ein ganz einfaches Mittel, um zu entscheiden, wie wir uns zu einem Kriege zu stellen haben. Der Angriffskrieg wurde abgelehnt und verdammt, dagegen müsse auch die Sozialdemokratie für den Verteidigungskrieg eintreten. Genosse Bebel, der so viel Ausgezeichnetes, manchmal aber auch, wie jeder Mensch, weniger Ausgezeichnetes gesagt hat, hat ja einmal im Reichstage erklärt, er wolle bei einem Verteidigungskriege trotz seiner alten Tage noch die Flinte auf den Buckel nehmen. [9] Diese Weisung ist schon deshalb nicht brauchbar, weil die Unterscheidung zwischen Angriffs- und Verteidigungskrieg unter den Händen zerrinnt oder wie eine Seifenblase zerplatzt. In den Kriegen der französischen Revolution gab die französische Regierung die Kriegserklärungen ab, und doch waren es Verteidigungskriege, die das Werk der Revolution gegen die Reaktion schützten. Der Krieg auf dem Balkan ist formal genommen ein Angriffskrieg gegen die Türkei. Aber die Machthaber der angreifenden Nationen zerfließen in Beteuerungen über die Verteidigung der heiligsten nationalen Rechte und des christlichen Glaubens gegen die Türken, und auch sie haben recht. Daraus haben wir den Schluss zu ziehen, wir als Proletarier haben uns gegen jeden Krieg zu wenden, gleichviel ob Angriffs- oder Verteidigungskrieg. Wir erkennen in ihm eine Folge des Imperialismus, und wie den Imperialismus als Ganzes, so bekämpfen wir auch jede seiner Teilerscheinungen.

 

Ein Notbehelf in unsrer Taktik ist, dass sich die deutsche Sozialdemokratie auf den Boden des Dreibunds stellt, das heißt, dass sie die Vereinigung der deutschen, österreichischen und italienischen Diplomatie unterstützt. Es ist tief bedauerlich, dass erst vor einigen Wochen, als die neue Militärvorlage im Reichstage verhandelt wurde [10], Genosse David der Regierung im Auftrage der Fraktion öffentlich erklärte, wir Sozialdemokraten stehen auf dem Boden des Dreibunds, wobei nur der Vorbehalt gemacht wurde, der Dreibund müsse ein braver Knabe sein und für den Frieden wirken. [11] Leider sind wir nicht allein damit geblieben, denn fast am gleichen Tage hat im Wiener Parlament Genosse Renner eine ähnliche Erklärung für die österreichische Sozialdemokratie abgegeben. Vom Dreibund, von einer kapitalistischen Bündnispolitik, die den Krieg vorbereiten soll, erwarten, sie solle für den Frieden wirken, das ist das Beginnen eines Menschen, der vom Distelstrauch Feigen pflücken will Man muss nur einmal die Resultate des Dreibunds betrachten. Seine erste Folge war, dass Frankreich zu der schmachvollen Allianz mit Russland förmlich getrieben wurde und dass England mit Frankreich und Russland zu jenem dreieckigen Verhältnis gebracht wurde. [12] Eine andre Folge des Dreibunds sind die ungeheueren Rüstungen Deutschlands gegen Frankreich und Russland und ebenso die Rüstungen Österreichs. Wo war denn auch der Dreibund, als es galt, den Frieden zu erhalten, als eine Dreibundmacht Tripolis überfiel oder als Österreich Bosnien und die Herzegowina annektierte? Es ist eine alte Binsenwahrheit, dass, wo zwei oder drei kapitalistische Staaten die Köpfe zusammenstecken, es sich immer um die Haut eines vierten kapitalistischen Staates handelt. Welche Naivität gehört dazu, von diesem Bündnis zu erwarten, es sollte eine Gewähr sein für den Frieden. Es gibt ein internationales Bündnis, das sich als einzige Gewähr für den Frieden herausgestellt hat. Das einzige Bündnis, auf das zu rechnen ist, das ist das Bündnis aller revolutionären Proletarier der Welt!

 

Wir haben auch noch mit einer andern Illusion, die Verwirrung anrichten kann, reinen Tisch zu machen, nämlich mit der Illusion von der Abrüstung. Vor einigen Jahren gefiel es dem englischen Minister Grey, eine schöne Rede zu halten, in der er für eine Verständigung über die Rüstungen eintrat. [13] Kaum hatte man dies bei uns gehört, so sagten einige Genossen unsrer Reichstagsfraktion: Bravo, der Mann spricht wie ein Buch. Sie glaubten, auf diese Weise könnten wir von dem Krieg nach rückwärts zu dem Frieden kommen. Als aber Grey so sprach, hatte er schon eine neue Flottenvorlage in der Tasche und statt der Abrüstungen kamen ungeheuere neue Rüstungen. Auch in Deutschland war es ja ähnlich. In der Budgetkommission redete der Kriegsminister einer Verständigung mit England das Wort. [14] Das gab ein großes Hallo! Ein deutscher Kriegsminister, der wie eine Taube den Ölzweig des Friedens im Schnabel hielt; das war in Wirklichkeit das Vorspiel zu der ungeheueren Militärvorlage. Man muss doch geradezu die Augen schließen, um nicht zu sehen, dass die Rüstungen eine naturnotwendige Konsequenz der ganzen ökonomischen Entwicklung sind. Solange das Kapital herrscht, werden Rüstungen und Krieg nicht aufhören. Alle großen und kleinen kapitalistischen Staaten sind jetzt in den Strudel der Wettrüstungen gerissen. Es war immer das Vorrecht der Sozialdemokratie, dass sie mit ihren Bestrebungen nicht im Wolkenkuckucksheim wurzelte, sondern mit festen Füßen auf dem realen Boden stand. Wir haben bei allen Erscheinungen in der Politik immer gefragt, wie sich diese Erscheinungen mit der kapitalistischen Entwicklung vereinbaren. Wie haben wir doch über die bürgerlichen Friedenspolitiker gelacht, diese guten Leute und schlechten Musikanten. Es ist eine hoffnungslose Utopie, zu erwarten, dass durch unsre Propaganda für die Abrüstung die kapitalistischen Staaten aufhören werden zu rüsten. Die Rüstungen sind eine fatale Konsequenz der kapitalistischen Entwicklung, und dieser Weg führt in den Abgrund.

 

Wir haben ein ganz anderes Ziel zu verfolgen, das uns klar und deutlich unsre historische Aufgabe stellt, das Milizsystem, die Bewaffnung des Volkes, wie sie unser Programm verlangt. Wir haben die Pflicht, dem Volke zu sagen, dass es aufhören muss, Kadavergehorsam zu zeigen, dass es seine eignen Interessen wahrnehmen muss. Allerdings, die Forderung der Miliz ist etwas ganz anderes als die Abrüstung der herrschenden Klasse; das Milizsystem kann einzig und allein nur aus der Tatkraft des Proletariats hervorgehen. Wir täuschen uns nicht, wir glauben nicht, dass wir von heute auf morgen die Miliz einführen können. Eine Heeresorganisation, bei der das Volk in Waffen entscheidet, ob es in den Krieg ziehen will oder nicht, lässt sich nicht vereinbaren mit der Herrschaft der Krupps und der Rüstungskartelle. Um die Miliz einzuführen, müssen wir die herrschenden Klassen stürzen, das bedeutet eine Revolution, ein gewaltiges Stück historischer Arbeit. Aber soll das ein Anlass sein, unsre Forderung wie ein Familienheiligtum sorgfältig im Schrank aufzubewahren, um es immer bei besonders feierlichen Gelegenheiten hervorzuholen?

 

Nein! Wir müssen die Miliz fordern im täglichen Aktionsprogramme; das Volk muss wissen, dass die Durchführung der Forderung den Sturz der Junkerherrschaft voraussetzt. In Frankreich erleben wir jetzt den stürmischen Protest gegen die dreijährige Dienstzeit, dort beginnt schon die Opposition gegen den militärischen Kadavergehorsam. Sollte der deutsche Arbeiter dümmer und schlechter und feiger sein? Ich glaube, dass wir nicht umsonst vier Millionen sozialdemokratische Stimmen zählen und nicht umsonst 50 Jahre sozialistischer Geschichte hinter uns haben. Auch die Zeit wird kommen, wo die deutsche Arbeiterschaft sich nicht mehr kommandieren lässt, wo Sie sich wie ein Mann erhebt und sagt: Ich will es nicht, ich tue es nicht! (Lebhafter Beifall)

 

Eine Folge der Rüstungsdelirien ist der schmachvolle Niedergang des Parlamentarismus. In Deutschland ist jede bürgerliche Opposition aus dem Parlament verschwunden, es gibt keine Rüstungsvorlage, die nicht von den getreuen Regierungsmamelucken bewilligt würde. Die Regierung braucht nur zu pfeifen, und die Parlamente springen wie die Pudel. Wir arbeiten bei Reichstagswahlen im Schweiße unseres Angesichts, um soviel Vertreter als möglich in den Reichstag zu schicken, wenn es aber einen Arbeiter gibt, der da meint, es genüge, einen Stimmzettel abzugeben, so kann er mir nur leid tun. Im gleichen Maße, in dem mehr Sozialdemokraten in die Parlamente geschickt werden, sinken diese Parlamente immer mehr zu einem Feigenblatt des Absolutismus herab. Als die Chinaexpedition [15] ausgerüstet wurde, waren die Abgeordneten bei Muttern, nachher gewährten die Vertreter des Bürgertums für die schon verausgabten Mittel mit hündischer Beflissenheit Indemnität. In England, wo das Zeremoniell des parlamentarischen Hokuspokus besonders ausgebildet ist, liegen die Verhältnisse genauso, schrieb doch ein englisches Blatt, der dreimal heilige Parlamentarismus ist auf dem besten Wege, den Laden zu schließen. Wie in Deutschland und England ist es auch in Österreich und in andern Staaten: Der Parlamentarismus gerät immer tiefer in den Sumpf. Was wären wir Sozialdemokraten wert, wenn wir unsre Hoffnungen auf den Parlamentarismus setzen wollten? Die Schwerkraft der sozialdemokratischen Politik muss in die Massen verlegt werden, das Parlament bleibt nur noch eine – allerdings bedeutende – Rednertribüne, von der aus die sozialistische Aufklärung erfolgen und die Masse aufgepeitscht werden soll. Dass die Masse handeln kann, wenn es nötig ist, dafür haben wir in der letzten Zeit genug Beweise gehabt. Man sagt uns oft mit den Kassen- und Mitgliedsbüchern in der Hand, wir haben noch nicht genug Mitglieder, die Kassen sind noch zu schwach, um große Aktionen durchführen zu können. O über diese kleinen Rechenmeister! Ich unterschätze nicht den Wert der Organisationen, man kann sie nicht hoch genug schätzen, Aber es wäre höchst falsch, wenn man annehmen wollte, erst müsste der letzte Arbeiter und die letzte Arbeiterin eingeschriebenes Mitglied der Partei sein, ehe der große Marsch gegen den Kapitalismus angetreten werden könne. In Belgien haben erst jetzt 400.000 Mann 10 Tage lang mit verschränkten Armen dagestanden, um politische Rechte zu erobern, wenn ich auch der Meinung bin, dass man sie nicht zur rechten Zeit ins Feuer geführt hat. [16] Dabei hat die belgische Arbeiterschaft bei weitem nicht so gute Organisationen wie die deutsche. Auch das Beispiel der russischen Revolution hat ja bewiesen, was die Masse kann. 1906 hatte das russische Proletariat keine gewerkschaftlichen und keine politischen Organisationen, und wenige Jahre darauf waren im Feuer der Revolution feste proletarische Organisationen geschmiedet.

Es ist nötig, dass wir unsre Kraft, die elementare Kraft der großen Masse, nicht unterschätzen, denn die Gefahr, dass wir unsre Kräfte unterschätzen, ist größer als etwa eine Überschätzung unsrer Kräfte. Wir müssen den Proletariermassen sagen, wenn wir jetzt, nach 50 Jahren der Entwicklung, in unsern Reihen Millionen zählen, dass dies nicht bloß zum Stolz berechtigt, sondern auch zu Taten verpflichtet. Je mehr wir wachsen, um so mehr sind wir verpflichtet, die ganze Wucht unsrer Masse in die Waagschale zu werfen. Wir müssen die Massen aufklären und ihnen sagen, wenn die Kapitalisten die Welt verteilen, so sind wir die Erben dieser halsbrecherischen Unternehmungen. Wir müssen jenen Mut, jene Entschlossenheit und Rücksichtslosigkeit in der Verfolgung unsrer Aufgaben zeigen, die von den bürgerlichen Revolutionären aufgebracht wurde, die Danton zusammenfasste, als er sagte, in bestimmten Situationen brauche man als Parole nur drei Worte: Kühnheit, Kühnheit und noch einmal Kühnheit! (Stürmischer Beifall)

Anmerkungen

1. Im Jahre 1904 hatten sich in Südwestafrika die Völker der Hereros und der Hottentotten gegen die Kolonialherrschaft des deutschen Imperialismus erhoben. Der Aufstand, der den Charakter eines Freiheitskrieges trug, endete mit einer verlustreichen Niederlage dieser Völker, nachdem die deutschen Kolonialtruppen drei Jahre lang mit äußerster Grausamkeit gegen sie vorgegangen waren.

2. Von Oktober 1912 bis Mai 1913 führten Bulgarien, Serbien, Griechenland und Montenegro Krieg gegen das türkische Reich, der mit einer Niederlage der Türkei endete. Dieser Krieg war in seiner Haupttendenz ein nationaler Krieg gegen die türkische Fremdherrschaft auf dem Balkan. Infolge der Einmischung der imperialistischen Großmächte gefährdete er den Frieden in Europa.

3. Mit dem Sieg der konservativen Partei bei den Wahlen zum Unterhaus in Kanada im September 1911 war eine fünfzehnjährige Herrschaft der liberalen Majorität beseitigt worden.

4. Siehe Karl Marx, Inauguraladresse der Internationalen Arbeiter-Association, in Karl Marx u. Friedrich Engels, Werke, Bd. 16, Berlin 1971, S. 13.

5. Im Ergebnis der die Teilungen Polens in den Jahren 1772, 1793 und 1795 wurden die Westgebiete von Preußen, Galizien von Österreich und die Ostgebiete von Russland annektiert. 1815 wurde vom Wiener Kongress das Königreich Polen (Kongresspolen) geschaffen, das in Personalunion mit Russland verbunden wurde.

6. Im Friedensvertrag von London, der am 30. Mai zwischen den Balkanstaaten und der Türkei abgeschlossen wurde, musste die Türkei fast alle Gebiete auf der Balkanhalbinsel an die Balkanstaaten abtreten.

7. Unter dem Einfluss der Revolution in Russland von 1905 bis 1907 hatte sich in Persien eine bürgerlich-demokratische Massenbewegung entwickelt, die zur Einschränkung des Absolutismus und zur Einführung der konstitutionellen Regierungsform geführt hatte. Mit aktiver Unterstützung Großbritanniens und des zaristischen Russlands, die im Süden bzw. Norden Persiens die revolutionären Kräfte mit Waffengewalt unterdrückten, gelang es den reaktionären Kräften in Persien, Ende 1911 die Revolution niederzuschlagen.

8. Am 27. Juli 1900 hatte Wilhelm II. in Bremerhaven die Truppen der Chinaexpedition mit einer chauvinistischen Hetzrede, berüchtigt geworden als Hunnenrede, verabschiedet und zu äußerster Brutalität gegenüber den chinesischen Freiheitskämpfer aufgefordert.

9. August Bebel hatte am 7. März 1904 im Reichstag zur Haltung der Sozialdemokratie im Falle eines Angriffskrieges ausländischer Mächte gegen Deutschland gesprochen. Dabei war er von der von Karl Marx und Friedrich Engels wie auch von ihm selbst oft betonten, für das 19. Jahrhundert richtigen Erkenntnis ausgegangen, dass ein nationaler Verteidigungskrieg gegen den Zarismus und mit ihm verbündete Mächte im Interesse der Entwicklung der Arbeiterbewegung möglich und notwendig hätte sein können. Bebel hatte nicht gesehen, dass diese Auffassung durch die Veränderung des nationalen und internationalen Kräfteverhältnisses im Imperialismus überholt war.

10. Ende 1913 war im Reichstag ein Militär- und Deckungsvorlage eingebracht worden, die die größte Heeresverstärkung seit Bestehen des Deutschen Reiches vorsah. Ein Teil der zusätzlichen finanziellen Mittel sollte durch einen außerordentlichen Wehrbeitrag und durch Besteuerung aller Vermögen über 10.000 Mark aufgebracht, der übrige teil auf die Schulter der werktätigen Bevölkerung abgewälzt werden. Die sozialdemokratische Fraktion lehnte die Militär- und Deckungsvorlage ab, stimmte aber einer einmaligen Vermögensabgabe (dem sogenannten Wehrbeitrag) und einer Vermögenszuwachssteuer zur Finanzierung der Heeresvorlage zu. Der Abstimmung waren scharfe in der Fraktion vorausgegangen, die damit endeten, dass die Revisionisten unter Missbrauch der Fraktionsdisziplin den Widerstand von 37 abgeordneten unterdrückten. Diese Zustimmung zu den Gesetzen bedeutete das Aufgeben des Grundsatzes „Diesem System keinen Mann und keinen Groschen!“

11. Diese Erklärung hatte der Opportunist Eduard David bereits am 3. Dezember 1912 im Namen der sozialdemokratischen Fraktion abgegeben. Er befürwortete die imperialistische Außenpolitik und erklärte die deutsche Sozialdemokratie zu einer Stütze des Dreibundes, sofern dieser ein „Defensivbündnis“ darstellte.

12. Nachdem Frankreich und Russland sowie Großbritannien und Frankreich bereits verbündet waren, hatten sich Großbritannien und Russland im August 1907 über die Abgrenzung ihrer Interessensphären geeinigt. Damit war die Triple-Entente als imperialistischer Machtblock entstanden.

13. Am 13. März 1911 hatte der Außenminister Sir Edward Grey anlässlich der Vorlage des neuen Marineetats im britischen unterhaus über Möglichkeiten der Rüstungseinschränkung, speziell eines Vertrages mit Deutschland gesprochen, da die Rüstungsausgaben ein „Verbluten in Friedenszeiten“ bedeuten würden. Der Marineetat wurde angenommen und brachte gegenüber dem Vorjahr eine Erhöhung der Ausgaben um vier Millionen Pfund Sterling.

14. Nicht der Kriegsminister, sondern der Staatssekretär im Reichsmarineamt Alfred von Tirpitz hatte am 6. Februar 1913 in der Budgetkommission des Reichstags ausgeführt, dass er eine Verständigung mit Großbritannien begrüßen würde und dass Verhandlungen möglich seien, sobald Großbritannien damit beginnen wolle und Vorschläge unterbreite.

15. Im Jahre 1900 hatte die deutschen Imperialisten die Ermordung des deutschen Gesandten in Peking während des Aufstandes der Ihotuan zum Anlass genommen, um durch die Entsendung eines Expeditionskorps nach China ihr Vordringen in Ostasien zu sichern. Zusammen mit den Truppen anderer Imperialistischen Mächte schlugen die deutschen Interventionstruppen die chinesische Befreiungsbewegung grausam nieder.

16. Am 14. April 1913 begann in Belgien ein politischer Massenstreik für das allgemeine Wahlrecht, der seit Juni 1912 durch ein spezielles Komitee organisatorisch, finanziell und ideologisch im ganzen Land sorgfältig vorbereitet worden war. Am Streik beteiligten sich etwa 450.000 Arbeiter. Am 24. April 1913 beschloss der Parteitag der belgischen Arbeiterpartei den Abbruch des Streiks, nachdem sich das belgische Parlament dafür ausgesprochen hatte, die Reform des Wahlrechts in einer Kommission erörtern zu lassen.

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Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009