L'accession à la propriété par le crédit a muselé la classe ouvrière.
Par Maryvonne Leray le mercredi, 24 février 2010, - La lutte des classes - Lien permanent
Dans le marxisme, il n'a jamais été question d'abolir la propriété privée fruit du travail mais la propriété des moyens de production et celle de la spéculation.
Posséder une maison, un bout de jardin ce n'est pas être capitaliste. Cette propriété ne sert pas à l'exploitation de l'homme par l'homme.
"Ce qui caractérise le communisme, ce n’est pas l’abolition de la propriété en général, mais l’abolition de la propriété bourgeoise.
Or, la propriété privée d’aujourd’hui, la propriété bourgeoise, est la dernière et la plus parfaite expression du mode production et d’appropriation basé sur des antagonismes de classes, sur l’exploitation des uns par les autres.
En ce sens, les communistes peuvent résumer leur théorie dans cette formule unique : abolition de la propriété privée.
On nous a reproché, à nous autres communistes, de vouloir abolir la propriété personnellement acquise, fruit du travail de l’individu, propriété que l’on déclare être la base de toute liberté, de toute activité, de toute indépendance individuelle.
La propriété personnelle, fruit du travail et du mérite Veut-on parler de cette forme de propriété antérieure à la propriété bourgeoise qu’est la propriété du petit bourgeois du petit paysan ? Nous n’avons que faire de l’abolir, le progrès de l’industrie l’a abolie et continue à l’abolir chaque jour."
Si le prolétaire, c'est ainsi qu'il faut bien continuer de le nommer, est celui qui n'a pour vivre que la force de son travail, achetée au plus bas prix par le capitalisme, il n'est pas en mesure d'accumuler un capital lui permettant l'accès à la propriété d'une petite maison ou d'un lopin de terre.
L'analyse marxiste pose le prolétaire comme force révolutionnaire : il est celui qui ne possède rien, et de ce fait il n'a rien à perdre.
Il suffit donc, de donner à l'ouvrier l'illusion de posséder et de craindre pour cette propriété. Mieux, cette accession à la propriété rendons la interminable, faisons la durer le temps que dure la capacité de travailler. Ainsi le travailleur devra coûte que coûte lutter pour garder son emploi, un salaire décent et faire bien des concessions pour maintenir cette situation.
Après avoir développé le crédit industriel, qui permet d'accroitre l'échange des marchandises, il suffisait de créer le crédit "personnalisé" auquel avait accès tout salarié ayant un travail stable et un salaire régulier. Le tour était joué.
La classe ouvrière, asservie par les puissances financières n'avait plus qu'à travailler toute sa vie durant pour transmettre un héritage à ses enfants.
Mais si, par malheur, l'ouvrier ne peut plus payer ses traites de crédit, soit parce qu'il a perdu son travail, soit du fait des intérêts de plus en plus élevés 1, le bien accumulé reviendra aux créanciers.
Par le crédit, le travailleur achète sa maison plus qu'elle ne coûte et restitue au capital une partie non négligeable du prix de sa force de travail...
Dans cette histoire le capitaliste a fait coup double : Il a maintenu l'ouvrier en servitude et récupéré une partie de ses dépenses.
On comprend, alors, pourquoi les gouvernements au service du capital, n'ont de cesse de favoriser l'accession à la propriété au lieu de développer des logement sociaux...
On comprend aussi pourquoi les luttes sociales ne peuvent revêtir qu'un caractère de revendications salariales et de maintien de l'emploi. Aucune grève ne peut durer plus qu'il ne faut, la phrase qui revient sans cesse est : j'ai mes traites à payer.
La classe bourgeoise sait bien brandir le spectre de l'abolition de la propriété privée et du collectivisme pour maintenir la peur et rendre corvéable à merci une classe ouvrière désemparée.
Le changement de société n'est plus à l'ordre du jour, juste un aménagement des conditions de travail. C'est le combat de Sisyphe. Tant que le capitalisme subsistera il reprendra toujours d'une main ce qu'il a concédé de l'autre.
L'accession à la propriété n'est en fait qu'une manière déguisée de réduire le coût de la force de travail. De faire de l'ouvrier un consommateur, de l'obliger à réduire ses moyens de subsistance 2 au profit des biens de consommations.3
m.leray
Cette seule année(2008), aux Etats-Unis, près de 750 000 personnes ont été expulsées de leur logement – et 107 500 pour le seul mois de septembre. Ces chiffres indiquent une accélération brutale des saisies hypothécaires. D’après une analyse de Market Watch, « ces saisies ont augmenté de 6,6% entre août et septembre, de 25,8% entre le deuxième et le troisième trimestre, et de 82,6% par rapport à l’an passé. Tout porte à croire qu’à la fin de l’année, le chiffre d’un million de saisies sera dépassé. » Le même rapport révèle que le nombre de « pré-saisies » – qui incluent différents types d’avertissements et mises en demeure – devrait atteindre les 2 millions, à la fin de l’année, ce qui est inédit.
2 La part de l’alimentation dans le budget familial serait statistiquement passée en quarante ans de 45 % à 14 % actuellement (sauf dans les familles en situation de précarité où le problème de l’alimentation reste prégnant)
Ceci explique en partie la délocalisation de l'alimentaire. Produire l'alimentation à moindre coût, peu importe la qualité nutritionnelle, permet de libérer du pouvoir d'achat pour les biens de consommation producteurs de plus value.
3 Pour le capitaliste individuel, l'ouvrier est un consommateur et acheteur de marchandises aussi valable que n'importe quel autre, qu'un capitaliste, que l'État, le paysan « étranger », etc. N'oublions pas cependant que pour le capital total, l'entretien de la classe ouvrière n'est qu'un mal nécessaire et détourne du but véritable de la production, qui est la création et la réalisation de la plus-value. Si l'on réussit à extorquer la même quantité de plus-value sans être obligé de fournir à la force de travail la même quantité de moyens de subsistance, l'affaire n'en est que plus brillante..... La production de moyens de subsistance pour les ouvriers est une condition sine qua non de la création de la plus-value, c'est-à-dire de la reproduction de la force de travail vivante ; elle n'est jamais un moyen de réaliser la plus-value.
Rosa Luxemburg
le développement des casto, brico machin choses en est la manifestation