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Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 10:48

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No 1 -Jogiches, Léon



naissance 29 (ou 30).7.1867 à Vilnius, décès 10.3.1919 à Berlin, isr. Fils de Samuel, riche négociant. Révolutionnaire condamné en Russie, J. émigre en 1890 à Genève, puis à Zurich où il étudie l'économie, collabore avec les socialistes russes du groupe "Libération du travail", fonde une maison d'édition et rencontre Rosa Luxemburg, sa compagne jusqu'à 1907, qui le met en contact avec le mouvement ouvrier polonais. Il finance le journal Sprawa Robotnicza ("la cause des travailleurs", 1893-1896), imprimé en Suisse et à Paris. En 1900, il s'installe à Berlin. Cofondateur du groupe Spartakus et, en 1918, du parti communiste allemand. Assassiné en prison.


Bibliographie
-R. Luxemburg; V. Fay, éd., Lettres à Léon Jogichès, 1, 1971

Auteur(e): Halina Florkowska-Franč

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 19:18

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 Ces extraits de lettres sont des annotations disséminées dans la correspondance. Ils s'ajoutent aux articles parus sur le blog et rassemblés dans l'un des dossiers du blog. (Voir page d'accueil). lIs donnent par exempe l'état d'esprit de Rosa Luxemburg dans sa lettre du 24 décembre, à K. Zetkin,  des indications pratiques sur le financement, la réalisation du journal ou sur l'orientation politique (la demande d'un article à F. Wesmeyer). Ils font allusion aussi aux poursuites engagées contre elle, Franz Mehring et Clara Zetkin. L'Internationale est un moment important dans la vie de Rosa Luxemburg: la tentative de donner une expression politique au courant contre la guerre, dans sa lutte contre l'Internationale qui a trahi et pour une nouvelle Internationale ...

 

P 28/29 Lettre à Kostia Zetkin - 24 décembre 1914 - Berlin-Südende

 

... Aujourd'hui, j'ai été au concert à l'Opéra, le concerto pour piano de Beethoven était magnifique.Alors que j'écoutais la musique, montait de nouveau en moi une haine contre tous ces gens, au milieu desquels  je suis obigée de vivre. Je sens qu'il faut écrire un livre  sur ce qui se passe maintenant, un livre que personne, ni homme, ni femme, ni  les plus anciens n'a jamais lu,  un livre qui tape sur ce troupeau à bras raccourcis. Je suis comme toujours dans la vie en parfaite contradiction avec ce que je fais. J'ai de nouveau l'intention de fonder le journal , je tiens cinq réunions électorales dans la semaine et je travaille à développer la nouvelle .organisation alors que, au fond de moi je n'aspire qu'au calme et à m'éloigner de toute cette agitation..Je n'aurais besoin d'autre chose que d'être seule avec Mimi, et de pouvoir me promener et lire quand j'en ai envie et de travailler tranquillement.

 

P 32 Lettre à Martha Rosenbaum - 5 janvier 1915 - Berlin-Südende

 

... Nous pouvons les prendre [les fonds pour prendre un abonnement à un journal syndical propageant le social-chauvinisme à faire circuler au sein du groupe] sur le compte du journal ...

 

P 35  Lettre à Friedrich Westmeyer - 2 février 1915 - Berlin-Südende

 

Pour un journal, édité le camarade Franz Mehring et moi-même, et dont le premier numéro doit paraître à la mi-février 1915, je vous demande une contribution. Il faudrait que vous  écriviez pour nous sur les "remarquables" actions de soutien 1.aux familles de soldats 2 aux chômeurs 3. aux L'article ne doit pas dépasser  quatre à cinq pages de la Neue Zeit, et doit comporter tout d'abord un court résumé des faits, mais ensuite et c'est le principal, une critique fondamentale et forte de ces mesures et de leur caractère insuffisant. Je sais que vous avez mené un combat contre les mesures d'aide aux chômeurs (NB Vous pouvez montrer sans vous gêner l'attitude des syndicats). Je ne sais pas si vous connaissez aussi bien les autres aspects de l'aide, mais je suppose que vous saurez vous orienter rapidement...

 

P 42 Lettre à Kostia Zetkin - 1915 - Berlin-Südende

   

... Nous voulons donc agir avec le journal, des écrits, en tant qu'individus , certainement, mais cela aussi aura une influence

 

P 45 Lettre à Alexander Winckler - Berlin-Südende


Cher camarade Winckler,

Au nom de K[arl Liebknecht] et de moi-même, je vous remercie de tout coeur pour le soutien efficace que vous avez apporté à notre entreprise. Les préparatifs se poursuivent. Hier, l'imprimeur de Leipzig, où nous allons faire  le journal, était là et nous avons vu les aspects pratiques. Le numéro 1 sortira début mars. Les contributions sont en cours de rédaction. J'espère que nous allons réussir. Ici à Berlin, et dans d'autres villes avec lesquelles nous sommes en relation,  il y a un véritable besoin d'entendre une pensée social-démocrate au sens ancien du terme. La plus grande partie des camarades n'a pas changé de conviction mais seulement désappris à faire confiance à ses dirigeants, ceux-ci ayant si lamentablement manqué à leurs devoirs.... Naturellement, nous vous adresserons le premier numéro du journal quand il sera fini... 

 

P 75 Lettre à Luise Kautsky - 18 septembre 1915 - Berlin

 

Je me fais du soucis pour l'affaire contre Clara [Clara Zetkin avait été emprisonnée pour son rôle lors de la Conférence internationale des femmes, sous ll'accusation de trahison. Elle ne sera libérée que fin octobre 1915]  .Moi aussi, j'ai de nouveau une affaire sur le dos (à cause de l'Internationale) qui va peut être empêcher que je puisse mettre le nez dehors en février. Mais laissons les choses venir comme dit l'oncle Paul ...


P 135Lettre à Mathilde Jacob - Le 16 septembre 1916


[Cette lettre est consacrée à l'audience prévue le 4 octobre dans le cadre du procès intentée pour la publication de l'Internationale contre Rosa Luxemburg, Franz Mehring et Clara Zetkin. Cette dernière étant gravement malade, Rosa Luxemburg ne veut pas qu'il y ait dissociation de la procédure et s'emporte contre le cabinet d'avocat Weinberg ...]

 

Les pages renvoient à l'édition allemande Dietz Verlag, Tome V.


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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 11:22

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A lire sur le site http://erwandekeramoal.canalblog.com/tag/Rosa Luxemburg, en date du 27 mai 2010.Une intéressante biographie de Babeuf.

 

 


Amis Républicains, bonjour.


Nous sommes le Jeudi 27 mai c'est à dire le 8ème jour de Prairial habituellement consacré au Martagon. Plus communément appelée Lys Martagon, cette plante de la famille des Liliacées, qui produit de magnifiques fleurs, est aujourd'hui espèce protégée dans beaucoup de régions. On n'en trouve que rarement en Bretagne sauf peut-être à Bréhat ou sûr l'ile de Batz...A vérifier.


..........................................................

L'homme du jour est: François Noël Babeuf, connu sous le nom de Gracchus Babeuf, né le 23 novembre 1760 à Saint-Quentin et mort à Vendôme le 27 mai 1797 (8 prairial an V), est un révolutionnaire français. Il forma la « conjuration des Égaux » contre le Directoire et fut exécuté.


À partir du 3 septembre 1794, Babeuf publie le Journal de la Liberté de la presse, qui devient le 14 vendémiaire an III, Le Tribun du peuple. Ce journal, où il combat avec la dernière violence la réaction thermidorienne, acquiert une forte audience. Il adhère, à la même période, au Club électoral, club de discussion des sans-culottes. Le 3 novembre, il demande que les femmes soient admises dans les clubs. Arrêté et emprisonné à de multiple reprises, Il se bat contre les impôts indirects, organise pétitions et réunions. En conséquence, il est à nouveau arrêté le 19 mai 1790 et emprisonné. Il est libéré en juillet, grâce à la pression du révolutionnaire Jean-Paul Marat. À la même époque, il rompt avec le catholicisme (il écrit en 1793 : « Le christianisme et la liberté sont incompatibles »).

Abandonnant le prénom Camille, qu’il avait adopté en 1792, il se fait alors appeler Gracchus, en hommage aux Gracques, initiateurs d’une réforme agraire dans la Rome antique.(Aujourd'hui encore il existe un groupe de réflexion à Gauche -social,libéral- qui porte ce nom et est constitué en partie d'anciens haut fonctionnaires ...) Babeuf défend la nécessité d’une « insurrection pacifique ».

Cette impossibilité d’agir légalement aboutit à la création de la « Conjuration des égaux ». Le réseau des « Égaux » recouvre tous les arrondissements de Paris et de nombreuses villes de province. À sa tête, un « Directoire secret de salut public », dirigé par Babeuf, coordonne la lutte.

Le but est de continuer la révolution, et d’aboutir à la collectivisation des terres et des moyens de production, pour obtenir « la parfaite égalité » et « le bonheur commun ».

Grâce aux informations d’un indicateur, la police arrête Babeuf, Buonarroti, Darthé et les principaux meneurs des Égaux le 10 mai 1796 (19 floréal an IV). Une tentative populaire de les libérer échoue le 29 juin . Pour éviter que le peuple ne les libère, les Égaux sont transférés à Vendôme.

Une haute cour est constituée, et le procès s’ouvre le 20 février 1797 en présence de deux ministres. Babeuf, à qui on reproche l’initiative du complot, et Darthé sont condamnés à mort En entendant sa condamnation à mort, Babeuf se frappa, dans le prétoire même, de plusieurs coups de stylet et fut porté mourant le lendemain à l'échafaud. Darthé, qui avait également tenté de se suicider, est guillotiné avec lui le 8 prairial an V. Buonarroti, Germain et cinq autres accusés sont condamnés à la déportation.

Cinquante-six autres accusés,dont Jean-Baptiste-André Amar, sont acquittés. Ses enfants furent adoptés par Lepeletier et Turreau.


Certains parlent d’un courant politique qui serait propre à Babeuf, le babouvisme dont se rapprocherait Auguste Blanqui, revendiquant l’égalitarisme et esquissant un présocialisme utopique. Friedrich Engels et Karl Marx ont reconnu en lui un précurseur, et en la Conjuration des Égaux « le premier parti communiste ». Babeuf est souvent considéré comme le premier véritable militant communiste. Selon Rosa Luxemburg, Babeuf est « le premier précurseur des soulèvements révolutionnaires du prolétariat ».


Et bien voila, c'était le petit rappel historique du jeudi. Ce sont ces hommes et ces femmes qui ont fait notre histoire. Qui ont fait ce que nous sommes aujourd'hui, deux siècles plus tard, à nous interroger sur l'age de départ à la retraite, l'interdiction où pas de la burqa et, si le Care va faire un Buzz...Allez, merci d'être passé, portez vous bien et à demain peut-être.

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 19:06

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Dans le numéro de Commune de mai 2OOO, un artilce de Georges Labica revient sur ce qu'il nomme de manière si pertinente  le dialogue marxiste entre Lénine et Rosa Luxemburg. Il revient bien entendu sur les éléments essentiels:  l'Accumulation du capital et  l'impérialisme, la question nationale et les questions de stratégie. Mais ce qui l'intéresse, c'est bien ce qui rapproche ces militants marxistes, révolutionnaires et les leçons que l'on peut retirer aujourd'hui de leurs réflexions croisées et totalement confrontées à la pratique et à l'histoire qui s'écrit avec eux et par eux..


 "Alors des leçons", demande-t-il? "La première tient assurément à l'exemplarité du dialogue entre marxistes qui s'instaure durant quelques 20 années entre Lénine et R.L.."

 

Le passage suivant est d'ailleurs bien une sorte d'hommage à R.L. ...


"... Lénine ne qualifiait-il pas La brochure de Junius "d'excellent ouvrage marxiste", dont les erreurs étaient peut-être "fortuites"? Ne louera-t-il pas le groupe spartakiste "véritablement prolétaire, véritablement internationaliste, véritablement révolutionnaire", "avec ses chefs illustres, connus du monde entier, ces fidèles partisans de la classe ouvrière, que sont Liebknecht, R.L., Clara Zetkin, Franz Mehring."


Où donc est la faille? Il n'y a pas de faille. Par sa connaissance rigoureuse de l'oeuvre de Marx, par son engagement aux côtés des bolcheviks, par son soutien à la révolution russe, en dépit de ses limites, par sa lutte  de la première heure, contre l'opportunisme de Kautsky, par sa conscience aiguë des contradictions de l'impérialisme et du droit des nations à disposer d'elles-mêmes, par la fidélité aux principes révolutionnaires qui a marqué toute son existence, enfin par son courage dans la situation d'isolement où elle s'est souvent trouvée, R.L., au pire, a parfois manqué de conséquence ou a été insuffisamment attentive aux situations concrètes, mais sans jamais cesser de représenter le "prolétariat révolutionnaire", autrement dit de suivre le même chemin que Lénine. Le reste est secondaire.

 

La Commune, mai 2000



Le Temps des Cerises - 01 49 42 99 11 - contact@letempsdescerises.net - 6 av Edouard Vaillant 93500 Pantin


La revue Commune

Une revue culturelle progressiste
Chaque numéro est consacré pour moitié, à un dossier regroupant sur un sujet chaud (souvent à la rencontre du mouvement social et du mouvement des idées) des contributions d'écrivains, de philosophes, d'historiens, militants, journalistes, poètes, graphistes, photographes, d'opinions différentes restituant au sujet abordé tout son relief.
La revue Commune au Temps des Cerises

La seconde moitié de la revue comprend des rubriques régulières :
- l'éphéméride montre divers regards sur l'actualité du trimestre
- un décryptage s'amuse à regarder derrière les signes le sens véritable
- les idées molles est le nouveau dictionnaire des idées reçues
- la porte ouverte propose une rencontre avec différentes disciplines
- un carnet de bord porte sur l'air du temps
- un feuilleton littéraire est écrit à plusieurs mains
- des feuilles détachées proposent nouvelles, récits et poésie
- notre bibliothèque offre un redécouverte d'un auteur occulté
- et aussi la lettre de l'étranger et le coin de l'épigramme.

Format : 19,5x20cm - 112 pages - iconographie en noir et blanc


 

 

Aujourd’hui, Rosa Luxemburg - Commune n°18
 Collectif de la Revue Commune
 
[...]
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25 mai 2010 2 25 /05 /mai /2010 21:55

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"Mais c'est la première fois que le socialisme se trouve du côté du pouvoir contre le prolétariat".

 

En mai 2OOO,la revue La Commune consacrait son numéro à Rosa Luxemburg. Le premier artilce est un  document: un article de Romain Rolland publié en février 1919 après l'assassinat de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht. Il s'ouvre sur la mise en garde face à la résurrection des forces du militarisme, de la monarchie et sur la description d'une foule nationaliste à l'oeuvre (on y décèle déjà les forces qui permettront l'émergence d'Hitler) et se termine par ces mots:


... Et dans combien d'esprits devaient retentir les dernières paroles du chef, le dernier article écrit par Liebknecht  dans   la Rote Fahne la veille de sa mort, "Malgré tout" de Spartacus expirant.


Malgré tout.


Spartacus écrasé! Ouis, ils ont été écrasés. les ouvriers révolutionnaires. Oui, cent de leurs meilleurs ont été massacrés. Cent de leurs plus fidèles ont été jetés en prison. Oui, ils ont été écrasés. C'était une nécessité historique qu'ils fussent écrasés. Les temps n'étaient pas mûrs encore ... Mais il y a des défaites qui sont des victoires; et il y a des victoires qui sont plus funestes encore que des défaites. Les vaincus de la semaine sanglante de janvier ont lutté pour des choses grandes, pour le plus noble but de l'Humanité souffrante, pour la rédemption morale et matérielle; ils ont versé pour des choses saintes leur sang qui est devenu saint. Et de chaque goutte de sang surgiront les vengeurs...Le chemin de croix de la classe ouvrière allemande n'est pas encore fini. Mais le jour de la rédemption approche. Le jour du jugement universel pour Ebert, Scheidemann, Noske, et pour les potentats capitalistes qui se cachent derrière eux. Si nous ne vivons plus quand le but sera atteint, notre programme vivra. Il dominera le monde de l'humanité rachetée. Malgré tout.


Plus d'une fois ce malgré tout retentira comme un cri de ralliement, dans les batailles sociales de l'avenir. Les répressions sanglantes ne l'étoufferont jamais. Mais c'est la première fois que le socialisme se trouve du côté du pouvoir contre le prolétariat. Situation bien grave qui en accentuant l'isolement du prolétariat, risque de donner à ses luttes un caractère d'apreté désespérée dont le monde souffrira. Ces frères ennemis ne le comprendront-ils pas? Les passions personnelles n'abdiqueront-elles pas devant l'intérêt commun? Le récit que je viens de faire de ce "janvier rouge" à Berlin, montre qu'en tout cas, le peuple ouvrier voit plus clair que ses chefs et voudrait l'union de tous les travailleurs. Ce n'est pas d'aujourd'hui que nous savons qu'il y a plus de bon sens dans le peuple qui travaille que dans la bourgeoisie qui est sortie de lui et se hâte de le renier. Ces cinq années de guerre ont mis en pleine lumière sa supériorité de raison saine et humaine sur ses chefs empoisonnés d'orgueil et d'idéologie.


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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 22:19

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"Le 3 août 1914, je marchai  dans la nuit avec Rosa Luxemburg du bâtiment du journal Vorwärts, Lindenstrasse,  vers Sudende. Nous nous sentions très mal. La guere était là et le prolétariat ne bougeait pas." Pour nos vsiiteurs qui lisent l'allemand, ce texte d'Eberlein, un proche de Rosa Luxemburg, témoigne de ses réactions en ces premiers jours de guerre et de trahison des partis de l'Internationale.

 

eberlein-hugo

 


Bericht von Eberlein über die Tage des Kriegsausbruchs 1914

raumgegenzement.blogsport.de

voir aussi  www.rosalux.de

 

 

 Am 3. August 1914 ging ich nachts mit Rosa Luxemburg vom „Vorwärts“-Gebaude in der Lindenstrase nach Sudende. Unsere Stimmung war sehr gedruckt. Der Krieg war da, das Proletariat rührte sich nicht.


Wir kamen aus der Vorstandssitzung des sozialdemokratischen Wahlvereins für Teltow-Beeskow-Storkow-Charlottenburg. Auf der Tagesordnung der Sitzung stand: Instruktion für die Parteigenossen über das Verhalten der Partei zum Krieg. Vom Vorsitzenden horten wir nur leere Redensarten. Zubeil, der Reichstagsabgeordnete unseres Kreises, sollte uns Aufklarung geben über das Verhalten der Fraktion zur Bewilligung der Kriegskredite. Die Frage stand am anderen Tag auf der Tagesordnung des Reichstags. Zubeil versteckte sich hinter einem Schweigegebot der Fraktion. Er benahm sich aber so jämmerlich hilflos, das Rosa auf dem Heimweg erklärte: „Wir haben das Schlimmste zu befurchten.“ Und doch wollte an eine Bewilligung der Kriegskredite durch die sozialdemokratische Fraktion niemand von uns denken.


Zwölf Stunden später hatte die S.P.D. die Kriegskredite bewilligt! Ich eilte vom Betrieb zur Genossin Rosa. Sie lag auf dem Diwan und weinte. „Ich werde mir eine Kugel durch den Kopf schießen, das wird der beste Protest gegen den Verrat der Partei sein und wird die Arbeitermassen vielleicht doch noch zur Besinnung bringen.“


Ich riet ihr natürlich von diesem Schritt ab. Wir sprachen dann über unsere Stellung zur Frage, ob wir austreten sollten aus der Partei oder öffentlich gegen den Beschluss der Partei protestieren usw., kamen aber doch zu keinem Resultat. Immer kam sie auf ihre Selbstmordgedanken zurück.


Noch am Abend ging ich zu Franz Mehring, der vor Wut über den Verrat der Partei im Zimmer auf- und abrannte. Ich bat ihn, zu Rosa zu gehen und sie von ihrem Vorhaben abzubringen.


Andern Tags gingen über hundert Telegramme ins Land an alle, von denen wir glaubten, das sie den Verrat der S.P.D. nicht mitmachen wurden. Nur wenige Antworten gingen ein. Clara Zetkin war eine der ersten, die antwortete. Die wenigen anderen, die noch antworteten, telegrafierten die dümmsten Ausreden. Der eine war krank, dem anderen war die Frau erkrankt, der dritte hatte keine Zeit zum Reisen usw. Der Kriegskoller hatte sie alle gepackt.


So sammelten sich in den ersten Tagen sieben Mann, um zu beraten, was gegen den schmählichen Verrat der S.P.D. getan werden könne. Der erste Aufruf an das internationale Proletariat von Rosa Luxemburg, Franz Mehring und Clara Zetkin ging in die Welt.


Bericht von Eberlein über die illegale Arbeit des Spartakusbundes 1914-1918

 
Am 2. August wurde der Krieg proklamiert. Am 4. August stimmte im Reichstag die sozialdemokratische Fraktion für die Kriegskredite und besiegelte damit den Bankrott der Sozialdemokratie.


Anderen Tags saßen sieben Genossen, darunter Rosa Luxemburg und Franz Mehring, in der Wohnung Rosa Luxemburgs, da draußen in der kleinen idyllischen Villenkolonie Südende, und beratschlagten, was in dieser grausigen Situation zu tun sei. Nachdem das erste Entsetzen über den furchtbaren Verrat der sozialdemokratischen Reichstagsfraktion überwunden war, wurde beschlossen, trotz des Verrats der Sozialdemokratie den Kampf gegen den Krieg zu organisieren und die zu sammeln, die mit uns bereit waren, diesen Kampf zu fuhren. Hunderte von Telegrammen gingen ins Land an alle, von denen wir glaubten, das sie mit uns einig gingen, von denen wir annahmen, das sie bereit waren, mitten im Kriegschaos, mitten im patriotischen Taumel der Massen und trotz des Verrats der Sozialdemokratie mit uns die Fahne des revolutionären Sozialismus aufzupflanzen, den Kampf gegen den Krieg mit uns zu fuhren. Sie haben alle versagt. Clara Zetkin war die einzige, deren zustimmende Antwort schon anderen Tags eintraf.


Die erste Proklamation ging in die Welt, unterschrieben von den besten Namen der Internationale, Rosa Luxemburg, Franz Mehring und Clara Zetkin.


Zwei Tage später tauchten die ersten dunklen Gestalten in den stillen Straßen der kleinen Villenkolonie Südende auf, allmählich wurde die ganze Meute der Kriminalpolizei auf uns losgelassen.


Die Tage der illegalen Arbeit begannen, sie begannen für mich zum ersten Mal.

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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 23:41

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Le militarisme, champ d'action du capital  (citations)

vu sur:  http://www.marxisme.biz/annexes/rosa luxemburg/


"L'accumulation du capital"

Livre III  Les conditions historiques de l'accumulation

 Le capitalisme est la première forme économique douée d'une force de propagande ; il tend à se répandre sur le globe et à détruire toutes les autres formes économiques, n'en supportant aucune autre à côté de lui.

***


Le militarisme a une fonction déterminée dans l'histoire du capital. Il accompagne toutes les phases historiques de l'accumulation. Dans ce qu'on appelle la période de l' « accumulation primitive », c'est-à-dire au début du capitalisme européen, le militarisme joue un rôle déterminant dans la conquête du Nouveau Monde et des pays producteurs d'épices, les Indes ; plus tard, il sert à conquérir les colonies modernes, à détruire les organisations sociales primitives et à s'emparer de leurs moyens de production, à introduire par la contrainte les échanges commerciaux dans des pays dont la structure sociale s'oppose à l'économie marchande, à transformer de force les indigènes en prolétaires et à instaurer le travail salarié aux colonies. Il aide à créer et à élargir les sphères d'intérêts du capital européen dans les territoires extra-européens. à extorquer des concessions de chemins de fer dans des pays arriérés et à faire respecter les droits du capital européen dans les emprunts internationaux. Enfin, le militarisme est une arme dans la concurrence des pays capitalistes, en lutte pour le partage des territoires de civilisation non capitaliste.

Le militarisme a encore une autre fonction importante. D'un point de vue purement économique, il est pour le capital un moyen privilégié de réaliser la plus-value, en d'autres termes il est pour lui un champ d'accumulation

.../...

...si la classe ouvrière ne supportait pas la plus grande partie des frais d'entretien des fonctionnaires de l'État et du « mercenaire », les capitalistes eux-mêmes en auraient la charge.(1) Une partie correspondante de la plus-value devrait être directement assignée à l'entretien des organes de leur domination de classe ; elle serait prélevée sur leur propre consommation qu'ils restreindraient d'autant, ou encore, ce qui est plus vraisemblable, sur la portion de la plus-value destinée à la capitalisation. Ils ne pourraient pas capitaliser autant, parce qu'ils seraient obligés de dépenser davantage pour l'entretien direct de leur propre classe. Les charges de l'entretien de leurs parasites étant rejetées en grande partie sur la classe ouvrière (et sur les représentants de la production simple de marchandises : le paysan, l'artisan), les capitalistes peuvent consacrer une partie plus importante de la plus-value à la capitalisation. Mais cette opération de transfert n'implique aucunement la possibilité de la capitalisation, en d'autres termes elle ne crée aucun marché nouveau qui permette d'utiliser la plus-value libérée à produire et à réaliser des marchandises nouvelles. La question change d'aspect si les ressources concentrées entre les mains de l'État par le système des impôts sont utilisées à la production des engins de guerre.

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Par le système des impôts indirects et des tarifs protectionnistes, les frais du militarisme sont principalement supportés par la classe ouvrière et la paysannerie. Il faut considérer séparément les deux sortes d'impôts. D'un point de vue économique, les choses se passent de la manière suivante, en ce qui concerne la classe ouvrière : à moins que les salaires n'augmentent de manière à compenser l'enchérissement des vivres - or ce n'est pas le cas actuellement pour la grande masse de la classe ouvrière, et même pour la minorité organisée dans les syndicats à cause de la pression des cartels et des organisations d'employeurs - les impôts indirects représentent le transfert d'une partie du pouvoir d'achat de la classe ouvrière à l'État .

.../...

Pour le capitaliste individuel, l'ouvrier est un consommateur et acheteur de marchandises aussi valable que n'importe quel autre, qu'un capitaliste, que l'État, le paysan « étranger », etc. N'oublions pas cependant que pour le capital total, l'entretien de la classe ouvrière n'est qu'un mal nécessaire et détourne du but véritable de la production, qui est la création et la réalisation de la plus-value. Si l'on réussit à extorquer la même quantité de plus-value sans être obligé de fournir à la force de travail la même quantité de moyens de subsistance, l'affaire n'en est que plus brillante. C'est comme si le capital était parvenu, sans enchérissement des moyens de subsistance, à réduire d'autant les salaires sans diminuer le rendement des ouvriers.(2) Une réduction constante des salaires entraîne pourtant à la longue la diminution de la production de moyens de subsistance. S'il réduit fortement les salaires, le capital se moque de produire une quantité moindre de moyens de subsistance pour les ouvriers, au contraire il profite de chaque occasion pour le faire ; de même le capital pris dans son ensemble n'est pas mécontent si, grâce aux impôts indirects sans compensation d'augmentation de salaires, la demande de moyens de subsistance de la classe ouvrière diminue. *

Sans doute, quand il y a réduction directe des salaires, le capitaliste empoche-t-il la différence de capital variable, et celle-ci fait augmenter la plus-value relative dans le cas où les prix des marchandises sont restés stables ; maintenant au contraire, cette différence est encaissée par l'État. Seulement par ailleurs il est difficile d'obtenir les réductions générales et permanentes de salaires à n'importe quelle époque, mais en particulier lorsque les organisations syndicales ont atteint un degré élevé de développement. Les vœux pieux du capital se heurtent alors à des barrières sociales et politiques très puissantes.

En revanche, la diminution des salaires réels peut être obtenue rapidement, aisément et dans tous les domaines par le système des impôts indirects, et il faut attendre longtemps avant qu'une résistance se manifeste, celle-ci s'exprime du reste sur le plan politique et n'est pas suivie de résultat économique immédiat. La restriction consécutive de la production des moyens de subsistance apparaît du point de vue du capital total non pas comme une diminution de la vente, mais comme une économie de frais généraux dans la prduction de la plus-value.
* La production de moyens de subsistance pour les ouvriers est une condition sine qua non de la création de la plus-value, c'est-à-dire de la reproduction de la force de travail vivante ; elle n'est jamais un moyen de réaliser la plus-value.

.../...

Pratiquement, sur la base du système d'impôts indirects, le militarisme remplit ces deux fonctions : en abaissant le niveau de vie de la classe ouvrière, il assure d'une part l'entretien des organes de la domination capitaliste, l'armée permanente, et d'autre part il fournit au capital un champ d'accumulation privilégié


.../...

La somme d'argent extorquée à la masse paysanne - que nous choisissons ici pour représenter la masse des consommateurs non prolétaires - et transférée à l'État sous forme d'impôts n'est pas à l'origine avancée par le capital, elle ne se détache pas de la circulation capitaliste. Dans la main des paysans, cette somme est l'équivalent de marchandises réalisées, la valeur d'échange de la production simple de marchandises, l'État bénéficie d'une partie du pouvoir d'achat des consommateurs non capitalistes, autrement dit d'un pouvoir d'achat qui de prime abord sert au capital à réaliser la plus-value à des fins d'accumulation.

On peut se demander quelles transformations économiques découlent pour le capital et de quel ordre, du transfert du pouvoir d'achat de ces couches non capitalistes à l'État à des fins militaires. Il semble au premier abord qu'il s'agisse de transformation dans la forme matérielle de la reproduction. Le capital produira, au lieu d'une quantité donnée de moyens de production et de subsistance pour les consommateurs paysans, du matériel de guerre pour l'État pour une somme équivalente. En fait la transformation est plus profonde. Surtout l'État peut mobiliser, grâce au mécanisme des impôts, des sommes, prélevées sur le pouvoir d'achat des consommateurs non capitalistes, plus considérables que celles que ceux-ci auraient dépensées pour leur propre consommation.

En réalité, c'est le système fiscal moderne qui est dans une large mesure responsable de l'introduction forcée de l'économie marchande chez les paysans. La pression fiscale oblige le paysan à transformer progressivement en marchandises une quantité toujours plus grande de ses produits, et en même temps le force à acheter toujours davantage ; elle fait entrer dans la circulation le produit de l'économie paysanne et contraint les paysans à devenir acheteurs de marchandises capitalistes.

Enfin, si nous considérons toujours la production paysanne de marchandises, le système de taxation prive l'économie paysanne d'un pouvoir d'achat bien supérieur à celui qui eût été mis en jeu réellement. Les sommes que les paysans ou les classes moyennes auraient économisées pour les placer dans les caisses d'épargne et dans les banques, attendant d'être investies, sont à présent disponibles dans les caisses de l'État et constituent l'objet d'une demande, et offrent des possibilités d'investissement pour le capital.

En outre, la multiplicité et l'éparpillement des demandes minimes de diverses catégories de marchandises, qui ne coïncident pas dans le temps et peuvent être satisfaites par la production marchande simple, qui n'intéressent donc pas l'accumulation capitaliste, font place à une demande concentrée et homogène de l'État. La satisfaction d'une telle demande implique l'existence d'une grande industrie développée à un très haut niveau, donc des conditions très favorables à la production de la plus-value et à l'accumulation.

De plus, le pouvoir d'achat des énormes masses de consommateurs, concentré sous la forme de commandes de matériel de guerre faites par l'État, sera soustrait à l'arbitraire, aux oscillations subjectives de la consommation individuelle ; l'industrie des armements sera douée d'une régularité presque automatique, d'une croissance rythmique. C'est le capital lui-même qui contrôle ce mouvement automatique et rythmique de la production pour le militarisme, grâce à l'appareil de la législation parlementaire et à la presse, qui a pour tâche de faire l'opinion publique. C'est pourquoi ce champ spécifique de l'accumulation capitaliste semble au premier abord être doué d'une capacité d'expansion illimitée. Tandis que toute extension des débouchés et des bases d'opération du capital est liée dans une large mesure à des facteurs historiques, sociaux et politiques indépendants de la volonté du capital, la production pour le militarisme constitue un domaine dont l'élargissement régulier et par bonds paraît dépendre en première ligne de la volonté du capital lui-même.

Les nécessités historiques de la concurrence toujours plus acharnée du capital en quête de nouvelles régions d'accumulation dans le monde se transforme ainsi, pour le capital lui-même, en un champ d'accumulation privilégié. Le capital use toujours plus énergiquement du militarisme pour s'assimiler, par le moyen du colonialisme et de la politique mondiale, les moyens de production et les forces de travail des pays ou des couches non capitalistes. En même temps, dans les pays capitalistes, ce même militarisme travaille à priver toujours davantage les couches non capitalistes, c'est-à-dire les représentants de la production marchande simple ainsi que la classe ouvrière, d'une partie de leur pouvoir d'achat ; il dépouille progressivement les premiers de leur force productive et restreint le niveau de vie des seconds, pour accélérer puissamment l'accumulation aux dépens de ces deux couches sociales. Cependant, à un certain degré de développement, les conditions de l'accumulation se transforment en conditions de l'effondrement du capital.

Plus s'accroît la violence avec laquelle à l'intérieur et à l'extérieur le capital anéantit les couches non capitalistes et avilit les conditions d'existence de toutes les classes laborieuses, plus l'histoire quotidienne de l'accumulation dans le monde se transforme en une série de catastrophes et de convulsions, qui, se joignant aux crises économiques périodiques finiront par rendre impossible la continuation de l'accumulation et par dresser la classe ouvrière internationale contre la domination du capital avant même que celui-ci n'ait atteint économiquement les dernières limites objectives de son développement.

Le capitalisme est la première forme économique douée d'une force de propagande ; il tend à se répandre sur le globe et à détruire toutes les autres formes économiques, n'en supportant aucune autre à côté de lui. Et pourtant il est en même temps la première forme économique incapable de subsister seule, à l'aide de son seul milieu et de son soi nourricier.

Ayant tendance à devenir une forme mondiale, il se brise à sa propre incapacité d'être cette forme mondiale de la production. Il offre l'exemple d'une contradiction historique vivante ; son mouvement d'accumulation est à la fois l'expression, la solution progressive et l'intensification de cette contradiction. A un certain degré de développement, cette contradiction ne peut être résolue que par l'application des principes du socialisme, c'est-à-dire par une forme économique qui est par définition une forme mondiale, un système harmonieux en lui-même, fondé non sur l'accumulation mais sur la satisfaction des besoins de l'humanité travailleuse et donc sur l'épanouissement de toutes les forces productives de la terre.

Rosa luxemburg
L'accumulation du capital

marxisme.org
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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 23:20

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Une réflexion sur la propriété privée ...


 

L'accession à la propriété par le crédit a muselé la classe ouvrière.

 

Dans le marxisme, il n'a jamais été question d'abolir la propriété privée fruit du travail mais la propriété des moyens de production et celle de la spéculation.

Posséder une maison, un bout de jardin ce n'est pas être capitaliste. Cette propriété ne sert pas à l'exploitation de l'homme par l'homme.


"Ce qui caractérise le communisme, ce n’est pas l’abolition de la propriété en général, mais l’abolition de la propriété bourgeoise.

Or, la propriété privée d’aujourd’hui, la propriété bourgeoise, est la dernière et la plus parfaite expression du mode production et d’appropriation basé sur des antagonismes de classes, sur l’exploitation des uns par les autres.

En ce sens, les communistes peuvent résumer leur théorie dans cette formule unique : abolition de la propriété privée.

On nous a reproché, à nous autres communistes, de vouloir abolir la propriété personnellement acquise, fruit du travail de l’individu, propriété que l’on déclare être la base de toute liberté, de toute activité, de toute indépendance individuelle.

La propriété personnelle, fruit du travail et du mérite  Veut-on parler de cette forme de propriété antérieure à la propriété bourgeoise qu’est la propriété du petit bourgeois du petit paysan ? Nous n’avons que faire de l’abolir, le progrès de l’industrie l’a abolie et continue à l’abolir chaque jour."

Manifeste du parti communiste

 

Si le prolétaire, c'est ainsi qu'il faut bien continuer de le nommer, est celui qui n'a pour vivre que la force de son travail, achetée au plus bas prix par le capitalisme, il n'est pas en mesure d'accumuler un capital lui permettant l'accès à la propriété d'une petite maison ou d'un lopin de terre.

L'analyse marxiste pose le prolétaire comme force révolutionnaire : il est celui qui ne possède rien, et de ce fait il n'a rien à perdre.


Il suffit donc, de donner à l'ouvrier l'illusion de posséder et de craindre pour cette propriété. Mieux, cette accession à la propriété rendons la interminable, faisons la durer le temps que dure la capacité de travailler. Ainsi le travailleur devra coûte que coûte lutter pour garder son emploi, un salaire décent et faire bien des concessions pour maintenir cette situation.


Après avoir développé le crédit industriel, qui permet d'accroitre l'échange des marchandises, il suffisait de créer le crédit "personnalisé" auquel avait accès tout salarié ayant un travail stable et un salaire régulier. Le tour était joué.


La classe ouvrière, asservie par les puissances financières n'avait plus qu'à travailler toute sa vie durant pour transmettre un héritage à ses enfants.


Mais si, par malheur, l'ouvrier ne peut plus payer ses traites de crédit, soit parce qu'il a perdu son travail, soit du fait des intérêts de plus en plus élevés 1, le bien accumulé reviendra aux créanciers.


Par le crédit, le travailleur achète sa maison plus qu'elle ne coûte et restitue au capital une partie non négligeable du prix de sa force de travail...


Dans cette histoire le capitaliste a fait coup double : Il a maintenu l'ouvrier en servitude et récupéré une partie de ses dépenses.


On comprend, alors, pourquoi les gouvernements au service du capital, n'ont de cesse de favoriser l'accession à la propriété au lieu de développer des logement sociaux...


On comprend aussi pourquoi les luttes sociales ne peuvent revêtir qu'un caractère de revendications salariales et de maintien de l'emploi. Aucune grève ne peut durer plus qu'il ne faut, la phrase qui revient sans cesse est : j'ai mes traites à payer.


La classe bourgeoise sait bien brandir le spectre de l'abolition de la propriété privée et du collectivisme pour maintenir la peur et rendre corvéable à merci une classe ouvrière désemparée.


Le changement de société n'est plus à l'ordre du jour, juste un aménagement des conditions de travail. C'est le combat de Sisyphe. Tant que le capitalisme subsistera il reprendra toujours d'une main ce qu'il a concédé de l'autre.


L'accession à la propriété n'est en fait qu'une manière déguisée de réduire le coût de la force de travail. De faire de l'ouvrier un consommateur, de l'obliger à réduire ses moyens de subsistance 2 au profit des biens de consommations.3


m.leray



Notes
1 USA Des millions de familles américaines sont menacées d’être expulsées de leur logement. Il y a celles qui ne parviennent pas à payer leur crédit, mais aussi celles dont les propriétaires ne parviennent pas à payer le leur.

Cette seule année(2008), aux Etats-Unis, près de 750 000 personnes ont été expulsées de leur logement – et 107 500 pour le seul mois de septembre. Ces chiffres indiquent une accélération brutale des saisies hypothécaires. D’après une analyse de Market Watch, « ces saisies ont augmenté de 6,6% entre août et septembre, de 25,8% entre le deuxième et le troisième trimestre, et de 82,6% par rapport à l’an passé. Tout porte à croire qu’à la fin de l’année, le chiffre d’un million de saisies sera dépassé. » Le même rapport révèle que le nombre de « pré-saisies » – qui incluent différents types d’avertissements et mises en demeure – devrait atteindre les 2 millions, à la fin de l’année, ce qui est inédit.


2 La part de l’alimentation dans le budget familial serait statistiquement passée en quarante ans de 45 % à 14 % actuellement (sauf dans les familles en situation de précarité où le problème de l’alimentation reste prégnant)


Ceci explique en partie la délocalisation de l'alimentaire. Produire l'alimentation à moindre coût, peu importe la qualité nutritionnelle, permet de libérer du pouvoir d'achat pour les biens de consommation producteurs de plus value.


3 Pour le capitaliste individuel, l'ouvrier est un consommateur et acheteur de marchandises aussi valable que n'importe quel autre, qu'un capitaliste, que l'État, le paysan « étranger », etc. N'oublions pas cependant que pour le capital total, l'entretien de la classe ouvrière n'est qu'un mal nécessaire et détourne du but véritable de la production, qui est la création et la réalisation de la plus-value. Si l'on réussit à extorquer la même quantité de plus-value sans être obligé de fournir à la force de travail la même quantité de moyens de subsistance, l'affaire n'en est que plus brillante..... La production de moyens de subsistance pour les ouvriers est une condition sine qua non de la création de la plus-value, c'est-à-dire de la reproduction de la force de travail vivante ; elle n'est jamais un moyen de réaliser la plus-value. Rosa Luxemburg


le développement des casto, brico machin choses en est la manifestation


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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 20:24

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20 mai 2010 

Anéantissez la presse !

En 1918-1919, les révolutionnaires allemands avaient résolu la question de leurs rapports aux médias…


La victoire des bolcheviks en Russie, en 1917, donne des idées au peuple allemand, lassé d’entendre des généraux moustachus lui expliquer qu’il faut se serrer la ceinture pour gagner la guerre. Les grèves et les manifestations pacifistes se multiplient. À la suite de la mutinerie des marins de haute mer, des conseils d’ouvriers et de soldats se forment spontanément dans l’ensemble de l’Allemagne en octobre-novembre 1918.


Dans tous les États du Reich, les régimes monarchiques disparaissent sous la pression populaire : la république est proclamée le 7 novembre à Munich ; deux jours plus tard, à Berlin, l’empereur Guillaume II abdique et part cultiver des glaïeuls en Hollande. Die Deutsche Tageszeitung (« le quotidien allemand »), porte-parole de la bourgeoisie conservatrice, menace les fauteurs de troubles : « Les mots ne parviennent pas à exprimer l’indignation et la douleur. […] L’oeuvre que nos pères ont défendue de leur sang chéri, effacée par une trahison issue de notre propre peuple ! […] C’est une faute qui ne peut être pardonnée et qui ne le sera pas [1]. »


Après la signature de l’armistice, le 11 novembre, les spartakistes (regroupés au départ autour du journal Spartakus, de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht) réclament, dans Die Rote Fahne (« le drapeau rouge »), une république socialiste organisée à partir de conseils d’ouvriers et de soldats, sur le modèle des soviets. Mais les sociaux-démocrates du SPD (Parti socialiste allemand), menés par le nouveau chancelier Friedrich Ebert (un Gerhard Schröder de l’époque), entendent barrer la route au bolchevisme. Ils savent qu’ils peuvent compter sur les forces conservatrices ancrées dans l’administration, la magistrature, l’armée et l’industrie. Sans oublier la presse bourgeoise. Le comprenant aussi, les révolutionnaires s’emparent, le 24 décembre à Berlin, du journal social-démocrate du SPD, le Vorwärts (« en avant »), pour éditer leur propre feuille, Der Rote Vorwärts (« le Vorwärts rouge ») [2].


À l’assaut des grands journaux


Le 4 janvier 1919, une grève générale éclate dans la capitale allemande. Elle est soutenue notamment par le nouveau Parti communiste allemand (KPD), d’obédience spartakiste, et par d’autres socialistes révolutionnaires. Le lendemain, d’énormes cortèges venus de tous les faubourgs ouvriers convergent vers le centre de Berlin, bien décidés à provoquer la chute du gouvernement. Les manifestants ne se dispersent pas. Des colonnes armées se forment : certaines partent occuper les gares et d’autres, loin d’accorder des interviews au premier journaliste qui passe, se dirigent vers le quartier des journaux pour régler leurs comptes avec le Parti de la presse et de l’argent (PPA).


Les locaux des grands titres (dont le Vorwärts) sont occupés, les machines arrêtées, les rédactions expulsées. Ebert, ne supportant pas cette atteinte à la « liberté d’expression » et à la propriété privée, exige que les insurgés rentrent chez eux pour jouer au Monopoly. Mais le comité révolutionnaire, qui siège à la préfecture de police, refuse.


Gustav Noske, un ancien député socialiste devenu gouverneur général de Berlin, se lèche les babines à l’idée de mater les rebelles : « Il faut que quelqu’un soit le chien sanguinaire, et je n’ai pas peur de cette responsabilité [3]. »


Son glaive ? Les « corps francs » : des soldats démobilisés de l’ancienne armée impériale. C’est autour du Vorwärts, le 11 janvier, que les affrontements les plus importants ont lieu. Comme le rapporte l’écrivain Franz Jung, « les spartakistes qui occupaient les entreprises du quartier de la presse, [et qui] tiraient par les fenêtres sur les engagés temporaires » sont composés d’« ouvriers et chômeurs, employés et étudiants » qui ne sont « absolument pas organisés  » [4]. Trois cents occupants (sardons) sont faits prisonniers, certains sont fusillés. Au terme de cette « semaine sanglante », le rétablissement de l’« ordre juste » socialdémocrate se solde par près de 1 200 morts. Sur ordre de Noske, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont assassinés par des officiers le 15 janvier. La presse savoure la vue des corps francs défilant dans Berlin : le journal conservateur Post (« le courrier ») chante ce « rayon d’espoir » et louange ces « troupes obéissant à leurs chefs […], impeccablement disciplinées », que tout le monde « saluait avec des vivats enthousiastes [5] ».


La presse ment, et les révolutionnaires en tiennent compte. À Munich, dans les colonnes de son journal Der Ziegelbrenner (« le fondeur de briques »), Ret Marut (connu plus tard sous le nom de B.Traven) explique : « Les journalistes sont des crapules, des manipulateurs de l’opinion qui trompent le peuple de crainte de se retrouver “sans revenu garanti”. […] Tant que le gouvernement n’aura pas établi cette séparation entre presse publicitaire et presse “d’opinion”, il n’y aura pas de liberté de la presse, il n’y aura pas de journaliste libre. Tant que le gouvernement n’aura pas créé cette liberté de la presse, les travailleurs, les soldats et tous les hommes dont le bien-être est quotidiennement en butte aux infamies de la presse et des journalistes ont le droit et le devoir d’empêcher la presse de travailler “tranquillement”. Il faut extirper la peste [6] » (15 janvier 1919). Cinq jours plus tard, il enfonce le clou.


Matée à Berlin, la révolution se poursuit à Munich, où, le 21 février, l’assassinat du président du Conseil Eisner, trop proche des ouvriers aux yeux des ségolène-royalistes au pouvoir, provoque une nouvelle grève générale organisée par le Conseil central des conseils bavarois. Conscient que la destruction du PPA conditionne le succès de la révolution, il confie son département de la Presse à Ret Marut… La Sardonie libre dispose pour la première fois d’un ministre de l’Information.


« Les mensonges de la presse vont cesser »


Comme à Berlin, les sociaux-démocrates s’opposent à un système qui s’inspire des soviets. Après bien des tergiversations, la république des Conseils de Bavière est proclamée, le 7 avril, peu après celle de la Hongrie, pays qui, le 21 mars, a également choisi de suivre l’exemple des soviets. Dans un texte placardé sur les murs de la ville, l’anarchiste Erich Mühsam annonce que « la liberté de mensonges de la presse va cesser  » car « la socialisation des journaux assure la vraie liberté d’opinion du peuple révolutionnaire [7] ». Le lendemain, Marut annonce son projet de collectivisation du secteur à des représentants de la profession, qui pleurnichent.


Le chef du gouvernement bavarois, le social-démocrate Hoffmann, refuse de s’incliner. Il obtient le soutien d’Ebert, des corps francs et d’officiers démobilisés (dont un certain Himmler et un certain Hess). À la tête d’une armée de 50000 hommes, le moustachu Noske se charge à nouveau de matraquer les insurgés : après avoir massacré près de 1000 personnes à Munich, ses troupes le suivent pour réprimer les grèves qui se multiplient à travers le pays.


Échappant par miracle aux baïonnettes, Marut dresse la liste des massacreurs : aux côtés des « officiers, soldats, grands prêtres du parti, juges, procureurs, mouchards », il n’oublie pas de mentionner ceux qui ont été — et qui demeurent — leurs porte-parole et leur propagandistes zélés : les « pisse-copie » de la presse qui ment [8].


Paru dans Le Plan B n°6 (fév-mars 2007)


Notes

[1] 10 novembre 1918, cité par Sebastian Haffner, Allemagne, 1918. Une révolution trahie, Complexe, 2001, p. 104.

[2] Gilbert Badia, Les Spartakistes, Julliard, 1966, Coll. « Archives », p. 189.

[3] Cité par L’Humanité, 17 janvier 1995.

[4] Cité par Jean-Paul Musigny, La Révolution mise à mort par ses célébrateurs même. Le mouvement des conseils en Allemagne, 1918-1920, Nautilus, 2001, p. 37.

[5] Sebastian Haffner, op. cit., p. 139.

[6] Cité dans B. Traven, Dans l’État le plus libre du monde, Paris, Babel, « Révolutions », 1999.

[7] Erich Mühsam, La République des Conseils de Bavière. La société libérée de l’État, La Digitale- Spartacus, 1999, p. 76.

[8] Der Ziegelbrenner, 3 décembre 1919.

 
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8 mai 2010 6 08 /05 /mai /2010 10:34

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Texte écrit à propos de la fermeture en 2004 de l'aciérie d'Isbergues (devenue Recyco en 2008 un centre de retraitement des déchets du groupe Mittal (ici et ); "seuls les lapins croient au développement durable" ... prémonitoire ?). Quelques années plus tard, personne ne bouge le petit doigt quand on ferme un pays entier. Nos dresseurs, s'ils existent, peuvent être contents d'eux. Et s'ils n'existent pas, félicitons-nous de parvenir aussi bas de nous-mêmes, sans grande difficulté finalement. Nos marges de progression sont encore considérables. "On vit une époque de barbarie réfléchie. Sur Lucien Suel, découvert avec La patience de Mauricette (La table ronde, 2009 ; chaudement recommandé), voir ici.

vendredi 7 mai 2010 - sur Lexicon Angel

Table rase -- Lucien Suel


À vendre ! Liquidation totale ! Tout doit disparaître ! Soldes monstres !

Tout est à vendre. À vendre l'aciérie, à vendre l'acier, à vendre les travailleurs, à vendre les bagnoles, à vendre les cocottes minutes, à vendre la morale, à vendre la vertu, à vendre les combats, à vendre.

À vendre les quatre éléments, la terre, l'eau, le feu et l'air, à vendre l'homme et ses enfants, à vendre les yaourts et les médias.

À vendre l'amour, la tôle inoxydable, les tondeuses à gazon et les
révolutions, à vendre les portables, les macs, et la démocratie.

À vendre les pavés, les dvds, la choucroute et la bière-pression !

On a du mal à imaginer sa propre mort.

La molette de l'ancien haut-fourneau est exposée sur la pente du talus comme un monument funéraire, un rappel de toutes les forces qui se sont épuisées dans la production métallique, une prémonition de la fin.

La roue de la croissance a tourné. La roue de la fortune a désigné les nouveaux bénéficiaires, au Brésil, en Chine, en Inde, en Belgique.

Le libre-échange : un Genk pour un Vilvoorde, trois autobus contre un charter, deux barils de lessive contre un lavage de cerveau.

Le train du progrès est passé par ici, il repassera par là. On ne l'arrête pas. On peut juste le retarder un instant.

On marche sur le macadam. Pour un moment, on remplace le défilé incessant des poids lourds, qui d'ailleurs s'arrêtera bientôt. Les ponts, les infrastructures, les ronds-points financés par le travail ouvrier serviront à d'autres migrations...

On est plus triste que révolté. On souffre. On se soumet. On se résigne.

Les cahiers de revendications peuvent de nouveau s'appeler cahiers de doléances. On ne parle plus de Rosa Luxemburg et des martyrs de Chicago.

Le mur de l'usine qui voyait défiler les escadrons de cyclistes sortant ou arrivant au Grand Poste, le mur sur lequel s'appuyaient autrefois les éventaires des forains, des commerçants du marché, le mur est toujours là.
Bientôt, il séparera les vivants et les morts.

On voit le squelette de Miss Métallo. On peut commencer à compter ses os.

À Isbergues, la Bourse du Travail donne sur la place du marché.

Le Marché a supplanté le marché. Les légumes sont devenus des actions. Tout est Super : le marché, les structures, les héros, les logiciels, les virus, les 4 X 4, le loto...

Descendue de son vélo, la ménagère se retourne, elle voit le défilé se mettre en place, elle entend le crissement des roues de bicyclette, elle entend la sirène, la sortie à midi, elle ne remplira plus son cabas dans les épiceries disparues de la rue Roger Salengro.

Depuis 1882, la surface communale dévolue aux champs, à la nature, a diminué inexorablement. Les hauts fourneaux ont été jetés à bas dans les années soixante et l'air est devenu moins poussiéreux.

L'électricité de l'aciérie électrique vient du bord de mer, de Gravelines.

On défile entre des rails d'acier et des rangées de graminées sauvages.

Les slogans sont simples. "J'ai cotisé, j'ai travaillé, j'ai droit à la retraite, j'ai droit à la sécurité. J'ai droit, j'ai le droit." Tout le monde a des droits. Personne n'a de devoirs, sauf parfois certains écoliers... Nombreux sont ceux qui savent ce qui est bon pour les hommes.

On arpente les rues portant les noms des mythiques défenseurs de l'ouvrier, Léon Blum, Emile Basly, Roger Salengro, Louise Michel (tiens, une femme !)... La rue Paul Lafargue, celle du droit à la paresse, est un peu excentrée, plutôt dans les champs, de l'autre côté du canal, de l'autre côté de l'usine...

Bientôt, sans doute, on arpentera la rue du Sidérurgiste Inconnu.

F. V. travaillait au déchargement des wagons de minerai, 40 tonnes à la pelle, à la force des bras. Il était fier de sa force, fier de son travail, il n'avait pas son pareil pour fabriquer un fermain à partir d'un ressort d'essieu.

À ch'momint là, ché métallos avec leu muzett' su chl'épaule, i z'allot' tertous travailler à pied, in vélo ou bin cor' avec des carettes à tchien.

Ancien de 14-18, retraité à 65 ans, F. V. est mort à 86 ans avec médaille du travail et légion d'honneur. Il n'aura pas vécu la mort de son usine.

Il n'y a plus de passé, plus de mémoire, plus d'avenir, plus de vision, juste un présent éphémère et gris, on va droit devant, on va dans le progrès, on marche dans le développement, au jour le jour, dans l'économie mondialisée, dans la croissance imbécile et sans but.

In croyot qcha allot toudi durer. On ne voit plus la mort venir, on la cache jusqu'à ce qu'un jour elle vous saute au cou.

1882-2003, c'est une longue vie. Mais une aciérie électrique qu'on débranche à 32 ans, dans la force de l'âge, c'est triste à en mourir, et comparativement, guère plus long que la durée de vie d'une machine à laver.

On croit être une sculpture fondue dans un métal inaltérable, mais on n'est qu'un tas de ferraille couvert de rouille.

Bientôt le désert. Plus d'aciérie, plus de sidérurgistes, plus de fêtes de saint-Eloi, plus de sous-traitants, maltraités les sous-traitants, soustraits, sous-traités, pas de plan, comme on dit, social... pour eux, plus d'écoles, plus de commerces, la rue Salengro en peau de chagrin.

Mais l'acier continue, la coulée continue, ailleurs...

La rage au coeur on va expliquer aux techniciens et aux ouvriers belges les procédés de fabrication, on leur transfuse le savoir... une mondialisation vampirique.

Les sidérurgistes en colère avancent vers l'Est dans les autocars affrétés par la Municipalité, sur l'autoroute de Wallonie à travers les paysages anéantis du Borinage, vers le grand-duché du Luxembourg, vers le château du Seigneur Arbed, les Princes d'Arcelor.

Des pauvres, prolétaires de tous pays, traversent le Pas-de-Calais pour franchir le Pas-de-Calais. Ils viennent de l'Est, de l'Extrême-Orient, du Moyen-Orient, de Roumanie, de Chine, d'Irak, d'Afghanistan ou du Kurdistan.

On va peut-être travailler à Dunkerque, s'exiler à Genk, ou errer dans les rues de Calais... entre Sangatte et Blériot-Plage.

L'actionnariat international s'est uni. Il y a gagné des dividendes. Ceux qui croyaient perdre leurs chaînes en ont gagné d'autres, TF1, A2, FR3, câble, bouquet satellite et internet. On pourra regarder la manif à la télé en rentrant, si les journalistes daignent en parler.

Les mêmes autocars transporteront demain des touristes et des retraités vers le Sud.

On n'a pas réussi à rentrer dans le château du Comte Arbed. Le siège social sera transféré à Moulinsart, l'usine à Genk.

Les actions des ouvriers voyagent aussi, tout le monde peut participer. Au bout du compte, il y a une majorité de perdants sur la planète déboussolée, dégradée, dévastée.

Le vent fait flotter les drapeaux rouges et les tiges d'herbes folles. Frisson d'illégalité, on marche au milieu de la route, on bloque un T.E.R., on coince un moment la machine.

C'est le parcours du coeur, le parcours de la colère, le parcours de la tristesse.

On peut changer les rôles, chacun son tour s'asseoir à la terrasse des cafés pour regarder passer le défilé. On paie chacun sa tournée, on fait circuler l'argent.

Occuper la rue est une transgression éphémère. Depuis bien longtemps, même les enfants ne jouent plus sur la rue, trop de morts accidentelles. Et puis la console est un jeu intérieur. La famille aussi est minée par le marché.
On vit une époque de barbarie réfléchie.

L'âge du fer c'est terminé. On entre dans l'âge numérique, les décisions se prennent entre les terminaux d'ordinateur. Les chiffres déterminent le destin des hommes, de la planète.

La rationalité à tout prix est une force dangereuse qui sape la vie.

C'est le règne du flux tendu ! Le juste à temps ! La mondialisation de la marchandise !

On défile avec sur le dos, sur la poitrine et sur le front les sigles des centrales ouvrières.

Les gardiens de l'ordre forment une muraille d'acier et de plexiglas de chaque côté des chars canons à eau.

Barrière d'acier, barrière d'usine. Les barrières ne se relèvent plus, elles glissent sur leurs rails. Bientôt, elles rouilleront.

Peut-être transformera-t-on le site en espace de culture ou de loisirs. Les terrils sont devenus des pistes de ski.

Les paysans ont quitté la terre pour s'embaucher dans l'industrie. Leurs enfants se sont parfois engagés dans les forces républicaines de la sécurité. Déjà certains fils de sidérurgistes envisagent de faire carrière dans la police, l'armée ou la gendarmerie...

Le monde continue. On remballe les pancartes, on enroule les calicots et les drapeaux. On se tait. Les loisirs et la culture obligatoire donneront du supplément d'âme, d'amertume pour cautériser les blessures.

La dignité humaine n'est plus dans la pensée. Ce sont les brutes qui règnent maintenant, triomphalement.

On recycle la ferraille, on recycle les ferrailleurs. Le développement est durable comme l'éternité éphémère, la guerre pacifique. Seuls les lapins croient au développement durable.

L'internationalisme prolétarien n'existe plus, mais l'internationale des actionnaires est toujours active, sans patrie, sans morale, sans scrupule.

On est tous au service de la démocratie, du patron à l'ouvrier, du C.R.S. au politicien. On n'est pas des philanthropes.

L'abrutissement télévisuel, la propagande médiatique, l'anesthésie politique ont émoussé la faculté de colère.

Parfois, la colère se concentre, elle s'européanise, on franchit un cran. La démocratie s'adapte, les polices citoyennes collaborent. On s'échange des stratégies. On concentre. On rentabilise.

On calcule... On accuse. On accuse le coup. On n'a rien vu venir. On coule.




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Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009