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Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 20:53

comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com

 

 

L'intervention de David Muhlmann, lors du colloque Présence de Rosa Luxemburg, illustre parfaitement ce qui a été dit dans le précédent article, à savoir l'importance d'une démarche partant de Rosa Luxemburg pour nous aider à réfléchir sur le monde actuel. Il s'agissait en effet selon le titre de la table ronde de s'interroger sur l'actualité de Rosa Luxemburg.

 

Muhlmann a distingué plusieurs points. Si nous ne partageons pas toujours les conclusions tirées, nous avons particulièrement apprécié cette mise en évidence d'éléments, qui nous ont semblé réellement pertinents pour réfléchir le monde actuel.

 

 

1. La voie révolutionnaire

 

Pour D. Mühlmann, il ne s'agit pas chez Rosa Luxemburg seulement d'une posture et en cela elle se distingue de militants comme Kautsky ou Barbusse qui eux aussi ont critiqué Bernstein.

Elle fait l’effort en effet d’analyser les dynamiques qui soutendent les différentes positions et surtout elle refuse la pacification des rapports de classes, l'idée qu'il serait possible de conquérir le pouvoir sans s'affronter.

C'est un acquis fondamental: de sa pensée que de montrer que le socialisme nécessite un saut qualitatif dans les lutte sociales, et que l'on ne peut pas y arriver, sans un affrontement, sans ce saut qualitatif.

On ne peut pas reformer le mode de proprieté sans s’attaquer à l’appareil d’Etat :  il y a nécessité de briser par la force cet appareil.

C'est la leçon de la Commune et des analyses historiques de Marx. Car l'histoire a bien montré que quand elle se voyait en danger, la bourgeoisie a toujours mobilisé l'appareil d'Etat. C'est aussi la leçon du Chili et de la révolution spartakiste qui a échoué à partir du moment où le militarisme s'alliait à la bourgeoisie pour le combattre.

Pour D. Mühlmann, c'est là un des enseignements de Rosa Luxemburg ; il faut s'attendre à un affrontement armé si l'on s'engage dans cette voie

 

 

2. La spontanéité

 

Le deuxième point aborde l'idée de spontanéité et Mühlmann distingue de manière intéressante les notions de spontanéisme et de spontanéité.Et c'est bien ce deuxième point qu'il voit à l'oeuvre chez.Rosa Luxemburg.

Selon lui, pour Rosa Luxemburg, la révolution ne se décrète pas ; mais il existe une réelle capacité des masses à se mobiliser et  elle parie toujours sur l’intelligence des masses.

Des masses qui sont dans un  processus d’auto-émancipation.

Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il n'y ait pas de préparation . Bien au contraire, d'où l'importance pour elle, des partis. Il n'y a pas de spontanéité, sans parti sans préparation.

 

 3.Quel socialisme

 

Rosa Luxemburg choisit la voie démocratique, mais elle montre une vigilance constante à la fois contre la bureaucratie, la bureaucratisation du parti allemand, mais aussi face à Lénine. Ainsi en 1904, elle critique la sclérose, le conspirationnisme.

Elle refuse aussi bien l'affadissement que le jusqu’au boutisme bureaucratique. Il ne s'agit pas comme le veut une gauche avant-gardiste, de s’emparer du pouvoir d’Etat et ensuite de le faire fonctionner au service des travailleur.

D. Mühlmann avance alors l'idée suivante. Il ne faut pas céder sur la liberté au profit de l’égalité.

 

 

4. Celle qui a su tenir bon sur l’internationalisme

 

Rosa Luxemburg est celle qui a su tenir bon sur l'internationailsme, un internationalisme de principe contre le chauvinisme délirant de l'époque.

Mais il s'agit de plus d'un internationalisme original..Pas d'un internationalisme pacifiste. C’est "guerre  à la guerre" devenu "la guerre transformée en guerre civile". Etre offensif malgré la guerre, contre la guerre. Pas un pacifisme social-démocrate;

Mais avoir comme par réflexe une sensibilité pour les opprimés, au- dela des frontières.

Il y a alors un point de complication : le nationalisme progressiste, les luttes de libération nationale dont elle ne reconnaît pas la validité même dans les pays opprimés. Et Muhlmann considère qu’elle a eu raison si l'on considère le mouvements de décolonisation. L'anti-impérialisme peut être aujourd’hui un point de contradiction s'il n'est pas lié à des contenus de classe.

 

5. Critique d’une vision linéaire de l’histroire

 

Muhlman discute en abordant ce point l"idée que le capitalisme doit nécessairement être vaincu et que les forces économiques travailleraient pour nous .Au contraire pour lui, le capitalisme peut porter avec lui le capitalisme et mener au pire. La barbarie est possible, le socialisme n’est pas garanti.

 C'est par exemple ce que nous apprend le développement de l’écologie : le capitalisme peut aller jusqu’à miner, détruire  et non pas offrir une perspective. Il souligne alors l'oginalité de Rosa Luxemburg qui n'est certes pas un penseur de l'écologie mais qui a une approche unique comme penseur marxiste. Il y a une certaine sensibilité à la nature qui caractérise Rosa luxemburg : voir les lettres, son herbier...

De même quand elle étudie la religion, elle pointe un certain progressisme du christianisme primitif  et témoigne alors d'une capacité à étudier le passé pour comprendre l’avenir;

 

 

Conclusion

 

Rosa Luxemburd nous invite à un marxisme critique de l’Etat

Son analyse de la dégénerescence socialdémocrate reste essentielle.

 

Cet article est en devenir. Nous avons voulu rapidement donner accès aux idées développées lors de cette intervention.Le texte devrait en être publié bientôt et permettre une discussion plus précise de son contenu.

 

 

 

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6 mars 2011 7 06 /03 /mars /2011 08:50

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Trotsky, Lénine, libertaires, et encore Trotsky, chacun voit Rosa Luxemburg à sa porte.

 

Et si l'on acceptait une approche de Rosa Luxemburg à partir de Rosa Luxemburg elle-même. A savoir son inscription dans un parti social-démocrate tout au long de sa vie ,et qu'elle tentera de porter vers une voie révolutionnaire, au point à chaque fois qu'un espoir de révolution naissait, de tout abandonner pour la rejoindre.

 

Ne convient-il pas surtout d'interroger cet engagement-là qui fut celui de tant de militants de la seconde Internationale de Jaurès à Rosa Luxemburg, de Bebel à Liebknecht. Ses courants, ses principes, et surtout, malheureusement ses limites.

 

Le colloque qui s'est tenu le 5 mars était d'un grand intérêt quand il s'attachait à la pensée et l'action de Rosa Luxemburg, presque affligeant et attristant quand il s'enlisait dans des comparaisons à n'en plus finir.

 

Pas de regrets d'y avoir assisté, pour les intervenants à la tribune surtout, mais frustration sur un débat toujours trop verrouillé, par ceux qui ne peuvent voir Rosa Luxemburg que par le bout de leur lorgnette idéologique.

 

Aussi reprendrons-nous dans les prochains articles des éléments que nous avons pu retenir de David Muhlmann, des intervenants sur le livre édité aux éditions l'Epervier, de Claudie Weil. (Nous n'avons pas entendu la première intervention sur Rosa Luxemburg et la France).

 

Parce que ces interventions donnent des éclairages précis et concrets sur des moments ou sur des points de l'action et de la pensée de Rosa Luxemburg. Et parce qu'ils ont apporté à nos yeux, de réels éléments de compréhension et de discussion.

 

C'est la philosophie du blog.

 

Et nous restons convaincus après ce colloque de l'importance d'une démarche qui s'attache  à  approfondir l'action de Rosa Luxemburg au jour le jour, car elle elle permet d'éclairer et d'expliquer ses choix politiques, ses grands textes théoriques, son approche économique marxiste des situations loin d'une discussion stérile à partir de comparaisons, d'à peu près, d'approximations  qui marquent trop souvent l'approche de l'action de Rosa Luxemburg.

 

Cette démarche est possible grâce à l'existence de la correspondance qui indique presque systématiquement en contre-point les conditions d'écriture ou d'action de Rosa Luxemburg. Grâce aux centaines d'articles publiés par elle. Grâce à la résonance de ses écrits et de son action. Cet immense corpus permet  si l'on s'en donne la peine d'analyser de manière concrète ses réactions face à un événement et par cet intermédiaire de s'interroger sur l'action politique nécessaire.

 

En ce sens nous rejoignons ce que nous souhaitions, en donnant le nom au blog: comprendre la réalité d'aujourd'hui en nous appuyant aussi sur ce que peut nous apporter Rosa Luxemburg.


 


Présence de Rosa Luxemburg

 

La fondation Gabriel Peri participe au colloque organisé par le mensuel Regards et la revue Approches marxistes à l’occasion du 140e anniversaire de la révolutionnaire allemande.

 

Samedi 5 mars 2011, 9h-18h
Espace Niemeyer
2, place du Colonel Fabien, Paris 19e
Métro Colonel Fabien
Entrée libre

 

 

Présidence : Roger Martelli et Jean Jacques Karman

 

Programme :

Table ronde de 9h à 11h
Rosa Luxemburg et la France

Introduction à la discussion Jean-Numa Ducange, maître de conférences en Histoire contemporaine

Table ronde de 11h / 13h
Rosa Luxemburg et la 2ème Internationale

Introduction à la discussion Claudie Weill, ingénieur de recherche (Centre de recherches interdisciplinaires sur l’Allemagne)

 

13h / 14h Pause restauration

Table ronde de 14h / 16h
Le KPD 1919/1924 et les idées de Rosa

Introduction à la discussion Dr Bernhard Bayerlein, historien, chercheur associé au Centre d’histoire contemporaine (ZZF), Potsdam

Table ronde de 16h / 18h Actualité des Idées de Rosa Luxemburg

Introduction à la discussion David Muhlmann, docteur en sociologie, psychanalyste



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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 22:03

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France Culture la nuit et la voix de Rosa Luxemburg qui résonne dans le silence de sa cellule et de la nuit.

Qui traverse la nuit et le temps.

 

D'autant plus prenante que le hasard la fait apparaître entre deux sommeils,

A l'orée d'un éveil.

 

De sa cellule, écrites il y a près de 100 ans, les lettres s'égrennent dans le temps d'aujourd'hui.

Les mots prennent la force du noir de la nuit qui les entoure.

Ils éveillent l'écho d'un autre enfermement. La description du silence si particulier connu des enfermés.

 

La voix d'Anouk Grinberg.

Est-ce ainsi qu'elle pensait ses mots, Rosa Luxemburg?

Peut-être moins rêche, moins abrupte qu'on ne la présente souvent.

 

Mais chacun doit la lire en fonction de soi-même, je suppose.

 

Une fréquentation quotidienne la fait ressentir plus universelle,  

si universelle,

Oui,moins abrupte, moins rêche,

Toute en nuances.

 

Et cependant, Anouk Grinberg donne une voix paradoxale aux mots,

une vie parlée, à ce qui fut seulement pensé et écrit,

puisqu'écrit prisonnier.

 

Et la voix de Rosa Luxemburg semble s'élever au sein de ce silence si particulier de la nuit, connu des enfermés

 

France-Culture la nuit, Rosa la vie

3 mars 2012

 

(La nuit rêvée de ... Carol Mann et les moments si précieux de ces rediffusions de France-Culture, parenthèse invraisemblable dans un monde d'abêtissement, d'exploitation)

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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 09:25

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Aux éditions de l'Epervier vient de paraître cet ouvrage.

 

Les parutions et les spectacles, les références et citations se multiplient depuis deux ans autour de Rosa Luxemburg.

 

Ils montrent la résonnance aujourd'hui de l'action d'un courant si minoritaire au sein du mouvement ouvrier international, qu'il sera réprimé, assassiné au sens propre en 1918. Mouvement contre la guerre qui deviendra mouvement spartakiste et tentative révolutionnaire.

 

Reprendre comme dans cet ouvrage, des documents correspondant à un moment précis  est très intéressant car cela permet un éclairage en profondeur, d'une lutte contre la guerre qui a marqué toute l'action de Rosa Luxemburg.

 

Entre la mobilisation de ce courant dès 1914, la parution en pleine guerre de l'Internationale (Un numéro, 1915) et la participation de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht à la révolution qui a éclaté dès la signature de l'armistice, ce sont ici des textes qui sont rassemblés sur la manifestation de 1916 et  le procès de Karl Liebknecht. 

 

(Notre blog donne accès à de nombreux textes et documents relatifs à l'action de Rosa Luxemburg contre la guerre. C'est en effet avec la question nationale, les questions de "tactique", les analyses économiques du capital, ce qui a motivé l'existence même du blog.)



 

 

Luxemburg-Liebknecht PremCouv

Le 1er mai 1916, à Berlin, un groupe d’hommes et de femmes décide de dire non à la guerre. Ils manifestent contre les forces du militarisme d’État. Ils se dressent également contre ceux qui, à l’intérieur de leur propre parti, ont choisi de participer à l’Union Sacrée et soutiennent la boucherie. Au milieu de plusieurs milliers de manifestants, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg scandent leur slogan : « À bas la guerre ! À bas le gouvernement ! ». Il faut saluer le courage de ces deux grandes figures du socialisme allemand. Leur geste pacifiste va coûter à chacun d’eux plusieurs années d’emprisonnement. Karl Liebknecht, aussitôt traduit devant un tribunal militaire, ne sera libéré qu’à la fin de 1918. Rosa Luxemburg, soumise à un régime exceptionnel de réclusion, passera la quasi-totalité de la guerre en prison. Pourtant un groupe est né qui va avoir une influence déterminante sur l’histoire de l’Allemagne : le groupe Spartakus.

La lecture des documents relatifs au fameux « procès Liebknecht » nous fait revivre l’époque de la naissance de ce groupe. Les textes de Karl Liebknecht font l’objet d’une première traduction en français. Ils jettent un regard nouveau sur les analyses des causes de la guerre, élaborées par des révolutionnaires

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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 20:52
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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 09:02

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Déjà publié sur ce blog, cet extrait d'un texte de Rosa Luxemburg analyse le processus qui a amené à la révolution russe de 19O5.  Elle montre le phénomène complexe qu'est le processus révolutionnaire -et le rôle que joue dans ce processus la grève de masse - le rapport aux partis, aux syndicats, la logique du mouvement qui intègre et dépasse tout ce qui l'organise habituellement. Elle insiste aussi sur la conscience et l'éducation politique qui permet ce processus. Si certains y ont vu un éloge du spontanéisme, il apparaît clairement que ce processus, s'il dépasse organisations, syndicats et partis, s'appuie sur une situation qui impose les conditions de la grève du fait de l'exploitation exacerbée que connaît la classe ouvrière, sur une capacité à utiliser les cadres politiques et syndicaux pour aller plus loin et imposer à ces partis, organisations et syndicats, une action non plus réformiste mais révolutionnaire. Pour Rosa Luxemburg:

 

" la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution."


" ... Dans les pages qui précèdent nous avons tenté d'esquisser en quelques traits sommaires l'histoire de la grève de masse en Russie. Un simple coup d’œil rapide sur cette histoire nous en donne une image qui ne ressemble en rien à celle qu'on se fait habituellement en Allemagne de la grève de masse au cours des discussions. Au lieu du schéma rigide et vide qui nous montre une « action » politique linéaire exécutée avec prudence et selon un plan décidé par les instances suprêmes des syndicats, nous voyons un fragment de vie réelle fait de chair et de sang qu'on ne peut arracher du milieu révolutionnaire, rattachée au contraire par mille liens à l'organisme révolutionnaire tout entier. La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

Ce texte est largement disponible sur le net, il est à la fois une "leçon" d'histoire - comme le sont les textes de Marx et Engels, vivants, pleins d'humour et précis - et une réflexion.

Publié le 7 mars 2009
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15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 10:42

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Suite de la lecture de rosalux d'André Benedetto.

 

"L'ordre règne ..." On s'achemine vers la fin de la pièce.Les fils se rejoignent: l'ordre règne à Marseille, l'ordre règne à Berlin. Rosa Luxemburg est assassinée et le sens s'impose. Ce sont les mêmes forces qui sont à l'oeuvre. C'est le capitalisme qui introduit par intérêt la peste à Marseille, qui assassine la révolution spartakiste, qui assassine Rosa Luxemburg. C'est pourquoi sa voix, sa présence s'impose à l'auteur. Pour lire le début de "Une lecture de Rrosalux d'André Benedetto, le lien vers l'article:

 

Une lecture de Rosa Lux d'André Benedetto ou la présence incessante de Rosa Luxemburg

 

ROSA LUX 

P.J. OSWALD 

1970

P 65/66


 

" L'ordre règne à Varsovie", "l'ordre règne à Paris", "l'ordre règne à Berlin". Tous les demi-siècles, les gardiens de "l'ordre" lancent ainsi dans un des foyers de la lutte mondiale leurs bulletins de vctoire. Et ces "vainqueurs" qui exultent ne s'aperçoivent pas qu'un "ordre" qui a besoin d'être maintenu périodiquement par de sanglantes hécatombes va inéluctablement à sa perte. Cette " semaine spartakiste" de Berlin, que nous a-t-elle apporté, que nous enseigne-t-elle? Au coeur de la mêlée, au milieu des clameurs de triomphe de la contre-révolution, les prolétaires révolutionnaires doivent déjà faire leur bilan des événements, les mesurer, eux et leurs résultats, au grand étalon de l'histoire. La révolution n'a pas de temps à perdre, elle poursuit sa marche en avant, - par-dessus les tombes encore ouvertes, par delà les "victoires" et les "défaites" - vers ses objectifs grandioses. Et le premier devoir de ceux qui luttent pour le socialisme internationaliste, c'est d'étudier avec lucidité sa marche et ses lignes de force. Car il faut étudier dans quelles conditions la défaite s'est chaque fois produite. Résulte-t-elle du fait que l'énergie des masses est venue se briser contre la barrière des conditions historiques qui n'avaient pas atteint une maturité suffisante, ou bien est-elle imputable aux demi-mesures, à l'irrésolution, à la faiblesse interne qui ont paralysé l'action révolutionnaire?

 

A  la lumière de cette question historique, comment juger la défaite de ce que l'on appelle la semaine "spartakiste"? Provient-elle de l'impétuosité de l'énergie révolutionnaire et de l'insuffisante maturité de la situation, ou de la faiblesse de l'action menée? De l'une et de l'autre! Le double caractère de cette crise, la contradiction entre la manifestation vigoureuse, résolue, offensive des masses berlinoises et l'irrésolution, les hésitations, les atermoiements de la direction, telles sont les caractéristiques de ce dernier épisode.

 

La direction a été défaillante. Mais on peut et on doit instaurer une direction nouvelle, une direction qui émane des masses et que les masses choisissent. Les masses constituent l'élément décisif, le roc sur lequel on bâtira la victoire finale de la révolution. Les masses ont été à la hauteur de leur tâche. Elles ont fait de cette "défaite" un maillon dans la série des défaites historiques, qui constituent la fierté et la force du socialisme international. Et voilà pourquoi la victoire flleurira sur le sol de cette défaite.

 

"L'ordre règne à Berlin!", sbires stupides! Votre ordre est bâti sur le sable. Dès demain la révolution "se dressera avec fracas" proclamant à son de trompe pour votre plus grand effroi:

j'étais, je suis, je serai!

ceci est mon testament

je l'ai publié le 14

et le 15 on m'a tuée

 

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15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 08:26

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Le camp des Mille: symbole d'une continuité, celle de la répression capitaliste, du combat contre les spartakistes à l'extermination nazie des militants communistes. La France y a joué son rôle en livrant  les antifascistes réfugiés sur son sol. Robert Liebknecht, fils de Karl Liebknecht qui vit assassiner son père alors qu'il n'avait pas dix ans, y fut interné. Il put réchapper du massacre. Mais combien de militants finirent leur vie au fond des camps nazis!.

 

personnage_au_camp.jpg


A lire sur http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/artistes_milles.htm

 

 

Robert LIEBKNECHT est le fils et le petit-fils de militants révolutionnaires allemands : Wilhelm Liebknecht (1826-1900), son grand-père, ami de Marx, fut le fondateur du Parti social-démocrate allemand ; Karl Liebknecht (1871-1919), son père, fut assassiné pendant la révolution communiste de Berlin, qu'il dirigeait avec Rosa Luxembourg, en janvier 1919.
Robert, lui, est né en 1903. Après la mort de son père, il fait des études aux Beaux-Arts, à Dresde, puis s'installe à Berlin. Il y dessine des scènes de la vie, des portraits de chômeurs, des paysages de banlieue ouvrière.
En 1933, à l'arrivée des nazis au pouvoir, il quitte définitivement l'Allemagne, vit surtout à Paris où il vit de traductions et continue à peindre.
Il est arrêté en 1939 comme ressortissant allemand à Saint-Tropez où il était de passage, puis interné au camp des Milles. Libéré en novembre 1939, il est interné à nouveau au printemps 1940. Après la Débâcle, il se cache dans le Gard. Il retourne à Paris à la Libération où il poursuit son activité artistique jusqu'à sa mort en 1994.

 

liebknecht1.jpg

 


A lire sur le blog:  Une interview de Robert Liebknecht, peintre et fils de Karl Liebknecht

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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 23:59

 

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Discours prononcé après l’assassinat de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht le 19 janvier 1919 :


Aujourd’hui, à Berlin, la bourgeoisie et les social-traîtres exultent : ils ont réussi à assassiner Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg. Ebert et Scheidemann qui, au cours de quatre années, ont mené les ouvriers au carnage au nom des intérêts des forbans, ont assumé aujourd’hui le rôle de bourreaux des chefs prolétariens.

 

L’exemple de la révolution allemande nous persuade que la « démocratie » n’est que le paravent du pillage bourgeois et de la violence la plus féroce.

Mort aux bourreaux !

LÉNINE (1919) : Discours prononcé le 19 janvier après l’assassinat de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht
Bref compte-rendu de presse paru dans la « Pravda », 21 janvier 1919
19 janvier 2009 par eric sur le site du

Présentation :


Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg furent assassinés dans la soirée du 15 janvier 1919. La nouvelle fut connue le lendemain en milieu de journée. Informés par radio, les dirigeants russes du Comité central du Parti communiste décidèrent la tenue de meetings et de manifestations dans tout le pays. Lénine prononça ce discours le 19 janvier, du haut du balcon du Soviet de Moscou.

 



Sources :

— LÉNINE, compte rendu de la Pravda n°14 du 21 janvier 1919 ;

— LÉNINE, Œuvres, Tome 28, Paris - Moscou, Éditions sociales - Éditions de Moscou, 1961, p. 431 ;

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6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 15:49

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tunisie-emeute.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous assistons à l’effondrement du vieux monde qui croule par pans entiers, jour après jour. Ce qui est le plus surprenant, c’est que la plupart des gens ne s’en aperçoivent pas et croient encore marcher sur un sol ferme.

 

Rosa Luxemburg 1870-1919

 

(Lettres de prison 1916-1918)

 

 

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dsk ben-ali


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Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009