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Assassinat de Rosa Luxemburg. Ne pas oublier!

Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg a été assassinée. Elle venait de sortir de prison après presque quatre ans de détention dont une grande partie sans jugement parce que l'on savait à quel point son engagement contre la guerre et pour une action et une réflexion révolutionnaires était réel. Elle participait à la révolution spartakiste pour laquelle elle avait publié certains de ses textes les plus lucides et les plus forts. Elle gênait les sociaux-démocrates qui avaient pris le pouvoir après avoir trahi la classe ouvrière, chair à canon d'une guerre impérialiste qu'ils avaient soutenue après avoir prétendu pendant des décennies la combattre. Elle gênait les capitalistes dont elle dénonçait sans relâche l'exploitation et dont elle s'était attachée à démontrer comment leur exploitation fonctionnait. Elle gênait ceux qui étaient prêts à tous les arrangements réformistes et ceux qui craignaient son inlassable combat pour développer une prise de conscience des prolétaires.

Comme elle, d'autres militants furent assassinés, comme Karl Liebknecht et son ami et camarade de toujours Leo Jogiches. Comme eux, la révolution fut assassinée en Allemagne.

Que serait devenu le monde sans ces assassinats, sans cet écrasement de la révolution. Le fascisme aurait-il pu se dévélopper aussi facilement?

Une chose est sûr cependant, l'assassinat de Rosa Luxemburg n'est pas un acte isolé, spontané de troupes militaires comme cela est souvent présenté. Les assassinats ont été systématiquement planifiés et ils font partie, comme la guerre menée à la révolution, d'une volonté d'éliminer des penseurs révolutionnaires, conscients et déterminés, mettant en accord leurs idées et leurs actes, la théorie et la pratique, pour un but final, jamais oublié: la révolution.

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Avec Rosa Luxemburg.

1910.jpgPourquoi un blog "Comprendre avec Rosa Luxemburg"? Pourquoi Rosa Luxemburg  peut-elle aujourd'hui encore accompagner nos réflexions et nos luttes? Deux dates. 1893, elle a 23 ans et déjà, elle crée avec des camarades en exil un parti social-démocrate polonais, dont l'objet est de lutter contre le nationalisme alors même que le territoire polonais était partagé entre les trois empires, allemand, austro-hongrois et russe. Déjà, elle abordait la question nationale sur des bases marxistes, privilégiant la lutte de classes face à la lutte nationale. 1914, alors que l'ensemble du mouvement ouvrier s'associe à la boucherie du premier conflit mondial, elle sera des rares responsables politiques qui s'opposeront à la guerre en restant ferme sur les notions de classe. Ainsi, Rosa Luxemburg, c'est toute une vie fondée sur cette compréhension communiste, marxiste qui lui permettra d'éviter tous les pièges dans lesquels tant d'autres tomberont. C'est en cela qu'elle est et qu'elle reste l'un des principaux penseurs et qu'elle peut aujourd'hui nous accompagner dans nos analyses et nos combats.
 
Voir aussi : http://comprendreavecrosaluxemburg2.wp-hebergement.fr/
 
24 juillet 2010 6 24 /07 /juillet /2010 17:41

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Rosa Luxemburg a, à plusieurs reprises, analysé la situation politique qui se jouait en France comme Jaurès de son côté a réagi régulièrement sur des événements se passant en Allemagne. Tous deux ont été amenés aussi à prendre position sur des événéments internationaux. Il peut être intéressant, de confronter leurs articles, écrits souvent au plus près de l'événement mais s'inscrivant toujours dans une analyse plus globale. Ainsi, Rosa Luxemburg a-t-elle consacré plusieurs articles à l'Affaire Dreyfus et aux conséquences sur la situation politique en France. Et dans l'extrait d'article suivant, elle perçoit bien ce qui se joue: non une nouvelle restauration royaliste mais bien un affrontement avec les forces réactionnaires que sont le militarisme et le clergé, forces de soutien au capitalisme.

 

Les articles de Jaurès dans la Dépêche viennent d'être publiés intégralement eaux Editions Privat, cela permet donc cette confontation entre les articles de l'une et de l'autre.

  200px-Henri Brisson


La chute du cabinet Brisson et plus précisément l'ordre du jour de la Chambre, qui l'a fait trébucher, ont montré clairement  et de manière indubitable autour de quoi tourne la vie publique en France actuellement: c'est le combat du pouvoir bourgeois, c'est-à-dire, de la République contre le pouvoir militaire.. Ce phénomène, le combat entre la république bourgeoise et sa propre armée, le rôle énorme que joue l'armée ces derniers temps en France, peuvent surprendre au premier abord. Mais, ce serait faux de considérer la campagne actuelle de l'état-major contre la République directement comme un complot monarchiste. Le royalisme cherche bien entendu à utiliser la crise pour lui-même et il peut au bénéfice d'une évolution favorable des choses, prendre sa place et même dans certaines conditions, remporter la victoire. Mais ce n'est pas le royalisme qui joue le rôle central dans la crise actuelle mais bien l'armée, le pouvoir militaire, qui mène un combat désespéré contre la République. Il s'agit de l'existence, des intérêts propres des plus hauts responsables de l'armée et le royalisme apparaît comme lleu allié naturel dans son combat contre le pouvoir civil de la République ...

 

Rosa Luxemburg

Article dans la Sächsische Arbeiterzeitung

29 octobre 1898

 

Il ne faut pasaccueillir à la légère  les bruits de coup d'Etat, mais il faut bien se garder aussi de fermer les yeux aux manoeuvres de la réaction militaire et cléricale. Il se peut que dans les rumeurs répandues il y ait quelque exagération et que la conjuration de grands chefs n'aient pas eu toute la précision que quelques journaux lui ont donnée. Mais comme notre ami Brousse le rappelait dans un article récent qui a fait sensation, l'histoire démontre que toujours des rumeurs inquiétantes et vagues précédèrent les coups de violence du pouvoir militaire ... Il ne paraît pas probable que la faction jésuitique et militaire ait songé , pour le début à un prétendant. Préparer correctement une restauration monarchique eût été trop compromettant ...

 

Jaurès

Dans la Dépêche

le 19 octobre 1898

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18 juillet 2010 7 18 /07 /juillet /2010 16:15

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Un article retrace l'histoire du cimetière où sont inhumés Rosa Luxemburg, Liebknecht et de nombreux militants. Nous mettons un lien vers l'article complet  et proposons en français l'extrait concernant Rosa Luxemburg,les victimes de la révolution spartakiste et Leo Jogiches.

 

Bundesarchiv_Bild_146-1976-067-25A-_Beisetzung_von_Rosa_Lux.jpgEnterrement de Rosa Luxemburg


Vom Armenfriedhof zur Gedenkstätte der Sozialisten

www.dkp-online.de

 

1875 : le cimetière des pauves

... 1875 wollte der Berliner Magistrat vor den Toren der Stadt einen "Centralfriedhof" für die Armen errichten. ...


L'enterrement de Wilhem Liebknecht 

Am 12. August 1900 wurde der Mitbegründer der Sozialdemokratie, Wilhelm Liebknecht, in unmittelbarer Nähe zum Eingang an der Gudrunstraße bestattet. Über 200 000 Menschen trauerten um Liebknecht. Am Grabe sprach August Bebel. Später fanden auch andere Mitglieder der deutschen Sozialdemokratie in Friedrichsfelde ihre letzte Ruhestätte. Zu ihnen gehörten Ignaz Auer (1907), Emma Ihrer, Paul Singer, Julia Liebknecht, die erste Frau Karl Liebknechts (1911), Carl Legien (1920) und andere. 

Seit etwa hundert Jahren trägt deshalb dieser Friedhof den Beinamen "Sozialistenfriedhof".


Les morts de la révolution spartakiste


En 1919, le maire de Berlin, refusa que les combattants de la révolution de novembre soient enterrés à côté de ceux de 48. Sous le prétexte qu'il n'y aurait pas de place. Ils furent inhumés, loin de l'entrée principale sur  un terrain prévu au départ pour les victimes d'épidémies. Le 25 janvier furent enterrés là, en présence de très nombreux Berlinois - 32 révolutionnaires, parmi eux, Karl Liebknecht. De manière symbolique, un cercueil vide fut enterré à côté de lui pour Rosa Luxemburg. Son corps ne fut retrouvé que le 31 mai 191. Elle fut inhumée le 13 juin1919, plus de 100 000 personnes l'accompagnèrent.


1919 weigerte sich der Berliner Magistrat, Kämpfer, die während der Novemberrevolution von 1918/19 gefallen waren, bei den Gefallenen vom März 1848 im Friedrichshain bestatten zu lassen. Angeblich, weil dort kein Platz mehr wäre. Sie wurden weitab vom Haupteingang in Friedrichsfelde auf einem Terrain, das ursprünglich für Epidemieopfer vorgesehen war, beerdigt. Am 25. Januar 1919 bestattete man hier - unter großer Anteilnahme der Berliner Bevölkerung - 32 Revolutionäre, darunter Karl Liebknecht. Symbolisch wurde an der Seite Karl Liebknechts für Rosa Luxemburg ein leerer Sarg in die Erde gesenkt. Ihre sterblichen Überreste wurden erst am 31. Mai 1919 gefunden. Sie wurde im Beisein von mehr als 100 000 Menschen am 13. Juni 1919 beigesetzt.

 

Puis la même année et les années  qui suivirent, furent enterrées d'autres victimes de la soldatesque contre-révolutionnaire, ainsi Leo Jogiches, le Président de l'USPD Hugo Haase, le dirigeant syndical Wilhelm Sült de même que les 42 victimes de la terreur policière en janvier 1920 devant le bâtiment du Reichstag.

 

Es folgten im gleichen bzw. in den nächsten Jahren weitere Mordopfer konterrevolutionärer Soldateska, so Leo Jogiches, der USPD-Vorsitzende Hugo Haase, der Gewerkschaftsobmann der Berliner Kraftwerke Wilhelm Sült sowie 42 Opfer des Polizeiterrors vor dem Reichstagsgebäude Januar 1920. In der Weimarer Republik demonstrierten alljährlich Zehntausende nach Berlin-Friedrichsfelde.

 

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16 juillet 2010 5 16 /07 /juillet /2010 08:34

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A lire sur le site de l'Université de Paris I

Projet Ducange (Franz Mehring)

 

Franz Mehring, né en 1846, a d’abord été un farouche opposant au socialisme avant de rejoindre les rangs de la social-démocratie et de devenir une des figures les plus célèbres de son aile gauche. Auteur de synthèses inspirées par le matérialisme historique, il a notamment écrit une histoire de l’Allemagne, thème privilégié lors de son enseignement à l’école du parti (MEHRING Franz, Deutsche Geschichte vom Ausgange des Mittelalters : ein Leitfaden für Lehrende und Lernende, Berlin, Vorwärts, 1910 – 1911, 2 tomes). Il a occupé d’importantes positions dans la presse sociale-démocrate, dans la Neue Zeit mais aussi dans le journal quotidien Leipziger Volkszeitung. Son attachement à un marxisme orthodoxe l’amène à critiquer les positions et conceptions jaurésiennes sur l’histoire. Un de ses ouvrages les plus célèbres est sa biographie de Karl Marx (1918, réédité en français en 2009 par Bartillat). Adhérent du jeune parti communiste allemand, il meurt peu après sa fondation en 1919.

Présentation de la revue

La Neue Zeit a été fondée en 1883 par le social-démocrate Karl Kautsky, théoricien majeur du SPD d’avant 1914, surnommé le « pape du marxisme ». À l’origine indépendante, Die Neue Zeit devient la principale revue théorique du parti et paraît jusqu’en 1923. Des socialistes et sociaux-démocrates de toute l’Europe y publient des comptes rendus d’ouvrages et surtout des contributions sur l’actualité politique, l’histoire, l’économie, la philosophie,... Elle constitue une source majeure pour comprendre la vie intellectuelle des gauches européennes au tournant des dix-neuvième et vingtième siècles. La Friedrich Ebert Stiftung (fondation du SPD) a entrepris sa numérisation intégrale.

  • Le texte en allemand

MEHRING Franz, « Pour le roi de Prusse : eine Entgegnung », Die Neue Zeit, 1902-1903, tome 1, p. 517-528.


En ligne sur le site de la fondation Friedrich Ebert Stiftung (fondation du Parti social-démocrate allemand) http://library.fes.de/cgi-bin/neuzeit.pl ?id=07.04674&dok=1902-03a&f=190203a_0517&l=190203a_0528

  • Le texte en français

L’article de Mehring avait été traduit immédiatement en français dans Le Mouvement socialiste : MEHRING Franz, « Jaurès historien », Le Mouvement socialiste, mai 1901, p. 46-62.

TEXTE NUMERISE EN PDF

Deuxième traduction de 1973 avec une présentation de l’historienne Irmgard Hartig. HARTIG Irmgard, « Observations sur la querelle entre Jaurès et Mehring, » Annales historiques de la Révolution française, 1/1973, p. 112-127.

TEXTE NUMERISÉ EN PDF

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14 juillet 2010 3 14 /07 /juillet /2010 19:49

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Die Internationale

Eine Monatsschrift für Praxis und Theorie des Marxismus

(Mensuel pour une pratique et théorie du Marxisme)

Avril 1915 - Paru le 15 avril 1915 - N° 1


Introduction

 

Cette revue doit son existence à la camarade Luxemburg. Elle avait déjà rédigé l’éditorial sur la reconstruction de l’Internationale et convaincu plusieurs collaborateurs de participer, lorsqu’elle fut victime de la trop célèbre "trêve  politique." Elle s'est vue ainsi privée pour les temps qui viennent de son influence publique, mais cette insigne distinction devrait encourager ses amis au sein du parti à continuer le travail engagé par elle, jusqu’à ce qu’elle soit libérée des chaînes qui lui interdisent toute participation.

 

Notre tâche est la même que celle de la première revue internationale fondée par Karl Marx : comprendre les combats de notre époque. Celle-ci est devenue nécessaire du fait de la funeste confusion que les troubles de la première guerre mondiale ont entraînée dans le monde ouvrier international et en particulier allemand. Il s’agit donc d'éprouver à nouveau cette force capable d’unifier, de rassembler et d'insuffler la force de lutter, que le marxisme a conservée à chaque moment crucial du combat émancipateur du prolétariat.

 

Vouloir s’inscrire dans la pratique et la théorie relevant du marxisme, tel est le programme tout simple de cette revue.

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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 22:28

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F. Engels - Discours sur la Pologne

22 février 1848

Sur le site  www.marxists.org



L'insurrection don't nous célébrons aujourd'hui l'anniversaire a échoué. Après quelques jours de résistance héroïque, Cracovie a été prise, et le spectre sanglant de la Pologne, qui s'était dressé un instant devant les yeux de ses assassins, redescendit dans la tombe.

C'est par une défaite que s'acheva la révolution de Cracovie, une défaite bien déplorable. Rendons les derniers honneurs aux héros tombés, plaignons leur échec, vouons nos sympathies aux vingt millions de Polonais dont cet échec a resserré les chaînes.

Mais, Messieurs, est-ce là tout ce que nous avons à faire ? Est-ce assez de verser une larme sur le tombeau d'un malheureux pays et de jurer à ses oppresseurs une haine implacable, mais jusqu'à présent peu puissante ?

Non, Messieurs ! L'anniversaire de Cracovie n'est pas un jour de deuil seulement, c'est pour nous, démocrates, un jour de réjouissance; car la défaite même renferme une victoire, victoire dont les fruits nous restent acquis, tandis que les résultats de la défaite ne sont que passagers.

Cette victoire, c'est la victoire de la jeune Pologne démocratique sur la vieille Pologne aristocratique.

Oui, la dernière lutte de la Pologne contre ses oppresseurs étrangers a été précédée par une lutte cachée, occulte, mais décisive au sein de la Pologne même, lutte des Polonais opprimés contre les Polonais oppresseurs, lutte de la démocratie contre l'aristocratie polonaise.

Comparez 1830 et 1846, comparez Varsovie et Cracovie. En 1830, la classe dominante en Pologne était aussi égoïste, aussi bornée, aussi lâche dans le corps législatif qu'elle était dévouée, enthousiaste et vaillante sur le champ de bataille.

Que voulait l'aristocratie polonaise en 1830 ? Sauvegarder ses droits acquis, à elle, vis-à-vis de l'empereur. Elle bornait l'insurrection à ce petit pays qu'il a plu au Congrès de Vienne d'appeler le royaume de Pologne; elle retenait l'élan des autres provinces polonaises; elle laissait intactes le servage abrutissant des paysans, la condition infâme des juifs. Si l'aristocratie, dans le cours de l'insurrection, a dû faire des concessions au peuple, elle ne les a faites que lorsqu'il était déjà trop tard, lorsque l'insurrection était perdue.

Disons-le hautement : l'insurrection de 1830 n'était ni une révolution nationale (elle excluait les trois quarts de la Pologne) ni une révolution sociale ou politique; elle ne changeait rien à la situation antérieure du peuple : c'était une révolution conservatrice.

Mais, au sein de cette révolution conservatrice, au sein du gouvernement national même, il y avait un homme qui attaquait vivement les vues étroites de la classe dominante. Il proposa des mesures vraiment révolutionnaires et devant la hardiesse desquelles reculèrent les aristocrates de la Diète. En appelant aux armes toute l'ancienne Pologne, en faisant ainsi de la guerre pour l'indépendance polonaise une guerre européenne, en émancipant les juifs et les paysans, en faisant participer ces derniers à la propriété du sol, en reconstruisant la Pologne sur la base de la démocratie et de l'égalité, il voulait faire de la cause nationale la cause de la liberté; il voulait identifier l'intérêt de tous les peuples avec celui du peuple polonais. L'homme dont le génie conçut ce plan si vaste et pourtant si simple, cet homme, ai-je besoin de le nommer ? C'était LeleweI.

En 1830, ces propositions furent constamment rejetées par l'aveuglement intéressé de la majorité aristocratique. Mais ces principes mûris et développés par l'expérience de quinze ans de servitude, ces mêmes principes nous les avons vus écrits sur le drapeau de l'insurrection cracovienne de 1846. A Cracovie, on le voyait bien, il n'y avait plus d'hommes qui avaient beaucoup à perdre; il n'y avait point d'aristocrates; toute décision qui fut prise portait l'empreinte de cette hardiesse démocratique, je dirais presque prolétaire, qui n'a que sa misère à perdre, et qui a toute une patrie, tout un monde à gagner. Là, point d'hésitation, point de scrupules; on attaquait les trois puissances à la fois; on proclamait la liberté des paysans, la réforme agraire, l'émancipation des juifs, sans se soucier un instant si cela pût froisser tel ou tel intérêt aristocratique

La révolution de Cracovie ne se fixa pas pour but de rétablir l'ancienne Pologne, ni de conserver ce que les gouvernements étrangers avaient laissé subsister des vieilles institutions polonaises : elle ne fut ni réactionnaire ni conservatrice. Non, elle était le plus hostile à la Pologne elle-même, barbare, féodale, aristocratique, basée sur le servage de la majorité du peuple. Loin de rétablir cette ancienne Pologne, elle voulut la bouleverser de fond en comble, et fonder sur ses débris, avec une classe toute nouvelle, avec la majorité du peuple, une nouvelle Pologne, moderne, civilisée, démocratique, digne du XIX° siècle, et qui fût, en vérité, la sentinelle avancée de la civilisation.

La différence de 1830 et de 1846, le progrès immense fait au sein même de la Pologne malheureuse, sanglante, déchirée, c'est l'aristocratie polonaise séparée entièrement du peuple polonais et jetée dans les bras des oppresseurs de sa patrie ; le peuple polonais gagné irrévocablement àla cause démocratique ; enfin, la lutte de classe à classe, c£~use motrice de tout progrès social, établie en Pologne comme ici. Telle est la victoire de la démocratie constatée par la révolution cracovienne ; tel est le résultat qui portera encore ses fruits quand la défaite des insurgés aura été vengée.

Oui, Messieurs, par l'insurrection de Cracovie, la cause polonaise, de nationale qu'elle était, est devenue la cause de tous les peuples ; de question de sympathie qu'elle était, elle est devenue question d'intérêt pour tous les démocrates. Jusqu'en 1846, nous avions un crime à venger, dorénavant nous avons à soutenir des alliés - et nous le ferons.

Et c'est surtout l'Allemagne qui doit se féliciter de cette explosion des passions démocratiques de la Pologne. Nous sommes, nous-mêmes, sur le point de faire une révolution démocratique; nous aurons à combattre les hordes barbares de l'Autriche et de la Russie. Avant 1846, nous pouvions avoir des doutes sur le parti que prendrait la Pologne en cas de révolution démocratique en Allemagne. La révolution de Cracovie les a écartés. Désormais, le peuple allemand et le peuple polonais sont irrévocablement alliés. Nous avons les mêmes ennemis, les mêmes oppresseurs, car le gouvernement russe pèse aussi bien sur nous que sur les Polonais. La première condition de la délivrance et de l'Allemagne et de la Pologne est le bouleversement de l'état politique actuel de l'Allemagne, la chute de la Prusse et de l'Autriche, le refoulement de la Russiela Dvina. au-delà du Dniestr et de

L'alliance des deux nations n'est donc point un beau rêve, une charmante illusion; non, Messieurs, elle est une nécessité inévitable, résultant des intérêts communs des deux nations, et elle est devenue une nécessité par la révolution de Cracovie. Le peuple allemand, qui pour lui-même jusqu'à présent n'a presque eu que des paroles, aura des actions pour ses frères de Pologne ; et de même que nous, démocrates allemands, présents ici, offrons la main aux démocrates polonais, présents ici, de même tout le peuple allemand célébrera son alliance avec le peuple polonais sur le champ même de la première bataille gagnée en commun sur nos oppresseurs communs.

 

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20 juin 2010 7 20 /06 /juin /2010 16:13

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"Parlons maintenant de Hannes, de notre cher Hannes, de ce jeune homme tendre et pur, comme il n'y en a pas deux dans le monde ...


Voilà l'idée qui  me vient  à l'esprit: quand je serai libre et si le monde est encore debout, au moins sur un pied, je voudrais te proposer d'aller toutes les deux à Stuttgart pour faire la connaissance de la soeur de Hannes et éventuellement regarder s'il a laissé des notes, un journal ou des poèmes... Je voudrais aussi réaliser avec toi un projet que j'avais fait avec Hannes. Je ne sais pas si tu étais au courant que Hannes avait une passion pour Romaind Rolland. Les dernières lettres qu'il m'a envoyées étaient pleines de Jean-Christophe. Il m'avait persuadée de lire cette oeuvre. J'y trouvais mille traits qui nous étaient communs intellectuellement: la passion de Hugo Wolf, les liens sentimentaux entre l'Allemagne et la France, etc. J'appris aussi à l'aimer (Romain Rolland) et je proposai au petit Hannes, ou bien d'aller ensemble à Paris après la guerre pour faire la connaissance de Romain Rolland, ou de l'inviter à venir en Allemagne.


On ne vit qu'une fois et des hommes de ce calibre ne courent pas les rues; pourquoi se refuser le luxe de les connaître personnellement et de chercher à entrer en contact avec eux?


La lettre dans laquelle je formulais ce projet est revenue dans l'enveloppe bordée de noir m'annonçant sa mort. Je suis certaine que Hannes aurait approuvé cette idée avec enthousiasme. Ne veux-tu pas que nous la réalisions - "Si Dieu le veut"? Tu dois bien sûr avant tout lire Jean-Christophe. Malheureusement seule est parue en allemand la moitié de l'oeuvre, mais ce sont justement les premiers tomes qui sont les plus beaux..."


Lettre à Luise Kautsky, Breslau, mercredi 19 décembre 1917

 

 


 

A ceux avec qui  tant était partagé et qui ne sont plus là

 

Des liens ténus multiples s'enchevêtrent.Tant de choses résonnent sans arrêt à la lecture des textes et des lettres de Rosa Luxemburg.


Les fils se tendent d'une lettre à l'autre et le souffle à chaque fois s'arrête: ainsi la lettre à Hannes Diefenbach exposant ce projet de rencontre avec Romain Rolland est peut-être cette lettre à un mort qu'elle évoque dans un courrier où elle réagit  à l'annonce de la mort du jeune médecin! Et qui nous avait touchée de plein fouet à la première lecture comme la mort d'un être proche.


Les fils se tissent vers d'autres textes et d'autres destins: Romain Rolland qui a publié un texte après l'assassinat de Rosa Luxemburg a-t-il jamais eu connaissance de l'admiration et du projet qui liaient Rosa Luxemburg et l'un de ses amis les plus chers!


Les fils se croisent avec nos vies: l'importance de Jean-Christophe, livre qui disait après la seconde guerre mondiale tout comme après le premier conflit, la nécessité de comprendre les origines du nazisme et de combattre le refus de l'autre - à l'époque le préjugé anti-allemand était vivace, d'autant plus que la France avait largement collaboré et adhéré aux idées nazies, façon de se dédouanner! -, ce livre a joué un tel rôle dans les prises de conscience personnelles, tout comme Roger Martin du Gard. Il a été de ces ouvrages qui tissaient des liens si étroits avec des proches. Et imaginer Hannes Diefenbach en plein conflit lisant cet ouvrage tolérant et pacifiste!


Les fils se hérissent aujourd'hui à l'annonce d'une disparition brutale, alors que chacun d'entre nous est si important dans le marasme politique et sensible où nous nous débattons ...

 

c.a.r.l

 


Nous avons repris la lettre de l'ouvrage "Rosa Luxemburg épistolière", Editions de l'Atelier. Nous ne partageons pas, pour une fois, tout à fait les lignes qui précèdent dans l'ouvrage les lettres à Hans Diefenbach. Elles nous semblent trop intrusives. Mais y est soulignée l'importance pour Rosa Luxemburg de cette correspondance dans laquelle elle peut, on le sent bien,  s'exprimer et exprimer ce qu'elle sent et ressent. Elle qui est prisonnière, et qui ne peut partager que sous contrôle, clandestinement et si parcimonieusement. On imagine ce que sa disparition a pu alors représenter ..

 



"Voilà l'idée qui me vient à l'esprit". Quand R. Luxemburg projetait avec Hannes Diefenbach de rencontrer Romain Rolland. .

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18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 18:52

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"Ne comprends-tu donc pas que c'est notre propre cause qui l'emporte et triomphe là-bas"

    "Je sais ce qui te déprime, c'est que je ne sois pas en liberté, pour rassembler les étincelles qui jaillissent là-bas"

"A tout instant, je suis à mon poste et, dès que la possibilité m'en sera offerte, je m'empresserai de taper de mes dix doigts sur la clavier du piano du monde, que cela fera un beau vacarme!"

 

Wronke, le 15 avril 1917

Chère Loulou,

 

Ta courte lettre d'avant Pâques, m'a vivement inquiétée par son ton d'extrême abattement et je me suis promis sur-le-champ de te laver la tête une fois de plus. Dis-moi, comment peux-tu, telle une triste cigale,  continuer à chanter ta chanson si désolée, tandis que de Russie nous parviennent ce choeur, ces chants d'alouette si clairs? Ne comprends-tu donc pas que c'est notre propre cause qui l'emporte et triomphe là-bas, que c'est l'histoire mondiale en personne qui y livre ses combats et, ivre de joie, dans la Carmagnole? Quand notre cause, celle de tous, connaît un tel développement, ne devons-nous pas oublier toutes nos misères privées?

 

Je sais ce qui te déprime, c'est que je ne sois pas en liberté, pour rassembler les étincelles qui jaillissent  là-bas, pour aider et orienter les choses en Russie et ailleurs aussi. Pour sûr, ce serait beau et tu peux imaginer quels fourmillements je ressens dans tous les membres et comment chaque nouvelle de Russie me traverse comme une décharge électrique jusqu'au bout des doigts. Mais de ne pouvoir participer à ces mouvements ne me rend pourtant nullement triste et il ne me vient pas à l'idée en gémissant sur ce que je ne puis changer, de gâcher la joie que j'éprouve à voir ce qui se passe.

 

Vois-tu, l'histoire des dernières années précisément et, en remontant dans le passé à partir de celle-ci, toute l'histoire m'ont appris qu'on ne doit pas surestimer l'action de l'individu. Au fond, ce qui agit et force la décision, ce sont les grandes forces invisibles, les forces plutoniennes des profondeurs et, finalement tout se met en place, pour ainsi dire de "soi-même". N'interprète pas mal ce que je te dis! Ce faisant, je ne prône pas je ne sais quel optimisme fataliste et commode, destiné à masquer sa propre impuissance, et que je déteste chez Monsieur ton époux précisément. Non, non! A tout instant, je suis à mon poste et, dès que la possibilité m'en sera offerte, je m'empresserai de taper de mes dix doigts sur la clavier du piano du monde, que cela fera un beau vacarme! Mais comme, non par ma faute, mais par contrainte externe, j'ai été mise en congé d'histoire mondiale, je ris un bon coup, je suis heureuse quand cela marche même sans moi, et je crois dur comme fer que tout cela se passera bien. L'histoire sait toujours mieux que quiconque comment s'en sortir, alors qu'elle paraît s'être engagée dans une impasse sans le moindre espoir d'issue (...)

 

Et à présent tâche un peu d'être gaie, tu m'entends? Ne récrimine pas contre le temps gris, étudie plutôt la beauté et la diversité toute partiiculière d'un ciel gris.

 

Je t'embrasse de tout coeur.

 

Ta R.

 

Cette lettre est largement répandue et traduite. Cette version est publiée dans la revue Commune, N°18, mai 2000 (Prairial an 208)


Repères chronologiques sur le site du collectif smolny et qui permettent de mieux situer cette lettre dans son contexte historique. Il faut tenir compte du fait que Rosa Luxemburg est alors emprisonnée et qu'elle ne dispose certainement pas de toutes les informations, mais qu'elle connaît vraisemblablement les bouleversements politiques et les mouvements populaires de février-mars.

 

Repères chronologiques - 1917 :

Janvier

-  9 janvier : Grève de 50 000 ouvriers et manifestation à Petrograd en commémoration du Dimanche rouge de 1905.

Février

-  22 février : Lockout aux usines Poutilov.

-  23 février : Journée internationale des femmes et grande manifestation à Petrograd contre les difficultés d’approvisionnement. Les « Cinq Glorieuses » débutent spontanément.

-  25 février : Grève générale à Petrograd.

-  26 février : Heurts violents entre manifestants et armée.

-  27 février : Mutinerie à Petrograd. Mise en place d’un double pouvoir : le Comité provisoire de la Douma et, le Soviet des députés ouvriers de Petrograd.

Mars

-  1° mars : Par son Prikaz (“ordre”) n°1, le Soviet de Petrograd invite les soldats à élire des comités dans chaque unité, ce qui va dissoudre la discipline dans l’armée. Les grandes places de Petrograd se transforment en lieux de meeting permanent ; des centaines de soviets, des milliers de comités d’usine et de quartier, de paysans, de cosaques, de « ménagères », de milices ... fleurissent en quelques semaines ; plus de 150 quotidiens ou hebdomadaires accompagnent cette « libération de la parole ».

-  2 mars : Formation d’un gouvernement provisoire libéral, présidé par le prince Lvov ; abdication de Nicolas II.

-  6 mars : Publication du programme du gouvernement provisoire : amnistie, convocation d’une Assemblée constituante élue au suffrage universel, poursuite de la guerre.

Avril

-  3 avril : Arrivée de Lénine à Petrograd.

-  4 avril : Lénine expose aux bolcheviks ses “Thèses d’avril”.

-  20-21 avril : “Journées d’avril” : vives réactions du Soviet à la note Milioukov (confirmant aux Alliés l’engagement de la Russie dans la guerre) ; manifestations et violents heurts dans les rues de Petrograd entre manifestants et contre-manifestants.

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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 10:15

comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com


On parle beaucoup en ce moment de Rosa Luxemburg. Lettres de prison, spectacle à partir de sa vie, citations reprises dans tous les contextes possibles.


Comprendre avec Rosa Luxemburg, c'est cependant vouloir aller plus loin: s'appuyer sur une lecture parallèle des textes, de la correspondance et des actions, pour mieux saisir sa logique politique et ce que nous pouvons en apprendre  pour nos pratiques aujourd'hui. C'est surtout revenir à une compréhension plus directe et plus précise.


Ainsi le Le tome V de l'édition allemande de la correspondance chez Dietz Verlag qui va de la mobilisation générale en Allemagne à la révolution spartakiste est-il d'une grande importance. Il nous apporte en effet de précieux renseignements, presque au quotidien, sur l'action de Rosa Luxemburg dès la déclaration de guerre, sur ceux avec lesquels elle a sans discontinuer tenté d'organiser en pleine guerre, et souvent de prison, la lutte contre la guerre et ce jusqu'à sa libération et son engagement dans la révolution.


Ce tome s'ouvre sur deux phrases adressées le 1er août à Kostia Zetkin  Le 1er août est le jour de la mobilisation générale en Allemagne:


"...  Je suis profondément ébranlée. Je viens de rentrer. Lettre suit ."


Et se termine par une très longue lettre datée du 11 janvier à Klara ... en plein soulèvement spartakiste.

 

Nous préparons une page sur le blog sur cette période.Et sommes intéressés à des contributions.

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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 10:07

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Prison de la Barnimstrasse,

Le 18 septembre 1915


... J'ai trouvé touchant que tu lises mon livre avec intérêt - et j'en ai éprouvé de la fierté! Mais ta mise en garde m'a fait rire: interdiction d'en débattre avec toi. Crois-tu donc que j'aie le moins du monde mon livre présent à l'esprit? Naguère, quand je l'ai écrit, cela a étécomme une ivresse de la première à la dernière ligne, je te le jure, ce que j'ai donné à l'impression, sans le relire, ce fut mon premier jet, tant j'avais été prise par la sujet. Exactement comme la peinture, il y a six ans; alors du matin au soir, je ne faisais que rêver de peinture. Mais quand le livre a été terminé, cela a été réglé: il ne m'était plus du tout présent à l'esprit. Je viens tout juste de relirela partie que tu m'indiques pour voirce qui a pu te plaire; le texte m'a semblé n'être pas de moi. Cette impression vient justement du fait que le livre a été pour moi un si grand événement.


Il y a deux ans - cela tu l'ignores totalement, - j'ai enfourchéun autre dada: à Südende, j'ai été prise de passion pour les plantes, je me suis mise à cueillir, à mettre sous presse, à herboriser.


...Tu vois, il faut toujours que j'aie un sujet qui m'absorbe de la tête au pied ...

 

 

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12 juin 2010 6 12 /06 /juin /2010 08:55

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Après les spectacles d'Anouck Grinberg et Calire Diterzi, une autreactualité de Rosa Luxemburg

 

Image

AVANT PREMIERE

De Valérie Gaudissart
Avec Mathilde Besse, Benoît Giros, Sylvia Etcheto, Marie Cariès, Friedhelm Ptok,…
France 2010 couleurs 1h37
« Alors, aujourd’hui 24 mai, ça fait 1000 jours que Mamie est morte 1 quinquennat que Papa ne vote plus communiste 87 ans que Rosa Luxemburg a été assassinée et 2 jours que je chausse du 35 »

Violette sait qu’elle va partir et Violette, une nuit, partira. Hors de sa maison, elle marchera sur les pas de Rosa. Rosa, sa Rosa, Rosa Luxemburg, celle, dont du haut de ses 11 ans à peine, elle se sent l’héritière, la mémoire. Dans l’énergie de cette révolutionnaire, elle se reconnaît, et elle se sent portée, transportée par l’utopie et la force de ses lettres de prison, écrites en 1917

Dimanche 13 juin à 18h30 projection en avant première en présence de Valérie Gaudissart et de l'équipe du film et en partenariat avec la Commission du Film en Auvergne et du Conseil Régional Auvergne.

 


 


 

Le Rio existe grâce à Nick Kéchichian qui l'a fondé en 1960.

Le premier virage est amorcé en 1972 quand Nick transforme le Rio en salle Art et Essai. Rapidement, le Rio devient le lieu de rendez-vous des cinéphiles invétérés, les curieux de tout poil. Si vous discutez dans le hall avant la séance, vous entendrez forcément des anecdotes sur Nick Kéchichian, les films, la vie du cinéma…qui vous feront sourire. 

 

Malheureusement, au début des années 90, Nick, gravement malade, devra fermer le Rio.
Le CE Michelin décide alors de reprendre l'aventure : il rachète le cinéma et entreprend les travaux devenus indispensables. C'est ainsi qu'un beau soir de juin 95, le Rio ouvre de nouveau ses portes mais surtout son rideau sur "Jour de fête" de Jacques Tati. L'association "Les amis du Rio" regroupant des élus du CE et des représentants des institutions auvergnates est créée et embauche l'équipe nécessaire à la direction et au fonctionnement du cinéma.


En 2009, le CE quitte l'aventure qui se poursuit avec l'association Les Amis du Rio.

L'objectif est de proposer une programmation Art et Essai au grand public pour faire du Rio un véritable cinéma de quartier mais au-delà des "quartiers nord", pour tous les habitants de l'agglomération clermontoise. Ainsi, le Rio propose des films variés pour tous les publics : des films dits porteurs mais toujours de qualité se partagent l'affiche avec des pépites. Des films indépendants, des documentaires, des animations, des films venus d'ailleurs (Asie, Afrique, Amérique du sud) en Version Originale Sous-Titrée (VOSTF) constituent le quotidien du Rio.

Une attention particulière est donnée à la politique tarifaire : les tarifs les plus bas de Clermont sont pratiqués pour favoriser l'accès au plus grand nombre au 7ième Art.

Mais ce qui fait depuis 1995 l'une des spécificités du Rio, ce sont les rencontres. Des réalisateurs, des acteurs viennent 2 à 3 fois par mois présenter leurs films et discuter avec le public. Des échanges riches, enthousiastes, simples, conviviaux (parfois autour d'un verre et de gourmandises) s'instaurent alors. Ces rencontres s'inscrivent dans le cycle Quartiers Nord- Cinéma du Sud (soutenus par la Ville de Clermont-Ferrand et l'Etat) qui permettent à tous de découvrir à travers les différentes facettes du cinéma, les cultures, les communautés du monde.

Autour de ces soirées, le Rio cherche toujours à mettre en place des partenariats avec les associations de l'agglomération clermontoise, soit pour encourager un accès privilégié aux films pour les membres des associations concernées, soit pour permettre à un spécialiste du thème abordé par le film d'apporter une information complète au public.

Une autre spécificité du Rio est sa programmation Jeune Public présente tout l'année et pas seulement à Noël ou pour les "gros" films sur tous les écrans. Ainsi, chaque semaine, au moins un film est proposé aux plus jeunes (parfois des films accessibles dès 3 ans). Nombreux sont les Clermontois à avoir vu leur premier film de cinéma au Rio. Ces films sont aussi destinés aux structures scolaires ou aux centres de loisirs. Presque tous les jours des séances spécifiques pour ces groupes sont mises en place le matin ou en début d'après midi. (Pour toutes les précisions, aller à Jeune Public)

A noter également la participation du Rio au Festival International du Court-Métrage, au Festival du Film Documentaire Traces de Vies, au Festival Télérama…

La programmation du Rio, le travail en direction des publics ainsi que les animations ont permis au Rio d'être classé Art et Essai par le Centre National de la Cinématographie (CNC) avec les 3 labels existants Jeune Public, Patrimoine et Recherche et Découverte. Outre les soutiens financiers indispensables qui les accompagnent, ces classements et labels soulignent la qualité et l'exigence de la programmation que propose le Rio. Le Rio fut le premier cinéma en Auvergne à avoir eu le label Recherche et Découverte, le premier à avoir proposé régulièrement des animations, des rencontres, des films pour les plus jeunes. Le Rio s'est toujours attaché à défendre un cinéma de qualité, différent, un cinéma indépendant, un cinéma qui va vers les hommes, qui les fait se rapprocher et essayer de se comprendre. C'est peut-être pour cela que ce cinéma dit des quartiers Nord, le cinéma le plus petit de Clermont, est devenu, tranquillement, un cinéma qui a su toucher le public de l'ensemble de l'agglomération clermontoise.

Pour mémoire : en janvier 2007, le Rio est le 1er ciné clermontois à se doter d'un site. Le grand coach était Tom Gaborit, intervenant bénévolement. Merci à lui

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Grève de masse. Rosa Luxemburg

La grève de masse telle que nous la montre la révolution russe est un phénomène si mouvant qu'il reflète en lui toutes les phases de la lutte politique et économique, tous les stades et tous les moments de la révolution. Son champ d'application, sa force d'action, les facteurs de son déclenchement, se transforment continuellement. Elle ouvre soudain à la révolution de vastes perspectives nouvelles au moment où celle-ci semblait engagée dans une impasse. Et elle refuse de fonctionner au moment où l'on croit pouvoir compter sur elle en toute sécurité. Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire, tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l'action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l'action de la grève elle-même ne s'arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d'autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n'est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l'effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution. A partir de là on peut déduire quelques points de vue généraux qui permettront de juger le problème de la grève de masse..."

 
Publié le 20 février 2009