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L'intervention de David Muhlmann, lors du colloque Présence de Rosa Luxemburg, illustre parfaitement ce qui a été dit dans le précédent article, à savoir l'importance d'une démarche partant de Rosa Luxemburg pour nous aider à réfléchir sur le monde actuel. Il s'agissait en effet selon le titre de la table ronde de s'interroger sur l'actualité de Rosa Luxemburg.
Muhlmann a distingué plusieurs points. Si nous ne partageons pas toujours les conclusions tirées, nous avons particulièrement apprécié cette mise en évidence d'éléments, qui nous ont semblé réellement pertinents pour réfléchir le monde actuel.
1. La voie révolutionnaire
Pour D. Mühlmann, il ne s'agit pas chez Rosa Luxemburg seulement d'une posture et en cela elle se distingue de militants comme Kautsky ou Barbusse qui eux aussi ont critiqué Bernstein.
Elle fait l’effort en effet d’analyser les dynamiques qui soutendent les différentes positions et surtout elle refuse la pacification des rapports de classes, l'idée qu'il serait possible de conquérir le pouvoir sans s'affronter.
C'est un acquis fondamental: de sa pensée que de montrer que le socialisme nécessite un saut qualitatif dans les lutte sociales, et que l'on ne peut pas y arriver, sans un affrontement, sans ce saut qualitatif.
On ne peut pas reformer le mode de proprieté sans s’attaquer à l’appareil d’Etat : il y a nécessité de briser par la force cet appareil.
C'est la leçon de la Commune et des analyses historiques de Marx. Car l'histoire a bien montré que quand elle se voyait en danger, la bourgeoisie a toujours mobilisé l'appareil d'Etat. C'est aussi la leçon du Chili et de la révolution spartakiste qui a échoué à partir du moment où le militarisme s'alliait à la bourgeoisie pour le combattre.
Pour D. Mühlmann, c'est là un des enseignements de Rosa Luxemburg ; il faut s'attendre à un affrontement armé si l'on s'engage dans cette voie
2. La spontanéité
Le deuxième point aborde l'idée de spontanéité et Mühlmann distingue de manière intéressante les notions de spontanéisme et de spontanéité.Et c'est bien ce deuxième point qu'il voit à l'oeuvre chez.Rosa Luxemburg.
Selon lui, pour Rosa Luxemburg, la révolution ne se décrète pas ; mais il existe une réelle capacité des masses à se mobiliser et elle parie toujours sur l’intelligence des masses.
Des masses qui sont dans un processus d’auto-émancipation.
Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il n'y ait pas de préparation . Bien au contraire, d'où l'importance pour elle, des partis. Il n'y a pas de spontanéité, sans parti sans préparation.
3.Quel socialisme
Rosa Luxemburg choisit la voie démocratique, mais elle montre une vigilance constante à la fois contre la bureaucratie, la bureaucratisation du parti allemand, mais aussi face à Lénine. Ainsi en 1904, elle critique la sclérose, le conspirationnisme.
Elle refuse aussi bien l'affadissement que le jusqu’au boutisme bureaucratique. Il ne s'agit pas comme le veut une gauche avant-gardiste, de s’emparer du pouvoir d’Etat et ensuite de le faire fonctionner au service des travailleur.
D. Mühlmann avance alors l'idée suivante. Il ne faut pas céder sur la liberté au profit de l’égalité.
4. Celle qui a su tenir bon sur l’internationalisme
Rosa Luxemburg est celle qui a su tenir bon sur l'internationailsme, un internationalisme de principe contre le chauvinisme délirant de l'époque.
Mais il s'agit de plus d'un internationalisme original..Pas d'un internationalisme pacifiste. C’est "guerre à la guerre" devenu "la guerre transformée en guerre civile". Etre offensif malgré la guerre, contre la guerre. Pas un pacifisme social-démocrate;
Mais avoir comme par réflexe une sensibilité pour les opprimés, au- dela des frontières.
Il y a alors un point de complication : le nationalisme progressiste, les luttes de libération nationale dont elle ne reconnaît pas la validité même dans les pays opprimés. Et Muhlmann considère qu’elle a eu raison si l'on considère le mouvements de décolonisation. L'anti-impérialisme peut être aujourd’hui un point de contradiction s'il n'est pas lié à des contenus de classe.
5. Critique d’une vision linéaire de l’histroire
Muhlman discute en abordant ce point l"idée que le capitalisme doit nécessairement être vaincu et que les forces économiques travailleraient pour nous .Au contraire pour lui, le capitalisme peut porter avec lui le capitalisme et mener au pire. La barbarie est possible, le socialisme n’est pas garanti.
C'est par exemple ce que nous apprend le développement de l’écologie : le capitalisme peut aller jusqu’à miner, détruire et non pas offrir une perspective. Il souligne alors l'oginalité de Rosa Luxemburg qui n'est certes pas un penseur de l'écologie mais qui a une approche unique comme penseur marxiste. Il y a une certaine sensibilité à la nature qui caractérise Rosa luxemburg : voir les lettres, son herbier...
De même quand elle étudie la religion, elle pointe un certain progressisme du christianisme primitif et témoigne alors d'une capacité à étudier le passé pour comprendre l’avenir;
Conclusion
Rosa Luxemburd nous invite à un marxisme critique de l’Etat
Son analyse de la dégénerescence socialdémocrate reste essentielle.
Cet article est en devenir. Nous avons voulu rapidement donner accès aux idées développées lors de cette intervention.Le texte devrait en être publié bientôt et permettre une discussion plus précise de son contenu.